Algues marine s : La longue route vers le bio
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Algues
marine
s : La longue route vers le bio

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AGRICULTURE Le label bio vient d'être délivré pour quelques zones de récolte d'algues dans le Finistère, une première en France. La filière se battait depuis 2009 pour l'obtenir. Entreprises et récoltants espèrent pouvoir en tirer profit.
— Photo : Le Journal des Entreprises

Après avoir bataillé trois ans pour être certifié «Agriculture biologique», la filière algue marine du Finistère vient d'obtenir le précieux label vert pour la récolte d'algues dans plusieurs zones situées dans le parc marin d'Iroise. Une première en France. La filière s'est organisée depuis la publication du nouveau réglement européen sur l'agriculture biologique en 2007 et sa mise en application en 2009 et 2010. Pour décrocher le fameux poinçon, les eaux dans lesquelles les algues sont récoltées dans le Finistère ont dû être certifiées «de bonne qualité». C'est l'Ifremer qui a mené les études, financées en partie par le parc marin d'Iroise. Une petite partie des zones de récolte seulement a pu être certifiée pour l'instant car le réglement européen précise que seules les zones conchylicoles (culture du coquillage) et où les algues sont récoltées à pied sont éligibles. Une hérésie pour Christine Bodeau, présidente de la Chambre syndicale des algues et végétaux marins, qui rappelle qu' «une grande partie de nos algues poussent sur les rochers, ce qui n'a rien à voir avec de la conchyliculture». Au total, les zones certifiées ne représentent pour l'instant que 150 tonnes d'algues récoltées par an environ et concernent 50 récoltants. Rien à voir avec les 60.000 tonnes produites par an en Bretagne, où est basée la quasi-totalité de la production d'algues marines française, une des plus importante d'Europe. À terme, c'est l'ensemble du parc marin d'Iroise qui est concerné ainsi que d'autres zones situées dans le Finistère nord et les Côtes d'Armor.




«On n'a pas vraiment le choix

» Du côté des récoltants, l'obtention du label est une bonne nouvelle mais qui signifie du travail et des dépenses en plus pour pouvoir décrocher la précieuse certification. «Pour nous sur le terrain, cela ne changera rien puisqu'on applique déjà les processus de l'agriculture biologique, explique Jean-Marc Eliès, récoltant professionnel d'algues dans le Finistère. Pour être certifié, nous allons devoir faire un audit et faire appel à un organisme certificateur, comme Eco-cerT, pour qu'il nous délivre le label. La certification coûte environ 1.500€ chaque année.» Jean-Marc Eliès tient malgré tout à se faire certifier, même s'il ne compte pas augmenter de beaucoup le prix de vente de ses algues bios : «On n'a pas vraiment le choix. Les entreprises avec lesquelles je travaille me le réclament».





Opportunité d'affaires


Le paradoxe est que les entreprises de transformation peuvent depuis 2009, obtenir la labellisation. Mais pour que le produit fini, cosmétique ou alimentaire, puisse afficher le label, il faut que les algues utilisées comme matière première soient également certifiées. «Du coup, certaines entreprises importent des algues venues d'Irlande ou d'Espagne, qui ont obtenu le label avant nous, révèle Christine Bodeau. Ils ont créé une concurrence avec nos entreprises.» Charles-Henri Morice, chef de produit algues alimentaires chez Lessonia, entreprise basée à Saint-Thonan, confirme : «Pour nos produits certifiés bio, nous utilisons des algues importés d'Irlande.» Pour l'instant, Lessonia n'utilise le label bio que pour ses produits cosmétiques. «Avec l'obtention du label bio en Bretagne, nous allons pouvoir faire de l'algue bio pour l'alimentaire, grâce à la meilleure qualité qu'offrent les algues bretonnes». Le label bio ouvre des opportunités d'affaires. «Dès que nous serons certifiés, nous allons créé une gamme de produits bio, annonce Michel Perzinsky, P-dg d'Algoplus, basée à Roscoff. Il y a une demande d'une partie de notre clientèle». «L'autre avantage, ajoute Noël Guelennoc, directeur commercial chez Agrimer, entreprise de transformation basée à Plouguerneau, c'est que les prix de la matière première certifiée "bio" seront maitrisables, ce qui n'est pas le cas des algues bio importées. Le bio sera un peu plus cher que le conventionnel, de l'ordre de 5 à 15%, mais pas plus».



Aglaé de Chalus

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