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L’Organisation bretonne de sélection cultive le progrès
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L’Organisation bretonne de sélection cultive le progrès

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Pour innover et trouver de nouvelles variétés de légumes afin de séduire les consommateurs, la coopérative Prince de Bretagne s’appuie sur sa filiale de sélection variétale, l’Organisation bretonne de sélection (OBS). Créée il y a plus de 50 ans, l’entreprise fournit des graines aux agriculteurs et continue son travail de sélection pour trouver les légumes de demain.

David Esnault, animateur technique à l’OBS réalise des croisements entre différentes variétés de plantes — Photo : Isabelle Jaffré

Filiale du regroupement de coopératives Prince de Bretagne (1 700 maraîchers, 336 M€ de CA en 2019), l’Organisation bretonne de sélection (OBS, 35 salariés, 3 M€ de CA) a été créée en 1970 avec pour objectif de garantir l’indépendance génétique des producteurs de légumes adhérents. "À l’époque, on ne parlait pas encore d’agroécologie, mais c’est bien de cela qu’il s’agit, note Marc Keranguéven, le président de Prince de Bretagne. Nos prédécesseurs n’ont pas attendu pour innover, faire évoluer leurs techniques et travailler en collaboration."

Création variétale et collection génétique

Résistance aux maladies, besoins réduits en eau, facilité de culture, qualités gustatives, rendement, besoin marketing… L’OBS multiplie les croisements pour trouver les meilleurs compromis pour les producteurs. "On peut nous demander de nouvelles variétés et des choses précises", explique David Esnault, animateur technique à l’OBS. En 2015, Prince de Bretagne annonçait par exemple l’arrivée du Cardinal, un petit artichaut violet, désormais prisé des consommateurs. "Il y a trois ans, on nous a demandé un chou romanesco orange. Nos clients grossistes veulent répondre à l’envie des consommateurs de mettre davantage de couleur dans leur assiette", poursuit le technicien.

David Esnault, animateur technique à l’OBS, explique la traçabilité des croisements effectués sur un plant de chou-fleur — Photo : Isabelle Jaffré

Le travail a déjà démarré, bien qu’un peu ralenti par le Covid. "Quoi qu’il arrive, la création variétale prend du temps, de 10 à 15 ans. Nous réalisons des croisements dirigés, à la main." Un travail de rigueur pour tracer les différents croisements, et de patience car il faut laisser les légumes pousser dans des serres dédiées, basées chez OBS à Plougoulm (Finistère). Ce travail de croisement est possible grâce aux nombreuses graines accumulées au fil des ans par l’entreprise. "Nous gardons tout. Quand on nous demande de l’orange pour un romanesco, on sait que l’on a déjà un chou-fleur orange dans notre collection et on part de lui. Cela fait partie du maintien de nos connaissances en génétique. Nous contribuons aussi à la biodiversité", indique David Esnault.

450 millions de graines

L’OBS commercialise 450 millions de graines par an dont 80 millions de choux-fleurs auprès des 1 700 adhérents des coopératives situées de Saint-Pol-de-Léon à Saint-Malo (La Bretonne, la Sica, les Maraîchers d’Armor et Terres de Saint-Malo). La société est spécialiste du chou-fleur, leader sur ce marché avec une quarantaine de variétés sur 100 existantes. "Il ne faut pas oublier que dans les années 70, Prince de Bretagne réalisait tout son chiffre d’affaires avec trois légumes, dont majoritairement du chou-fleur, rappelle le président. Les administrateurs de l’époque ont cependant anticipé que cela ne pourrait pas durer. Si nous étions restés avec les mêmes variétés, cela ne fonctionnerait plus aujourd’hui. Alors que maintenant, nous avons 147 références."

Désormais, l’OBS regarde de plus près des critères comme la résistance au manque d’eau ou encore au manque d’azote. "Nous voyons bien que la hausse des intrants pèse sur la rentabilité des exploitations. Et nous travaillons pour les producteurs, en collaboration", insiste David Esnault. Après l’étape des serres, les variétés sont testées sur des parcelles chez des maraîchers de la coopérative qui font des retours à l’OBS. "Mais attention, nous ne cherchons pas forcément une variété au top niveau mais qui reste stable dans le temps et dans la géographie de Prince de Bretagne."

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