ArcelorMittal veut un « cadre législatif approprié »
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ArcelorMittal veut un « cadre législatif approprié »

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« L’industrie sidérurgique en Europe pourra continuer à prospérer », estime Geert Van Poelvoorde, le CEO d’ArcelorMittal Europe.

— Photo : Le Journal des Entreprises

Opération communication chez ArcelorMittal qui a missionné plusieurs hauts dirigeants pour faire passer des messages lors de la journée annuelle consacrée à la presse le 7 décembre. Premier sujet, le dumping chinois sur l’acier : « En 2009, la Chine exportait deux millions de tonnes d’acier fini en Europe. En 2015, ce chiffre s’est élevé à neuf millions de tonnes. L’Europe représente un marché d’environ 150 millions de tonnes – un chiffre toujours inférieur d’environ 25 % par rapport aux niveaux d’avant la crise de 2008 – et la consommation apparente d’acier augmente actuellement d’environ 1 % par an. Nous voyons donc que l’accroissement de la demande en Europe est absorbé par des importations croissantes, les producteurs d’acier européens peinant à bénéficier de la faible augmentation de la demande », a détaillé David Clarke, responsable de la stratégie et directeur de la technologie (CTO) d’ArcelorMittal.

Défis législatifs

Face à ce contexte opérationnel tendu, le premier sidérurgiste mondial a réagi en serrant les boulons : concrètement, son plan « Action 2020 » vise à renforcer la compétitivité de tous les sites du groupe, de manière à devenir rentable quelles que soient les conditions de marché. Pour Geert Van Poelvoorde, le CEO d’ArcelorMittal Europe, les trois défis de l’industrie sidérurgique européenne sont : la législation de l’Union Européenne relative aux pays n’ayant pas une économie de marché, principalement la Chine ; le besoin pour l’Union Européenne de moderniser ses instruments de défense commerciale ; le système d’échange de quotas d’émission de CO2 mis en place par l’Union Européenne. Reconnaissant que l’Europe n’est pas restée immobile sur ces sujets, les dirigeants appellent tout de même les autorités européennes à en faire plus : « Je suis reconnaissant à l’égard de la Commission Européenne pour le sérieux avec lequel elle s’est saisie de cette question. Néanmoins, nous ne sommes pas encore arrivés au résultat attendu : la procédure mise en place par l’Europe afin d’enquêter sur les pratiques de dumping présumé est bien plus lente que dans le reste du monde et les droits antidumping qui sont imposés sont trop faibles ». Soulignant les efforts du groupe consenti dans le domaine du développement durable, avec notamment la question du poids de l’acier et de sa recyclabilité, les dirigeants d’ArcelorMittal ont tenu à mettre en garde contre des mesures trop déconnectées de la réalité du terrain : « « La méthode de l’Union Européenne visant à construire une économie plus sobre en émissions de carbone et le système d’échange de quotas d’émission est le plus dur défi auquel nous sommes confrontés ».

Inquiet sur les propositions

Ceux-ci ne tiennent pas compte des réalités de l’industrie sidérurgique puisqu’ils ont été conçus pour le secteur de l’énergie, qui est un marché régional : « Ce système ne fonctionne pas pour l’industrie de l’acier qui est une industrie mondiale. Si les producteurs européens doivent payer cette taxe sur le carbone mais si les producteurs, ailleurs dans le monde et exportant en Europe ne le font pas, cela mettra les producteurs européens en position de désavantage concurrentiel. Ce système ne reconnaît pas le contexte de la fabrication de l’acier. Même si toutes nos activités étaient alimentées par des éoliennes, nous générerions malgré tout des niveaux très importants de CO2 dans la mesure où la majorité de nos émissions de CO2 sont générées lorsque le minerai de fer est transformé en fer. Il s’agit d’une réalité chimique incontournable », a souligné Geert Van Poelvoorde. Soufflant le chaud et le froid, le CEO d’ArcelorMittal Europe a indiqué que si l’Europe restait une terre favorable à la production d’acier, il était « inquiet car les propositions qui ont été mises sur la table aujourd’hui mettent notre industrie en péril. Nous avons fait des progrès l’an dernier pour mieux faire entendre notre voix, mais il y a encore beaucoup de travail à accomplir pour faire en sorte que l’industrie sidérurgique bénéficie de règles du jeu équitables et d’un cadre réglementaire adapté. »

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