Fondée en 1984, puis reprise par son management actuel en 1994, la société gardoise Resma (70 salariés, CA 2022 : 24 M€) prend un virage stratégique amorcé en 2018. Leader dans la commercialisation d’accessoires pour les camions et poids lourds à destination des carrossiers (10 000 références en catalogue), elle se positionne aujourd’hui comme concepteur et fabricant de ce type de produits : bennes ou plateaux en aluminium, porte-voitures, bétaillères, etc. "Nos clients historiques, les carrosseries industrielles, sont de moins en moins spécialisés. Or, ils ont toujours besoin de sous-ensembles, que nous leur fabriquons désormais. Au lieu de produire en acier comme on le voyait par le passé, nous privilégions l’aluminium, un matériau plus léger. Sur des véhicules de 3,5 tonnes, il faut faire la chasse aux poids en trop", explique Alain Conil, président de Resma.
Une industrialisation planifiée sur trois ans
Le développement de cette gamme a nécessité de renforcer le bureau d’études, mais surtout l’outil industriel lui-même. Initialement basée à Baillargues et à Vendargues (Hérault) près de Montpellier, Resma a investi 3,5 millions d’euros dans l’acquisition d’un site industriel à Gallargues-le-Montueux (Gard), à proximité de Nîmes. D’une superficie de 4 500 m2, il a permis la construction d’un bâtiment de 2 500 m2 dédié à la production, mais aussi le rapatriement des capacités logistiques disséminées dans l’Hérault.
Si les lignes de production ne sont pas encore toutes installées, le nouveau site permet déjà à Resma de gagner sensiblement en productivité : l’entreprise va porter sa capacité de fabricant de 150 à près de 500 bennes par an, et de 20 à 40 plateaux par mois. "D’un mode de production unitaire, nous allons basculer vers de la production en série", commente Alain Conil. Sur le plan logistique, le site est conçu pour traiter entre 130 et 180 commandes par jour dans sa configuration actuelle. Mais Resma se projette déjà plus loin : l’entreprise prévoit d’investir 3,7 millions d’euros supplémentaires dans la construction d’un nouveau bâtiment logistique de 3 000 m2, livrable dans trois ans. Sa particularité : il s’élèvera à 13 m de hauteur. "Un tel volume nous permettra de gérer des mètres cubes et non plus des mètres carrés. Car la prochaine étape pour nous consistera à mécaniser en grande partie notre logistique", annonce le dirigeant. Au total, la construction des deux bâtiments portera à 11 000 m2 la surface de plancher aménagée sur le nouveau site.
Les promesses de la mobilité urbaine
En outre, Resma, qui s’appuie sur une équipe de 10 commerciaux, veut aussi élargir son spectre commercial : en plus de ses clients historiques dans la carrosserie, l’entreprise se développe fortement vers la mobilité urbaine. Elle est notamment le principal fournisseur du constructeur auvergnat Ligier qui, en plus de ses voitures sans permis, développe une gamme de véhicules utilitaires électriques. Resma cible également les start-up, comme le lyonnais Kleuster ou le bordelais VUF Bikes, qui se spécialisent dans les vélos à assistance électrique. "La mise en place des zones à faible émission pousse les entreprises de messagerie ou de livraison à trouver de nouvelles solutions telles que celles-ci. Nous suivons l’évolution du marché, tout en créant nous-mêmes cette demande. En effet, les start-up ont souvent l’idée, mais pas la capacité à fabriquer. Nous leur apportons cette possibilité", se réjouit Alain Conil, qui ambitionne de porter la croissance annuelle de son entreprise de 10 % à 50 %. Forte de ces perspectives, Resma vise un chiffre d’affaires de 50 millions d’euros en 2025.
