À l’origine de la création d’IoT.bzh en 2016, des cadres transfuges de l’ancien centre R & D Wind River (groupe Intel) implanté à Vannes ont étoffé et revalorisé leurs travaux de développement sur le système d’exploitation Tizen pour les télévisions et montres connectées Samsung. Relocalisée à Lorient, l’expertise Iot.bzh a fructifié au contact des besoins de l’industrie automobile japonaise. Ses activités mobilisent aujourd’hui une trentaine de salariés pour un chiffre d’affaires prévisionnel qui devrait retrouver en 2023 le cap des 2 millions d’euros, après avoir chuté de moitié durant la crise sanitaire du coronavirus.
"En l’espace de deux ans, nous avons engagé un redressement spectaculaire afin de rééquilibrer un volume d’affaires qui souffrait d’une forte dépendance aux marchés asiatiques," précise Fulup Le Foll, 64 ans, co-fondateur, président et principal actionnaire d’IoT.bzh.
Des coûts de maintenance réduits
"Le niveau d’expertise qu’IoT.bzh développe sur Linux fait que nous affrontons relativement peu de concurrents à une échelle mondiale", se félicite Yann Bodéré, directeur général de la société lorientaise dont les équipes, par leurs contributions régulières, ont atteint un leadership technique sur le projet Automotive Grade Linux. "L’avantage compétitif majeur que nous proposons avec nos solutions open source, c’est l’effet de levier d’une importante communauté qui permet de prolonger le maintien en condition opérationnelle tout en réduisant les coûts de maintenance", fait valoir Fulup Le Foll.
Après l’électro-ménager et l’automobile, les ingénieurs d’IoT.bzh ciblent désormais des marchés industriels en particulier dans le secteur de l’énergie, de la défense et de l’aéronautique. Initiée en 2021, cette démarche commerciale accompagne le déploiement progressif d’une plateforme d’intégration continue et de maintenance sur le long terme dénommée Redpesk. "Ce produit représente aujourd’hui 30 % de notre chiffre d’affaires. Nous espérons doubler cette valeur dans les années à venir", annonce Fulup Le Foll.
De nouveaux débouchés
Tout en nouant des contrats de référence avec des partenaires majeurs (Thales, Safran, Valeo, Total Energies, Renesas), IoT. bzh continue d’investir dans plusieurs programmes de recherche. Au côté du chantier naval Piriou et du spécialiste en télécommunications maritimes Thalos, l’entreprise a accompagné le projet Seanatic pour lequel elle a mis au point un système d’exploitation Linux adapté aux usages et contraintes maritimes, afin de mettre au point un dispositif de maintenance prédictive et sécurisée des navires professionnels pour une période de 10 ans.
"Ce type d’engagement devrait nous ouvrir de nouveaux débouchés à l’avenir", reprend Fulup Le Foll qui aime cultiver l’enracinement breton autant que l’agilité de son entreprise. "La levée de fonds que nous avions en projet avant 2019 n’est plus une priorité. Nous ne voulons pas grandir à n'importe quel prix, mais il faudrait encore nous étoffer pour atteindre une masse critique et pérenne."
Tracer le mobilier hospitalier
En vue d’accentuer ses efforts d’innovation et de diversification, Iot.bzh est entré dans la phase opérationnelle du projet GEOBT pour lequel l’entreprise apporte ses compétences en cybersécurité au côté du fabricant de capteurs CG Wireless et de l’Institut de l’électronique et des technologies numériques. Sélectionné et financé par la région Bretagne dans le cadre de l’appel d’offres sur l’innovation collaborative, le projet vise à assurer la géolocalisation des matériels de transport des patients au service de l’efficacité et de la sécurité dans les hôpitaux.
"Ce travail répond à un besoin très spécifique : les fauteuils, brancards, lits et autres équipements mobiles sont, par nature, en mouvement constant au sein des hôpitaux, résume-t-on chez IoT.bzh. Or, L’activité des brancardiers est organisée par le service de régulation à partir d’un logiciel, qui ne permet pas à ce jour de connaître précisément le nombre de brancards disponibles ni leur localisation. Cette absence de maîtrise de la localisation de ces ressources génère des difficultés d’organisation car il arrive que le matériel nécessaire pour transporter un patient soit difficile à localiser, ce qui génère des pertes de temps, des tensions entre les brancardiers et les services de soins." L’expérimentation a lieu jusqu’en 2024 dans les établissements de Bretagne sud, notamment au centre hospitalier de Lorient, également partenaire du projet.