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Stéphanie Pernod (vice-présidente de la Région Auvergne Rhône-Alpes à l'économie), la femme qui valait un milliard
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Stéphanie Pernod (vice-présidente de la Région Auvergne Rhône-Alpes à l'économie), la femme qui valait un milliard

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Nommée par Laurent Wauquiez première vice-présidente de la Région Auvergne Rhône-Alpes déléguée à l’économie, à la relocalisation et à la préférence régionale, Stéphanie Pernod va gérer un portefeuille doté de plus d’un milliard d’euros sur le mandat.

"Sur la feuille de route de mon mandat, sont inscrites plusieurs missions, dont celle de déployer des lignes de production qui n’existent pas", explique Stéphanie Pernod, vice-présidente de la Région Auvergne Rhône-Alpes à l'économie — Photo : Juan ROBERT

Elle reçoit au cinquième étage de l’hôtel de Région, dans son bureau donnant sur l’esplanade François Mitterrand, à Lyon. Stéphanie Pernod, ancienne professeure de philosophie, a été catapultée en juin première vice-présidente de la Région Auvergne Rhône-Alpes "déléguée à l'économie, à la relocalisation et à la préférence régionale". Le principal portefeuille de la Région pesant, selon les supports de communication, entre 1 et 1,2 milliard d’euros.

Tombée dans la politique à 22 ans

Durant le premier mandat de Laurent Wauquiez, réélu président (LR) de la Région Aura en juin, la "quadra" avait hérité du portefeuille de la formation professionnelle et de l’apprentissage. Six ans plus tard, la voilà numéro un "bis" aux côtés de son mentor. Avec un titre qui sonne comme un programme électoral. Pas de quoi impressionner cette Aindinoise tombée dans la marmite politique à 22 ans. Élue en 2001 maire adjointe dans sa petite commune du Plateau d’Hauteville (elle en est aujourd’hui la première adjointe), elle devient attachée parlementaire d’Étienne Blanc, avant de prendre sa place sur les bancs de l’Assemblée nationale entre 2016 et 2017.

Stéphanie Pernod l'assure : la "préférence régionale" n’est pas un slogan. "Nous revendiquons vouloir flécher les opérations d’infrastructures vers nos entreprises locales, assume-t-elle. Et nous y parvenons grâce à l’allotissement qui favorise l’accès à la commande publique des PME. Dans l’Ain, nous avons financé pour 1,3 million d’euros une école de production; Constater que la plus éloignée des 20 entreprises qui y ont travaillé est à 50 km, c’est une fierté." Le combat sera mené pour amplifier les efforts, quitte à le porter à l’échelle européenne, annonce-t-elle.

Soutien financier à la relocalisation

Des efforts aussi pour l'autre grand projet du programme de Laurent Wauquiez, la relocalisation. "Sur la feuille de route de mon mandat sont inscrites plusieurs missions, dont celle de déployer des lignes de production qui n’existent pas. C’est le premier maillon de la transition écologique", lance l'élue, qui prévient de la montée en puissance prochaine d’un "très bel acteur industriel en Haute-Savoie", sans vouloir en dévoiler davantage.

Elle espère aussi qu’une filière vélo verra le jour d’ici la fin du mandat. "Le coup de projecteur est là et la filière sait s’en saisir grâce à une démarche industrielle qui conduira à baisser les prix de ces équipements", plaide-t-elle. Dans le même esprit, elle cite l’entreprise Ball Aerocan, à Valserhône (Ain), filiale française d’un groupe américain, qui envisage de doubler sa ligne de production d’aérosols. "Pourquoi ne pas investir à leurs côtés ? Ce serait immédiatement trente ou quarante emplois", glisse-t-elle.

Le repreneur de Luxfer se manifestera début octobre

Financer les entreprises à fort potentiel, c'est le mantra du mandat. Quitte à laisser de côté les entreprises en difficulté. "On ne peut pas maintenir au-dessus de l’eau une entreprise vouée à disparaître, claque-t-elle, en résonance avec la doxa du Medef. Mais nous ne sommes jamais seuls à décider, nos services sont ultra pointus et très performants sur le potentiel économique des entreprises", assure-t-elle.

Pas de soutien donc, à quelques exceptions près. Dont celle de Luxfer, cette industrie de Gerzat (Puy-de-Dôme), dernière entreprise d’Europe à fabriquer des bouteilles d’oxygène. Après la fermeture décidée par son actionnaire anglo-américain Luxfer Gas Cylinders, les salariés ont empêché le démantèlement de l’usine, moribonde depuis fin 2018, en tenant un siège pendant plusieurs mois. Localement, les élus de gauche se mobilisent. Dans leur sillage, la Région annonce injecter 3 millions d’euros pour maintenir l’outil industriel. "L’enjeu, c’est de sauvegarder un savoir-faire et des emplois, ça se joue à quelques mois", justifie Stéphanie Pernod. Début octobre, un repreneur "solide" doit faire connaître son plan de reprise et son calendrier.

La question de l’attractivité

Pour amplifier le phénomène et créer de l’emploi, se pose le sujet de l’attractivité internationale de la région. L’agence Auvergne Rhône-Alpes Entreprises, nouvellement présidée par Franck Colcombet, PDG de Tecalemit, est bien placée pour s'emparer de cette fonction. Elle revendique l'accompagnement de plus de 10 000 entreprises du territoire en 2020. "Le premier mandat était centré sur un enjeu de fusion, de lisibilité, d’efficacité. On ouvre une deuxième phase, celle de l’identité". Avec, en filigrane, la question ("qui ne s’est pas encore posée") de prendre l’espace laissé par l’Agence d’attractivité de la région lyonnaise, l’Aderly, dont le rôle est en train d’être réécrit par la Métropole. L'Agence, via sa marque "Invest In Auvergne-Rhône-Alpes" annonce avoir contribué à l'implantation de 250 entreprises en 4 ans.

La nouvelle gouvernance de l'Agence Auvergne-Rhône-Alpes Entreprise. De gauche à droite Laurent Wauquiez, Florent Ménégaux, Franck Colcombet et Jacques Blanchet — Photo : Charles Pietri, Région Auvergne-Rhône-Alpes

Un produit d’épargne fléché vers les entreprises régionales

En dotant le portefeuille de l'économie d'un budget XXL, la Région entend devenir l’interlocuteur privilégié des dirigeants. En janvier 2021, l’institution a installé le dirigeant de Visiativ Laurent Fiard à la tête d’un fonds régional doté à termes de 100 millions d’euros gérés par Siparex (70 millions à ce jour). Désormais, Stéphanie Pernod va plus loin et l’institution veut lancer un produit d’épargne fléchée pour alimenter les entreprises. Elle œuvre auprès de l’Autorité des marchés financiers pour permettre à des épargnants d’abonder ce fonds et d’investir dans les entreprises locales. "Nous cherchons la meilleure option pour assurer une rentabilité, sinon personne n’épargnera. Il faut aussi assurer le risque, et enfin trouver la bonne façon d’organiser le fonds pour que être capables de le commercialiser". Femme politique, mais aussi femme d’affaires.

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