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Le Groupe Pernoud participe à la création d'un masque réutilisable dédié aux industriels
Ain # Plasturgie # Innovation

Le Groupe Pernoud participe à la création d'un masque réutilisable dédié aux industriels

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Le fabricant de moules pour l’industrie plastique Groupe Pernoud, basé à Oyonnax dans l’Ain, s’est attelé à concevoir avec deux autres entreprises un masque filtrant pour protéger leurs salariés. Amer de ne pas avoir été retenu sur les projets nationaux de masques réutilisables ou de respirateurs, le patron a fait le choix de l’initiative privée pour aller au bout.

— Photo : DR

C'est l'histoire d'une alliance entre une ETI, une PME et une TPE, qui a permis en quelques semaines de créer un nouveau masque de protection dédié à l’industrie. Parmi ces entreprises, le groupe Pernoud (CA 2019 : 13 M€ / 101 salariés), mouliste pour l’industrie plastique installé à Oyonnax (Ain), a été sollicité par la filiale française de l’entreprise italienne Sogefi (6 800 salariés), un des leaders mondiaux de la conception et de la fabrication de systèmes de filtration moteur pour l’automobile.

« Le président de Sogefi France m’a contacté pour me demander de travailler avec eux sur la fabrication d’un masque équipé de filtres réutilisables et cinq fois moins consommateur de média filtrant qu’un masque classique », développe Gilles Pernoud, PDG du groupe du même nom. L’objectif ? Équiper l’ensemble des 6 800 salariés du groupe italien de masques réutilisables adaptés aux contraintes des industriels, mais aussi la centaine de salariés du plasturgiste aindinois.

Une performance industrielle

Le projet est lancé le 4 avril avec la réalisation d’études de conception. Composé d’une coque en plastique polypropylène, d’une lèvre souple et de deux cartouches intégrant le filtre, le masque en cours de certification filtre l’air à plus de 98 %, selon les tests réalisés en interne. Des premiers prototypes sont imprimés en 3D par la TPE Alchimie de Dieuze (Moselle), fabricante d’imprimantes 3D. Un mois plus tard, le 4 mai, les premières pièces sont produites grâce aux cinq moules produits par le groupe Pernoud, « en seulement dix jours », raconte son PDG.

« Ce projet est né de la seule volonté de trois chefs d’entreprises volontaristes et s’est traduit en une réelle performance industrielle », salue Gilles Pernoud, qui évoque les 6 à 8 mois généralement nécessaires pour fabriquer un produit de ce type. Alors que l’ensemble des salariés des trois entreprises en sont désormais équipés, des clients et partenaires industriels partagent leurs intérêts pour le masque. Des distributeurs automobiles de Sogefi aux clients du groupe Pernoud, le masque séduit et les créateurs doivent désormais adapter la production à plus grande échelle. « Nous avons aujourd’hui des moyens de production d’un premier niveau, de l’ordre de 2 000 masques par jour », complète le dirigeant.

Photo : DR

La distribution sera opérée par Sogefi grâce à sa division commerciale, « d’abord aux industriels mais également au monde médical comme les premiers secours », précise Gilles Pernoud. Une présentation du produit est d’ailleurs prévue au CHU de Bourg-en-Bresse, mi-juin. Étanche, le masque permet également de se raccorder aux appareils de respiration artificielle.

L’amertume transformée en un levier d’innovation

Au total, près de 300 000 euros ont été investis en R & D et en temps homme pour concevoir le masque. « Nous ne sommes allés chercher aucun soutien et n’avons pas attendu les aides de la Région ou de l’Etat », tranche le PDG du groupe. Un tacle assumé aux différentes initiatives lancées en pleine crise du coronavirus qui traduisent le ressentiment du dirigeant.

Consulté pour la conception du masque OCov mais également des deux respirateurs MakAir et Osiris 3 d’Air Liquide, Gilles Pernoud critique la mise à l’écart de son entreprise au dernier moment après qu’elle a longuement travaillé sur les études de conception des différents projets. « Il y a un peu d’amertume d’investir du temps, de mobiliser notre bureau d’études pour n’être finalement pas retenu à l’arrivée. Sur un des projets, je reçois la commande des moules le matin pour qu’elle soit finalement annulée l’après-midi parce qu’un grand groupe a repris le dossier… On travaille avec des contraintes de délais, on chamboule nos organisations, tout ça pour rien », déplore le dirigeant.

« Ce sont des dossiers aidés qui démarrent avec des PME parce qu’il y a un besoin de réactivité très fort et d’affichage politique. Ensuite les intérêts financiers prennent le dessus, regrette-t-il. Sur les respirateurs, on a à chaque fois deux duos de concurrents qui ont besoin de montrer leur implication : d’un côté Renault et Legrand autour du projet MakAir et de l’autre, PSA et Schneider Electric sur le respirateur Osiris 3 », détaille-t-il. Une déception que le patron a donc décidé de mettre de côté en co-concevant lui-même son masque.

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