Armée : « Nous finançons l’innovation des TPE-PME »
Interview # Défense # Capital

David Lenoble sous-directeur en charge des PME au sein de la Direction générale de l’Armement Armée : « Nous finançons l’innovation des TPE-PME »

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Alors qu’un tout nouveau fonds baptisé Definvest doté de 50 millions d'euros cible les PME "Défense", une autre dotation désormais bien rodée offre aux TPE et PME généralistes l’opportunité de lancer des innovations dont la Direction générale de l’Armement supporte tout ou partie des dépenses. Explications.

— Photo : DGA-Paco Ben Amar

Le Journal des Entreprises : Difficile d’imaginer qu’un dispositif piloté par la Direction générale de l’Armement et la Direction générale des entreprises soit accessible facilement pour des TPE et PME...

David Lenoble : Il l’est pourtant ! La preuve depuis sa création en 2009 par Hervé Morin, alors ministre de la Défense, RAPID (le Régime d’appui pour l’innovation duale) a accompagné 53 projets en Auvergne-Rhône-Alpes. Nous nous engageons à donner une réponse, positive ou pas, entre 5 et 9 semaines.

Quelles sont les conditions à remplir pour bénéficier de ce soutien aux dépenses d’investissement ?

D.L. : D’abord, nous ne demandons ni le secret défense, ni clause de sécurité. Il est impératif que le projet de recherche soit à fort potentiel technologique. Nous avons à la DGA un réseau de 4 000 ingénieurs-experts très au fait de l’état de l’art qui s’en assurent. Ensuite, ce projet doit porter sur des applications intéressant à la fois le marché militaire et civil. Pour une raison simple : nous ne voulons pas rendre la TPE ou PME dépendante de l’un ou l’autre. Enfin l’aide financière est sans contrepartie : la DGA ne demande rien, ni d’ailleurs ne s’engage à acheter la technologie mise au point.

Quel montant peuvent demander les TPE/PME, sur quelle base ?

D.L. : L’entreprise nous adresse un simple dossier de candidature avec sa fiche financière et une présentation du projet en 20 pages maximum et une évaluation chiffrée de ses besoins financiers. Nous lui adressons une première avance puis remboursons sur facture. Pour avoir une aide de 100.000 euros, la société doit posséder l’équivalent de cette somme en chiffre d’affaires et en fonds propres. Puisqu’il s’agit d’argent public, la part d’autofinancement est indispensable. Sur les 62 projets menés en 2017 en France, chacun a bénéficié en moyenne d’une somme de 750 000 euros.

Des exemples de projets accompagnés en Auvergne-Rhône-Alpes ?

D.L. : Tra-C Industrie (Rhône) met au point un système de soudage de pièce sans addition de matière, grâce à une perceuse spéciale qui s’appuie sur la technologie de fabrication additive. Nous avions pris en charge 640 000 euros de dépenses liées à la mise au point de l’innovation. Tra-C était « tête de pont » du projet, en partenariat avec Thalès et Poly-Shape et a perçu à ce titre les deux-tiers de l’aide financière. En Isère, Probayes (25 salariés) a lancé en 2013 avec 750 000 euros de « RAPID » la mise au point d’un nouveau modèle mathématique permettant de faire des projections de trajectoires. En 2017, le programme est au point. Nous avons de la même façon aidé les ballons éclairant Airstar à Grenoble, les équipements de protection Ouvry à Lyon ou encore l’entreprise 2Ca en Auvergne. Celle-ci a mis au point des panneaux photovoltaïques en composite léger, capables d’être posés sur des tentes en plein désert pour fournir de l’énergie.

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