Coup d’accélérateur pour la voiture électrique en entreprise
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Coup d’accélérateur pour la voiture électrique en entreprise

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Une autonomie renforcée, des bornes de recharges qui se multiplient, un prix d’achat plus accessible grâce au bonus écologique et aux subventions : les derniers freins pour « électrifier » son parc automobile tombent peu à peu.

Le patron d’une PME pourra acquérir un utilitaire électrique neuf vendu 30 000 € avec au moins 9 900 € de subventions cumulées (bonus écologique, prime à la conversion pour le remplacement de son vieux véhicule, aide de la métropole…), sous certaines conditions — Photo : www.lipik.com.ua

Rarissimes hier encore, les véhicules électriques sont en train de passer à la vitesse supérieure. Près de 43 000 voitures particulières à motorisation électrique ont été vendues en 2019, soit 38 % de plus qu’en 2018. Et, au premier semestre, malgré la crise sanitaire, malgré le confinement, près de 45 000 voitures électriques ont été commercialisées en France, selon les chiffres de l’Association nationale pour le développement de la mobilité électrique (Avere).

« Les freins à l’usage ont été progressivement levés. Grâce aux économies d’échelle et la baisse des coûts de production, les prix deviennent attractifs. Les catalogues des constructeurs s’enrichissent depuis deux ans. Les concessionnaires sont davantage informés et sensibilisés pour diffuser cette offre », explique-t-on au sein d’Avere.

De la berline à l’utilitaire jusqu’au camion, on recense près de 50 modèles aujourd’hui. Best-seller depuis des années, la Renault Zoé reste la plus connue en France. La Nissan Leaf ou le Model 3 de Tesla, la marque du magnat des affaires Elon Musk, rencontrent aussi leur public. À peu près tous les constructeurs se sont lancés sur ce créneau : PSA - avec la Peugeot e-208 ou l’Opel Corsa Electrique - BMW, Volkswagen, Hyundai…

De quoi séduire les familles, mais aussi les professionnels. Dans une logique RSE en général, écologique en particulier. Pour rappel, les transports produisent à eux seuls 38 % des émissions de CO2 en France, selon le ministère de la Transition écologique. Or, les émissions de gaz à effet de serre « induites par la fabrication, l’usage et à la fin de vie d’un véhicule électrique, sont actuellement deux à trois fois inférieures à celles des véhicules essence et diesel », selon une étude de la Fondation pour la Nature et l’Homme et European Climate Foundation.

Trois fois plus de bornes de recharge que de stations-service

Certains chefs d’entreprise y voient en plus un moyen de doper le pouvoir d’achat de leurs équipes, en réduisant leurs dépenses de transport. Comme le dirigeant de la PME charentaise ProLoisirs (48 salariés), qui a mis à disposition une flotte de 24 Zoé fin 2018, disponibles pour les trajets domicile-travail et de loisirs. Un avantage en nature à l’heure où les carburants et l’entretien des automobiles grèvent les budgets des familles.

Au sein de ProLoisirs, les salariés se sont lancé un concours. Lequel d’entre eux réussira à parcourir le plus de kilomètres avec son véhicule électrique ? Au final, avec une batterie pleine, les salariés de cette PME sont parvenus à parcourir de 280 à 320 km. Car l’autonomie des véhicules électriques a sacrément progressé ces dernières années. La Tesla Model S peut ainsi quasiment parcourir 500 km d’une traite, selon les tests réalisés par le magazine Auto Plus.

Une autonomie renforcée et un « plein » moins coûteux. Si le prix varie selon la voiture, la puissance de la prise et le prix du kilowattheure, une recharge à domicile « coûtera de 1,5 à 4 € environ pour 100 km contre 6 à 9 € pour un véhicule thermique », indique EDF. Recharger l’intégralité d’une batterie 52 kWh, correspondant à celle de la nouvelle Zoé, « coûte 7,50 euros environ, en se basant sur le prix du tarif français domestique », déclare-t-on chez Renault. Attention à bien calculer. Le réseau Ionity a été épinglé par la presse pour avoir pratiqué en début d’année des prix plus élevés que l’essence dans certains cas, sur ses bornes de recharge très haute puissance sur autoroute.

Mieux vaut ne recharger que ponctuellement sur une prise domestique standard, pour éviter les surchauffes, recommandent certains constructeurs. L’idéal étant d’installer une borne spécifique ou Wallbox (entre 500 et 1 000 €, plus des frais d’installation de 300 à 600 €) à son domicile ou en entreprise.

Quant à la durée de recharge, pour une Peugeot e-208, il faut compter une nuit pour récupérer entre 30 % (avec une prise de courant domestique) et 60 % (avec une prise renforcée), ou 5 heures pour une charge complète avec un WallBox de 11 kW. Le plus rapide : utiliser une borne publique de 100 kW, sur autoroute par exemple, pour récupérer 80 % de la batterie en 30 minutes.

Longtemps pointé du doigt, l’argument de la rareté des points de recharge a aujourd’hui plus de mal à convaincre. En France, il existe 29 000 points de recharge ouverts au public contre un peu plus de 11 000 stations-service, selon les chiffres du ministère de la Transition écologique. Objectif du gouvernement : atteindre la barre des 100 000 d’ici fin 2021.

Un écart de prix compensé par des aides

Il n’y aurait donc plus aucun frein à l’électrification du parc automobile français ? Reste toutefois un écart de prix « d’environ 8 000 € de plus qu’un véhicule thermique de gamme comparable », indique l’Avere. Mais les aides rendent les prix plus attractifs, notamment depuis la récente hausse du bonus écologique, cumulable avec d’autres subventions. Ainsi, le patron d’une PME pourra acquérir un utilitaire électrique neuf vendu 30 000 € avec au moins 9 900 € de subventions cumulées (bonus écologique, prime à la conversion pour le remplacement de son vieux véhicule, aide de la métropole…), sous certaines conditions.

Reste aussi d’autres questions écologiques. Un engagement RSE prendra en outre en compte l’utilisation d’importantes ressources naturelles pour la fabrication du véhicule : de lithium, cobalt, nickel ou encore de terres rares (dont l’extraction est dénoncée comme polluante…). Pour être efficace, la mobilité électrique devrait donc s’accompagner d’une sobriété énergétique (réduction des déplacements, covoiturage, etc.).

Tout dépend enfin des besoins de l’entreprise. Parfaite pour la livraison au dernier kilomètre en centre-ville, l’électrique conviendra moins aux commerciaux qui quadrillent toute la France. Difficile aussi de l’envisager pour les transporteurs effectuant des livraisons à l’international. Du moins pour le moment : de nouveaux modèles de poids lourds électriques sont actuellement à l’étude.

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