Coronavirus : alerte sur les délais de paiement pour les PME
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Coronavirus : alerte sur les délais de paiement pour les PME

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Le gouvernement s’inquiète de la dégradation des délais de paiement en pleine crise liée à l'épidémie de coronavirus. Afin d’éviter les faillites en cascade de TPE et de PME, il met en place un comité de crise pour amener les mauvais payeurs à s’acquitter de leurs factures.

« La solution pour trouver de la trésorerie, ce n’est pas de ne pas payer ses fournisseurs », rappelle Pierre Pelouzet, médiateur des entreprises — Photo : A. Salesse - Minefi

La crise du coronavirus est en train de gripper le crédit interentreprises. Ce qui fait tousser le gouvernement. « Nous avons vu certaines entreprises couper les paiements à leurs fournisseurs, y compris sur des factures qui correspondaient à des interventions remontant au mois de janvier. C’est inadmissible et nous agirons pour faire cesser ce type de situation », assure Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie.

S’il ne dispose pas encore de statistiques sur le sujet, Pierre Pelouzet, le Médiateur des entreprises, estime qu’il ne s’agit pas de cas isolés. Ses services, qui ont vocation à résoudre à l’amiable les tensions entre entreprises, ont ainsi constaté une « montée extrêmement forte » de ces questions de délais de paiement lors des derniers jours.

Impayés : avertir sa fédération professionnelle ou le Médiateur des entreprises

Pour tenter d’éviter que des délais de paiement à rallonge n’entraînent une cascade de faillites, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, et François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, mettent en place un comité de crise sur la question du crédit interentreprises. Piloté par les Médiateurs des entreprises et du crédit, ce comité associe plusieurs fédérations professionnelles (Medef, CPME, U2P, Afep), les chambres consulaires ainsi que la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes.

« Une médiation pour un délai de paiement peut aller très vite. Et c’est gratuit et confidentiel. »

Le comité est chargé de mesurer l’ampleur du phénomène et de valoriser les « bons payeurs ». Mais sa mission consiste avant tout à intervenir pour amener les entreprises, de la sphère privée uniquement, à régler dans les temps leurs factures. Pour ce faire, les entreprises qui font face à des impayés doivent faire remonter l’information à leur fédération professionnelle, qui se chargera de la répercuter au comité de crise. Dans les cas les plus urgents, les entreprises peuvent aussi s’adresser directement au Médiateur des entreprises, un service du ministère de l’Économie. « Une médiation pour un délai de paiement, cela peut aller très vite. Et c’est gratuit et confidentiel », rappelle Pierre Pelouzet.

Les grandes entreprises dans le viseur

Les grands groupes sont particulièrement dans le viseur du gouvernement. « Il ne faut pas que les grandes entreprises succombent au syndrome du stock de pâtes », prévient Pierre Pelouzet, référence à la razzia opérée par bon nombre de consommateurs sur les féculents lors du début du confinement. Le Médiateur des entreprises les invite au contraire à régler leurs fournisseurs avec célérité. « Il faut que tous les groupes, publics comme privés, payent leurs factures. Tout de suite, sans attendre le délai légal de 60 jours. C’est le levier le plus direct pour aider les petites et moyennes entreprises. »

Dans cette période de fortes incertitudes, les services de l’État se veulent rassurants. « La BCE a mis toute la liquidité nécessaire », assure ainsi Frédéric Visnovsky, médiateur national du crédit à la Banque de France. Et l’État met en place un fonds de 300 milliards d’euros permettant de garantir les nouveaux prêts bancaires des entreprises. Tout en affichant sa volonté de montrer l'exemple : le 17 mars, le secrétaire d'État Olivier Dussopt s'est engagé à ce que les « fournisseurs des administrations publiques » soient payés « en moyenne à 20 jours ».

Reste que les prochains jours devraient s’apparenter pour les entreprises les plus fragiles à une course contre la montre. Face aux nombreuses demandes de prêts à court terme des entreprises, « les banques vont être confrontées à des difficultés matérielles », prédit Frédéric Visnovsky. Une raison de plus pour le médiateur des entreprises de jouer la carte de la solidarité : « La solution pour trouver de la trésorerie, ce n’est pas de ne pas payer ses fournisseurs ».

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