Bourse : ces PME qui tentent le grand saut
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Bourse : ces PME qui tentent le grand saut

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Non, la bourse n’est pas réservée qu’aux grandes entreprises. En France, environ 700 PME et ETI sont cotées sur les différents marchés d’Euronext. Et l’on recense entre 15 et 30 nouvelles introductions chaque année. Qu’est-ce qui motive ces entreprises ?

— Photo : Euronext

Principal point commun aux entreprises qui ont tenté l’aventure de la bourse : « Une histoire de croissance et de projets à financer, répond Eric Forest, responsable des activités PME-ETI d’Euronext. Il s’agit notamment d’entreprises du secteur technologique, orientées sur le digital au sens large, le software, les cleantech et biotech…. Mais aussi d’entreprises familiales pour lesquelles la bourse peut contribuer à faciliter la transmission sans pour autant que la famille perde le contrôle du capital. »

Garder la PME dans le giron familial

Protéger l’actionnariat familial a même été la principale raison de l’entrée en bourse du groupe vendéen Herige, en 1990. Derrière ce négociant et industriel du bâtiment de 2 800 salariés, on retrouve les familles Robin et Caillaud, qui détiennent la majorité du capital, via plus de 60 actionnaires familiaux. « La bourse nous offre plus de souplesse pour faire entrer ou sortir ces actionnaires. Si quelqu’un veut vendre, c’est plus facile par exemple, car il y a un marché en face, un prix affiché en vitrine », explique Philippe Audureau, ancien patron, aujourd’hui censeur au conseil de surveillance du groupe dont 30% du capital est en bourse.

Si un seul membre de la famille a quitté l’actionnariat depuis les années 1990, la bourse permet surtout d’écarter d’éventuels risques pour l’avenir. « Mettons qu’une branche de la famille souhaiterait céder ses parts, une question se poserait : est-ce que les autres auraient les moyens de racheter ? Le risque ultime serait d’être obligé de vendre l’entreprise à un tiers qui, de fait, deviendrait l’actionnaire principal et donc le patron », explique Philippe Audureau.

Une meilleure visibilité à l’international

Pour d’autres, la bourse a servi de tremplin à l’international. C’est le cas du breton Kerlink (115 salariés) qui propose des réseaux bas débit pour l’internet des objets, qui a levé 13 millions d’euros sur Euronext Growth Paris en 2016. Petite PME positionnée sur un marché mondial face à de très gros concurrents comme Cisco Systems ou Samsung par exemple, « Kerlink avait besoin de gagner en crédibilité pour séduire une clientèle de grands opérateurs téléphoniques comme l’indien Tata communications ou l’allemand Digimondo », explique Robert Clapham, directeur général adjoint de Kerlink. Son problème ? Des gros clients qui jugeaient la PME trop petite pour travailler avec eux. « Pour être retenu sur un appel d’offres, on nous demandait systématiquement de travailler en collaboration avec un poids lourd des télecoms, comme Alcatel ou Nokia, ou avec un intégrateur… », raconte Robert Clapham. Depuis, l’objection a disparu. « La bourse a boosté notre business à l’international. L’export représente aujourd’hui plus de 50% de notre chiffre d’affaires, contre 20% au moment de l’introduction ».

Un coup de com’

Afficher le « label » bourse a aussi permis à la start-up Valbiotis, installée à La Rochelle, de rassurer ses prospects en donnant l’image d’une société « saine », « structurée », « avec une capacité à lever des fonds à l’avenir », selon Sébastien Peltier, le président de cette PME de 30 salariés spécialisée dans le domaine de la santé. L’entreprise de biotechnologies qui travaille sur la prévention du diabète et de l’obésité, a aussi pu bénéficier d’un coup de projecteur : la presse financière et généraliste relaie ses communiqués et les grands comptes de l’industrie pharmaceutique et agroalimentaire, comme Sanofi ou Nestlé, les consultent aussi… Un enjeu stratégique : « Dans notre domaine, vous pouvez développer la meilleure idée du monde, si vous n’arrivez pas à communiquer auprès des grands comptes, cela ne sert à rien », estime Sébastien Peltier.

Attirer et fidéliser des compétences

Ce coup de com’ serait pour le chef d’entreprise également bénéfique en interne. Suite à l’introduction, « j’ai pu attirer des chercheurs de grande qualité et un management de haut niveau, indique le patron charentais. C’est le cas de notre directrice de la communication, passée par les laboratoires Pfizer et Ceva Santé Animale, ou encore avec l’arrivée à notre conseil de surveillance d’un expert, qui travaille comme directeur scientifique chez Novartis, après avoir occupé des fonctions de direction chez Sanofi. » L’impact en termes de ressources humaines ne s’arrête pas là. Sébastien Peltier compte s’en servir pour doper la motivation de ses salariés : « On prévoit de distribuer des actions à tous nos collaborateurs, actuels et à venir ».

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