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Le fabricant de vélos cargo Kleuster se remet en selle avec un nouveau repreneur
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Le fabricant de vélos cargo Kleuster se remet en selle avec un nouveau repreneur

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Le fabricant lyonnais des vélos cargo Freegônes pour le dernier kilomètre, Kleuster, a été placé en redressement judiciaire en avril dernier, quelques jours après que la levée de fonds de trois millions d'euros que devait conclure son dirigeant ne soit avortée. Une décision difficile pour son patron mais qui permet à l'entreprise de repartir sur les routes avec un nouveau repreneur : Jean-Michel Lain, patron de Jean Lain Automobiles.

Fin mars, Gérard Tétu devait lever 3 millions d'euros pour faire passer un cap à ses triporteurs cargo Freegônes. Placé en redressement judiciaire, Kleuster a été repris par un des investisseurs du pool — Photo : Benjamin Fournier / Kleuster

« Un ascenseur émotionnel particulier ». Ces mots témoignent de la délicate période que vient de traverser Gérard Tétu, fondateur et dirigeant de Kleuster, une société lyonnaise spécialisée dans l’électro-mobilité qui conçoit et commercialise des vélos cargos pour la logistique du dernier kilomètre et la propreté urbaine, baptisé Freegônes.

Quelques jours avant que la crise sanitaire du Covid-19 ne chahute l’activité économique du monde entier, le quinquagénaire pensait donner un nouveau coup de pédale salvateur pour son entreprise, fondée huit ans plus tôt. « Nous étions en pleine phase de levée de fonds avec trois investisseurs dans l’objectif de réunir trois millions d’euros pour enfin donner à Kleuster les capacités de se développer », se souvient Gérard Tétu. Le deal devait être conclu fin mars.

Mauvais timing

Pourtant, alors que la crise qui couve n’en est qu’à ses prémices, un des investisseurs se retire de la partie. « La crise lui a instantanément fait perdre plus de 500 000 euros de loyer mensuel sur ses activités, explique-t-il. Il a souhaité temporiser et attendre pour m’accompagner. » Impossible pour le dirigeant, qui doit répondre de ses échéances bancaires. « Le problème quand vous faites de l’innovation, c’est que vous empruntez et vous devez rembourser quoi qu’il arrive. J’avais pourtant réussi à les repousser au maximum », raconte-t-il.

Pour éviter la cessation de paiements, Gérard Tétu se résout à demander la protection du tribunal de commerce. Placée en redressement judiciaire, la société a été reprise, en juillet, par un des investisseurs, Jean-Michel Lain, patron de la société savoyarde, Jean Lain Automobiles. « Reprendre une boîte à la barre du tribunal n’est pas dans son mode de fonctionnement habituel. Malgré tout le projet l’intéressait et il souhaitait renforcer son offre avec nos produits », précise le dirigeant, qui demeure directeur général de l’entreprise.

« C’est la vie d’un entrepreneur »

Si le plan initial s’est déporté vers un plan de sauvegarde, Gérard Tétu relativise l’échec du tour de table. « Finalement, nous ne sommes plus du tout dans une opération d’augmentation de capital mais de reprise. C’est la vie de l’entreprise et d’un entrepreneur que d’être capable de prendre des décisions difficiles dans des moments où tout ne va pas forcément bien », justifie-t-il.

Et d’interroger : « qu’est-ce qui est le plus important : réussir soi-même ou faire en sorte que le projet réussisse ? Ma réussite, c’est d’abord celle du projet. Dans ces cas-là, vous faites ce qu’il faut pour vous mettre dans les meilleures conditions possible pour rebondir », avance Gérard Tétu.

Un rebond et de l’espoir

Une sagesse qui augure de meilleurs jours pour Kleuster. Après huit ans à tenter de convaincre des clients de l’utilité de ses Freegônes, il envisageait de se structurer pour changer de braquet. « Ces premières années ont été importantes puisqu’elles nous ont permis de montrer à nos clients que nos produits correspondaient à leurs besoins. Aujourd’hui, nous voulons attaquer le marché et répondre aux demandes. Certains de nos clients testent le produit depuis cinq ans et sont prêts à en commander d’autres ».

Pour profiter de l’aspiration, Kleuster va recruter et s’étoffer avec un directeur commercial, un directeur technique, des opérateurs de maintenance. « D’ici deux ou trois ans, on peut créer une quinzaine d’emplois », espère-t-il. En attendant, la crise a malgré tout eu un effet positif : « je vendais en moyenne 80 véhicules à l’année. Depuis le déconfinement, les commandes n’arrêtent pas. On vient de lancer une production de 120 véhicules qui sont à 90 % tous adressés à la fois pour de la livraison urbaine frigorifique, la propreté urbaine mais aussi pour la food », fait savoir Gérard Tétu. Seul concepteur à avoir doté ses triporteurs cargo d’unité de froid dirigé, Kleuster vise d’ici fin 2021 les 320 véhicules distribués. Il a d’ailleurs contractualisé avec un nouvel industriel pour la fabrication de ses vélos Freegônes.

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