« Ma feuille de route en 2009 était claire : ramener l'entreprise à la profitabilité ». Six ans plus tard, Erick Méjean, directeur général de Lamberet SAS spécialisée dans la production de véhicules réfrigérés a gagné le pari. Et renforce encore la solidité de l'entreprise via un investissement sur fonds propres de 5M? prévu fin 2015 pour acquérir un terrain et un bâtiment couvert équivalent à celui de Saint-Cyr-sur-Menthon (60.000 m² de bâtiment sur 200.000 m² de terrain), une nouvelle unité de production à Saint-Cyr et de nouvelles machines. Le dirigeant entend creuser l'écart avec la concurrence en renforçant sa stratégie du sur-mesure avec des sites de production hyperspécialisés. Ainsi la future usine, dans l'Ain, sera dédiée aux véhicules utilitaires de moins de 7 tonnes tandis que Saint-Cyr se concentrera sur les camions plus de 7 tonnes produits avec le flux " Just in time " (zéro stock, et sur-mesure). « Les approvisionnements de la semaine servent à la production de la semaine suivante » précise le porte-parole du groupe.
Bannir les malfaçons
Une philosophie issue de l'industrie automobile japonaise dont s'est sans doute inspiré le dirigeant, qui a passé 13 ans en Asie avant de prendre les rênes de Lamberet. Et qui a permis de corriger les malfaçons, une des raisons de la faillite de l'entreprise en 2009. « Le 7 avril 2009, décrit le dirigeant, l'entreprise était liquidée. Le 9, il fallait reconquérir une clientèle plus qu'agacée par les malfaçons. Nous avons mis fin à une quête effrénée de productivité. Nous fabriquons des véhicules qui incarnent un bien patrimonial pour le petit artisan/traiteur, et pour la PME un investissement économique. Produire des véhicules non fiables était suicidaire ». Résultat : la part de marché a grimpé passant de 13 % à 25 % en 2014. La stratégie " haute-couture " permet aussi à Lamberet de conquérir une clientèle internationale avec 37 pays de commercialisation soit 12 de plus qu'en 2010
. Pour contourner les défauts ; l'entreprise a surtout renouvelé 100 % de ses gammes en 6 ans grâce à un bureau d'étude interne de douze personnes et la participation d'écoles d'ingénieurs ou de designers extérieurs. « Le BE travaille tellement bien que parfois nos fournisseurs nous disent que c'étaient à eux de créer certaines pièces que nous avons mises au point ! » s'enorgueillit le dirigeant. Qui n'entend pas lever le pied sur cette particularité. Alors que certaines industries externalisent, Lamberet a vocation à internaliser de plus en plus. Jusqu'à pouvoir se passer de certains fournisseurs. Et demain ? Erick Méjean nourrit de « grosses ambitions ». Avec 140M? de CA en 2014 la SAS réalise + 16 % de croissance par rapport à 2013 et prévoit encore +15 % en 2015.
Véhicule ultra-urbain
« Le projet d'entreprise est écrit pour deux ou trois ans durant lesquels nous allons poursuivre notre croissance organique. La profitabilité est l'élément le plus instable de l'entreprise mais avec 6,5 points d'Ebit (résultat d'exploitation) et une trésorerie de 15 M?, sans aucun
emprunt, notre position est confortable ». Pour accompagner la croissance (le chiffre d'affaires attendu en 2015 est de +20M?, soit 160M?), Lamberet recrute 50 personnes et va passer aux 3x8 pour produire 5.000 véhicules par an contre 4.800 aujourd'hui. Lors de Solutrans (17 au 21 novembre, Lyon Eurexpo). La société présentera un combiné rail-route et un véhicule utilitaire ultra-urbain fonctionnant au gaz issu de méthanisation permettant de contourner les nouvelles normes interdisant aux camions de livraisons d'entrer au coeur des villes.
Audrey Henrion
Lamberet SAS
(Saint-Cyr-sur-Menthon) 900 salariés Directeur général : Erick Méjean CA 2014 : 140M? www.lamberet.fr
