Viatris France s’inquiète de la baisse de rentabilité des génériques
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Viatris France s’inquiète de la baisse de rentabilité des génériques

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La baisse tendancielle du prix de vente des médicaments génériques et la réforme du financement de la Sécurité Sociale grèvent la rentabilité des génériqueurs. Y compris celle de Viatris, pourtant l’un des leaders sur le marché, qui renforce son investissement pour développer de nouveaux médicaments.

Viatris France dispose d’un site de fabrication à Châtillon-sur-Chalaronne dans l’Ain, spécialisé dans les formes sèches — Photo : Viatris

"Cette activité est à la limite de la rentabilité", déplore Christophe Maupas, président de Viatris France (1,6 Md€ de CA en 2021, 1 600 salariés), installé dans les nouveaux locaux du siège du groupe pharmaceutique, en plein cœur du Biodistrict de Lyon Gerland. Voilà une dizaine d’années, l’entreprise distribuait exclusivement des génériques. Aujourd’hui, ces médicaments issus de molécules tombées dans le domaine public ne représentent plus que 46 % du chiffre d’affaires de la filiale française de la société américaine (17,8 Md€ de CA en 2021 ; 37 000 salariés) née en 2020 du rapprochement de Mylan et UpJohn, alors détenu par Pfizer. Et la branche française, leader des génériques dans l’Hexagone, avec plus de 400 millions de boîtes commercialisées en 2020, au coude à coude avec Biogaran (Servier), constitue "l’exception", souligne le dirigeant. Dans les quelque 160 autres pays et territoires où Viatris est présent, la distribution de Bétadine, Zyma D, EpiPen, Viagra et autres "princeps" - les médicaments et marques protégés par un brevet - détenus par Viatris, a pris le dessus sur celle des génériques.

Un modèle économique fragilisé

Car le modèle économique du médicament générique reste complexe. Certes, les sociétés qui les produisent et distribuent n’ont pas à supporter les coûts élevés de développement d’un nouveau traitement, mais le prix de vente d’un générique est environ 60 % inférieur à celui d’un princeps. "Les marges sont donc réduites, explique Christophe Maupas. D’autant plus que le prix des génériques a tendance à baisser chaque année."

La rentabilité des génériqueurs français a par ailleurs été fragilisée, en 2019, avec la réforme de la clause de sauvegarde. Cette dernière, qui ne concernait pas les fabricants de génériques jusqu’alors, prévoit que les laboratoires pharmaceutiques versent une contribution à l’assurance maladie lorsque les dépenses liées au remboursement dépassent la somme prévue dans le cadre de la loi de financement de la Sécurité Sociale. En 2020, la clause n’a pas été déclenchée. "Mais nous sommes très inquiets pour 2021. Nous redoutons d’avoir à payer plusieurs dizaines de millions d’euros", fait savoir le dirigeant, regrettant également le manque de visibilité relatif à cette "amende".

Une diversification de la production

Face aux difficultés rencontrées sur le marché du générique, le groupe a entrepris, il y a plusieurs années déjà, une diversification. Avec le rachat des sociétés Abbott Product et Meda par Mylan en 2014 et 2016. Via le rapprochement avec UpJohn il y a deux ans. Et grâce au développement de nouveaux produits. La société américaine, qui investit plus de 750 millions d’euros dans la R & D par an, a l’ambition de doubler ce montant dans les cinq prochaines années. Et de réaliser des opérations de croissance externe. Une évolution stratégique qui n’aura pas de conséquence sur l’emploi en France et dans la région, assure Christophe Maupas. Viatris France dispose, en plus de son siège, de deux sites de production et de conditionnement en Auvergne-Rhône-Alpes, à Châtillon-sur-Chalaronne (Ain) et à Meyzieu (Rhône). Des sites spécialisés dans le médicament générique.

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