Ce que la 5G va apporter aux PME
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Ce que la 5G va apporter aux PME

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La 5G ne sera pas réservée aux très grandes entreprises. D’ores et déjà, les opérateurs qui travaillent sur la 5G ouvrent des perspectives pour les PME. Au-delà de la bonification des services déjà existants, la 5G va permettre d’explorer de nouveaux usages, très opérationnels. Perspectives.

Permettant des débits jusqu’à dix fois supérieurs, la 5G va apporter de nouvelles perspectives à l’industrie — Photo : Monopoly919

Après un débat houleux et plusieurs expérimentations qui ont démarré en 2018, les opérateurs sont en train de déployer la 5G en France. Cette cinquième génération de réseaux mobiles est une technologie plus performante que la 4G et qui utilise des fréquences différentes. Celles-ci permettent des débits jusqu’à dix fois supérieurs, une latence plus faible et la possibilité de prendre en charge simultanément un plus grand nombre d’appareils.

La 5G va permettre, d’une part, de désengorger le réseau 4G, proche de la saturation et, d’autre part, de développer des usages différents de la 4G et plus poussés. De très nombreux secteurs sont concernés, comme la télémédecine, la gestion de véhicules autonomes, la gestion de fret automatisé dans un port, l’automatisation des usines… Évolutive, cette technologie n’en est encore qu’à ses balbutiements et est appelée à monter au fur et à mesure en puissance. À des premières versions s’apparentant à une 4G améliorée, doit succéder à partir de 2022 la 5G dite "stand alone", qui va offrir de nouvelles perspectives en matière d’internet des objets, d’usines et de villes connectées. Comme l’affirme un spécialiste du secteur, "la 5G on ne sait pas encore vraiment ce qu’on va faire avec, c’est l’imagination et la créativité qui feront le travail".

Machines connectées, nouveaux business et retour sur investissement

Un peu partout en France, les entreprises commencent à apprivoiser cette nouvelle technologie. Le fabricant de câbles normand Acome (1 700 salariés) s’apprête ainsi à construire une plate-forme d’expérimentation sur un de ses sites, de 50 hectares, situé dans la Manche. Parmi les objectifs, le test de machines connectées - le site en compte une centaine. Toujours en Normandie, le groupe français Schneider Electric a planché sur un "ouvrier augmenté", doté d’équipements numériques, afin de réduire le temps passé à trouver l’origine des pannes des machines. À Rennes, au sein d’un Orange 5G Lab - l’opérateur en lance une demi-douzaine en France pour permettre aux entreprises de tester la 5G -, la PME bretonne AMA (140 salariés) cherche à valider des solutions vidéos de téléassistance médicale, de qualité supérieure et avec de meilleurs délais de transmissions de données, permettant de faire avancer le concept d’hôpital à distance.

"L’enjeu n’est pas de déployer un réseau 5G et d’attendre que les clients viennent, mais d’amener la 5G en le préparant avec les entreprises, PME comprises".

De son côté, tout en étudiant les possibilités de pilotage énergétique et de gestion de son nouveau siège social de 3 800 m² de Boulogne-Billancourt, le cabinet de conseil francilien Davidson Consulting (3 000 salariés) cherche à calculer l'intérêt économique de la 5G en la substituant à toutes les autres connexions de l'entreprise (wifi, VPN, etc.).

"L’enjeu n’est pas de déployer un réseau 5G et d’attendre que les clients viennent, mais d’amener la 5G en le préparant avec les entreprises, PME comprises ", assure Michel Combot, directeur général de la Fédération Française des Télécoms (FFT). "C’est un chantier à préparer ensemble et dès aujourd’hui. Nous avons mis en place un comité de filière pour mieux comprendre les besoins des entreprises. La 5G sera une des clés de développement des entreprises".

Si beaucoup de choses sont encore à inventer, les spécialistes ont déjà quelques idées sur ce que cette technologie va apporter aux entreprises. En intégrant la 5G, ces dernières devraient pouvoir renforcer leur stratégie réseau et adapter leurs chaînes de production, pour les rendre plus simples, plus fluides, les optimiser, gagner en assistance. Avec la 5G, pas d’infrastructures physiques câblées à gérer et de multiples possibilités offertes. En usine, on envisage de connecter des robots ensemble – alors qu’ils ne travaillent qu’en parallèle aujourd’hui. C’est le "smart manufacturing" : la 5G permet de connecter de nombreuses machines entre elles, à très fortes concentration, dans un environnement contraint.

Coupler la 5G et l’intelligence artificielle

En matière de sécurité d’entreprise, la 5G jointe à l’intelligence artificielle est capable, par exemple, de détecter des mouvements minimes inhabituels, d’assurer une reconnaissance faciale, même en présence de nombreux employés, avec plus de fiabilité que des agents de sécurité postés devant de multiples écrans de surveillance.

L’acheminement de matériels ou pièces sera plus rapide. On pourra ainsi gérer un arbitrage quasi instantané entre, envoyer par camion la pièce attendue ou piloter à distance son impression 3D sur place.

La surveillance de réseaux électriques, inspectés manuellement par des techniciens aujourd’hui, pourra s’envisager avec des caméras embarquées sur drones, capables de détecter des dommages ou défauts grâce à la 5G et l’intelligence artificielle. Moins dangereux et des tournées d’inspection plus fréquentes. Des applications qui intéresseraient raffineries et pipelines…

Il y a encore très peu d’exemples de PME utilisant la 5G dans le monde. En Malaisie, une PME qui commercialise des épices, détecte, grâce à la 5G, les piments séchés répondant à leurs critères de qualité ; les non conformes sont repoussés en dehors de la chaine. En Europe, une PME industrielle avec plusieurs sites de production, prévoit d’améliorer le contrôle qualité de ses chaines de production, en disposant davantage de sondes et la 5G, pour remonter les données - et donc les défaillances - en temps réel, sur un poste de commande central au siège. Ainsi, le recalibrage des machines sera beaucoup plus rapide et le taux de produits défectueux réduit. En fait, le type d’utilisation de la 5G pour une entreprise sera très spécifique à ses besoins propres.

15 000 sites ouverts en France

Les quatre premiers opérateurs télécoms français (Orange, Free, SFR et Bouygues Telecom) ont lancé leurs premières offres commerciales à la fin 2020. Si le niveau de déploiement est encore loin de celui de la 4G, l’Autorité des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep) recensait 15 000 sites 5G ouverts par les opérateurs, principalement dans les villes.

Le déploiement de la 5G "ne se fera pas au détriment de la 4G et ne devra pas provoquer de nouvelle fracture numérique, assure Guillaume Decorzent, ‎chef de l’unité couverture et investissements mobiles à l’Arcep. Il faut permettre des applications en zone rurale comme urbaine". Un vrai souci pour la CPME, très engagée dans la transformation numérique des petites entreprises : " La question de la 5G se pose, affirme Alain Assouline, président de la commission numérique de la CPME. Alors que la crise du Covid a boosté la maturité numérique des petites et moyennes entreprises, il ne faudrait pas que certaines usines et entreprises restent écartées de ce nouveau dispositif".

Un nouveau dispositif qui ne devrait pas enterrer tout de suite les technologies existantes comme la fibre. "Ce sont deux technologies complémentaires, explique le directeur de la FFT. C’est un des acquis de la crise sanitaire : La fibre est un réseau qui nécessite d’être raccordé et branché, réservé aux lieux clos : bureaux, domicile. La 5G est un réseau adapté à la mobilité. Dans une entreprise donc, on utilise la fibre pour connecter les ordinateurs de bureau et la 5G pour des machines-outils mobiles et doivent être connectées ".

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