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Boris Saragaglia, PDG de Spartoo : « Comment j'ai repris l'enseigne de chaussures André »
Interview Grenoble # E-commerce

Boris Saragaglia PDG de Spartoo Boris Saragaglia, PDG de Spartoo : « Comment j'ai repris l'enseigne de chaussures André »

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Le leader européen dans la vente de chaussures en ligne Spartoo (400 salariés, CA 2017 : 165 millions d'euros : 15 boutiques) vient de confirmer la reprise des 700 salariés et 122 magasins détenus en propre par la marque André (groupe Vivarte). Boris Saragaglia, le PDG de Spartoo, raconte les coulisses du rachat.

— Photo : Spartoo

Le Journal des Entreprises : Après une candidature avortée auprès de Bata en 2016, ce rachat signe un coup d’accélérateur dans la stratégie « cross canal » de Spartoo, qui visait à développer une centaine de boutiques d’ici 2020. Ce rachat était-il une opportunité à saisir sur le vif ?

Boris Saragaglia : Depuis 2013, nous recherchions à développer un réseau de boutiques. Nous avons regardé beaucoup de dossiers ces derniers temps. Nous voulions à la fois un vrai savoir-faire dans le style, la production de chaussures et la vente en magasin, avec des sociétés qui durent. Nous avons appris en janvier 2017 que le groupe André était à vendre, et nous les avons contacté pour entrer dans le processus.

Comment se sont déroulées les négociations ?

B. S. : Le groupe Vivarte a tout fait pour maximiser la reprise des emplois et trouver un projet industriel pour ce dossier. Une banque d’affaires (Lincoln International) avait été mandatée pour conduire un processus compétitif, avec plus d’une dizaine d’offres en lice. Nous avons commencé à émettre des propositions et nous y avons travaillé jusqu’à la veille de Noël, avant de décrocher l’exclusivité. Je me suis fait accompagner par le cabinet Poulain Cren, ce qui est primordial dans ce genre de dossiers complexes.

Vous reprenez une marque qui fait presque deux fois votre taille : comment gérez-vous ce défi ?

B. S. : Plus qu’un défi, c’est un projet qui nous intéresse ! Nous voyons tous les risques comme une opportunité. Nous sommes prêts à les prendre et à travailler main dans la main avec le personnel. Au total, nous vendions 3 millions de paires par an, et 2 millions de paires pour André. Le nouvel ensemble pèsera 250 millions d'euros de chiffre d'affaires, dont 60 % seront issus de Spartoo. Nous deviendrons le seul groupe de taille industrielle où la moitié du chiffre d’affaires est réalisé sur internet, et l’autre moitié en magasin.

Quelles sont les prochaines étapes ?

B. S. : Nous allons continuer à échanger avec les salariés, en parallèle aux procédures avec l’Autorité de la concurrence. La vente devrait intervenir au deuxième trimestre 2018. Nous allons conserver le nom de la marque ainsi que l’ensemble des magasins, qui vont se recentrer sur la vente de chaussures. L’équipe dirigeante restera en place, et le siège demeurera à Paris. L’idée est de se concentrer sur une clientèle familiale, en y ajoutant des produits lifestyle avec des marques internationales, et un renforcement de la gamme enfant.

Vous avez annoncé 10 à 15 millions d'euros pour rénover le parc d’André. Comment comptez-vous repositionner l’image de la marque ?

B. S. : Nous allons passer en revue ensemble la collection, repositionner les prix, dans la logique de ce qu’avait commencé à faire le nouveau dirigeant depuis un an et demi. Nous allons aussi remettre à jour 50 à 60 magasins, et développer les outils numériques en s’appuyant sur notre propre savoir-faire en matière de développement, et en équipant les vendeurs de tablettes, afin qu’ils puissent et se transformer en points-relais pour Spartoo.

Propos recueillis par Marie Lyan

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