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Microlight 3D voit grand dans l’infiniment petit
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Microlight 3D voit grand dans l’infiniment petit

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Start-up grenobloise des microtechnologies, Microlight 3D conçoit et commercialise des micro-imprimantes 3D permettant d'imprimer des objets de quelques microns. Si les applications d'une telle technologie sont encore rares dans le monde de l'entreprise, le système intéresse en revanche de nombreux acteurs de la recherche mondiale.

— Photo : DR

À l’œil nu, on remarquerait tout juste un grain de sucre. Pourtant, il s’agit d’une réplique de la Statue de la Liberté imprimée en 3D sur une pièce de monnaie. À l’occasion de l’investiture du nouveau président américain le 21 janvier 2021, la société grenobloise Microlight 3D a décidé de marquer le coup et d’imprimer ce symbole de l’amitié franco-américaine en 3D mais à une échelle infiniment petite.

Un clin d’œil de 1,8 mm de haut qui met en lumière le travail de recherche mené depuis une quinzaine d’années par les quatre fondateurs de la société iséroise.

Créée en décembre 2016, la start-up Microlight3D (SAS au capital de 60 000 € ; 12 salariés) commercialise des systèmes de micro-impression 3D. « Notre technologie a nécessité quinze ans de développement dans un laboratoire de l’Université Grenoble Alpes autour d’une technologie de polymérisation à deux photons permettant de réaliser de l’impression en trois dimensions à très haute définition sur des échelles 100 à 1 000 fois plus petites que des imprimantes 3D traditionnelles », explique Philippe Paliard, l’un des cofondateurs de la société.

Applications multiples

Une entrée dans le monde de l’infiniment petit qui ouvre un champ des possibles relativement large. « Nous pouvons imprimer des objets invisibles à l’œil nu de quelques centaines de micron (0,001 millimètre, NDLR) à une dizaine de millimètres de haut », précise-t-il. Pour se rendre compte du changement d’échelle, Philippe Paliard évoque un système capable d’imprimer aussi bien une figurine d’un centimètre de haut tout en étant capable avec la même machine d’imprimer un immeuble de 10 mètres. « Notre système offre des possibilités et des capacités d’application impressionnantes », estime-t-il.

Les applications de tels systèmes s’adressent principalement aux laboratoires de recherche et aux scientifiques. « Jusqu’alors, ce type d’innovation n’intéressait que les laboratoires et les pôles R & D. Mais on remarque de plus en plus d’industriels intéressés pour réaliser de petites séries », note le dirigeant.

« Nous suscitons l’intérêt du secteur de la micro-optique pour la création de lentilles ou de microlentilles pour les smartphones, caméras, dispositifs intelligents ou des lentilles de fibre optique destinées à de nouveaux types d’endoscopes, par exemple. Tout comme le secteur des dispositifs médicaux pour la réalisation de microstents ou de micro-aiguilles transdermiques dédiées à l’injection. », détaille Philippe Paliard.

Un marché fortement internationalisé

Pour imprimer en 3D, la société a mis au point un polymère conçu à base de microparticules de silice disposant de « propriétés fortes » comme la légèreté, la flexibilité ou la déformation qui « peuvent intéresser les secteurs de la micromécanique ou de l’aéronautique ». L’appareil est aussi compatible avec des matières du marché disponibles sur étagère.

S’il ne dévoile pas le chiffre d’affaires de l’entreprise, Philippe Paliard concède vendre dans le monde entier. « Un tiers des ventes est effectué en France, le reste se répartit à l’étranger dont la moitié en Asie et aux États-Unis », souligne-t-il. En parallèle, la société lance la commercialisation d’un autre outil, le SmartPrint UV, un système permettant de concevoir des microstructures à faibles coûts en 2D et dont les applications visent les biotechnologies ou la microélectronique.

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