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Racheté, Novogen veut muscler son développement à l’international
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Racheté, Novogen veut muscler son développement à l’international

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Racheté par l’un des leaders mondiaux du secteur, l’allemand EW Group, le spécialiste de la sélection des poules pondeuses Novogen va accroître sa présence à l’international, notamment dans les pays où le ticket d’entrée était trop élevé pour la PME installée à Plédran (Côtes-d’Armor). L’entreprise s’est développée en se centrant sur le bien-être animal.

Mickaël Le Helloco a fondé Novogen en 2008 — Photo : Matthieu Leman

À la fin de décembre 2021, Novogen (10 millions d’euros de chiffre d’affaires, 48 salariés), entreprise spécialisée dans la sélection de poules pondeuses, était rachetée par l’allemand EW Group, après avoir éclos en 2008 et grandit au sein du groupe français Grimaud (le montant de la transaction n’a pas été communiqué).

Quelques mois après, Mickaël Le Helloco, fondateur et directeur de la PME basée à Plédran, se félicite des perspectives ouvertes par ce changement de gouvernance. "Le groupe laisse une part importante à l’esprit d’entreprise et d’innovation. Chaque entreprise est vraiment indépendante mais on travaille avec des gens qui font le même métier." Les fonctions support, centralisées au sein du groupe Grimaud, sont donc revenues au sein de la PME, pour être finalement externalisées. Surtout, pour le dirigeant, l’intégration de Novogen au sein d’EW Group a permis de "sécuriser l’avenir". "Les investissements en R & D, le groupe sait les faire", se félicite le Costarmoricain, qui confie que de tels investissements ont été engagés en janvier, sans vouloir en dévoiler les détails.

Ticket d’entrée élevé

Parallèlement, la puissance du groupe, leader mondial du secteur, va faciliter l’entrée sur de nouveaux marchés où "le ticket d’entrée était trop élevé. Nous pouvons maintenant bénéficier des structures du groupe. À nous de démontrer qu’il faut que nous soyons sur un nouveau marché et qu’il y a une demande pour nos produits." Dans le viseur de Novogen, il y a l’ambition de consolider son développement en Amérique du Nord et en Amérique latine (où l’entreprise possède deux bases de production, aux USA et au Brésil) et en Europe, mais aussi de développer sa présence en Asie et en Afrique, où l’augmentation de la population ouvre des perspectives prometteuses. Des objectifs d’importance quand on sait que 95 % de l’activité de la PME costarmoricaine est réalisée à l’export.

Novogen revendique 8 % du marché mondial sans la Chine. Son succès s’est bâti sur une réflexion. "Nous partions, en 2008, en retard sur un duopole qui dominait le marché, se souvient Mickaël Le Helloco. Nous nous sommes dit que nous aurions toujours du retard si nous faisions comme les autres. Nous avons donc décidé de nous construire sur le bien-être animal." Une notion variable qui a pris la forme de la sélection de poules "au sol", pariant sur la diminution des élevages en cage. "Le bien-être de l’animal lui permet de performer dans ces milieux où il peut exprimer un comportement naturel." Avantage : la poule sélectionnée ainsi s’adapte également aux élevages en cage.

Lignée pure, élite de l’espèce

Pour s’adapter au développement de ces systèmes alternatifs de production, l’entreprise a développé entre 2009 et 2017 un système de nid connecté qui permet d’attribuer les œufs aux poules qui les ont pondues. À cela s’ajoute l’utilisation de la génomique en routine (méthode permettant d’augmenter la précision du choix des reproductrices par la prise en compte de l’information de leur génome, NDLR) depuis plusieurs années, qui permet d’accélérer le progrès génétique en réduisant les intervalles de génération. L’addition de ces deux innovations a permis à la PME de gagner des points dans ce marché où "nous vendons l’avenir", s’amuse Mickaël Le Helloco. Les poussins d’un jour vendus par l’entreprise sont en effet le fruit de plusieurs années de travail, entre la collecte d‘informations, la sélection et la multiplication pour atteindre le consommateur final. Ce sont ces poussins, issus de poules dits "parentaux" ou "grands-parentaux", qui vont engendrer les poules "commerciales", celles qui vont produire in fine les œufs achetés par le consommateur. Au-dessus des parentaux et grands-parentaux, le sommet de la pyramide est occupé par la "lignée pure", élite de l’espèce qui fait l’objet des recherches d’amélioration continues. D’une génération à l’autre, un gain de deux œufs par an peut être atteint.

Reste que la grippe aviaire, qui met en péril les élevages en leur imposant de procéder à des abattages, la guerre en Ukraine (les deux pays du conflit représentaient 10 % du chiffre d’affaires de Novogen) et l’augmentation des matières premières, notamment celles des céréales qui nourrissent les volailles, sont autant de motifs d’inquiétudes pour le secteur et l’entreprise, qui possède un couvoir à Saint-Hervé, ainsi que des élevages dans les Côtes-d’Armor, le Morbihan et l’Ille-et-Vilaine.

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