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Yamaha lance la production de moteurs de vélos électriques dans son usine de Rouvroy
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Yamaha lance la production de moteurs de vélos électriques dans son usine de Rouvroy

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L’industriel japonais Yamaha a consenti un investissement de 4 millions d’euros dans son usine de Rouvroy (Aisne), afin d’y produire les moteurs de vélos électriques destinés au marché européen. Ces derniers étaient jusqu’à présent fabriqués au Japon. La nouvelle ligne de production devrait atteindre sa pleine capacité sous trois ans.

Une quinzaine de salariés travaillent sur la nouvelle ligne de fabrication de moteurs pour vélos électriques, sur les 639 collaborateurs que compte l’usine Yamaha de Rouvroy (Aisne) — Photo : Yud Pourdieu Le Coz

Fin mars, l’industriel japonais Yamaha a inauguré en grande pompe une toute nouvelle ligne de production au sein de son usine de Rouvroy, dans l’Aisne. Celle-ci produira des moteurs de vélos à assistance électrique, destinés au marché européen. Baptisés Pw S2, ces moteurs de 2,85 kg, comptent parmi les plus récents proposés par Yamaha. Ils étaient jusqu’alors fabriqués au Japon. L’industriel a consenti un investissement de 4 millions d’euros dans ce projet, avec l’ambition de miser sur le made in France pour conforter ses positions sur le marché européen.

Une capacité de 300 000 moteurs par an

Une quinzaine de salariés s’affairent sur cette nouvelle ligne, opérationnelle depuis le début du mois de mars. Ils ont été soigneusement sélectionnés parmi les 639 collaborateurs de l’usine de Rouvroy, puis formés. Pour l’heure, cet effectif suffira à accompagner la montée en puissance de l’outil. D’autant qu’une centaine de collaborateurs ont été recrutés en 2022, sans oublier le recours à un volant de plus de 200 intérimaires. Quelque 45 000 moteurs sortiront du site dès cette année, pour équiper différentes marques de vélos assemblés en Europe. D’ici trois ans, l’objectif est d’atteindre la pleine capacité de la ligne, à savoir 300 000 moteurs par an. Pour le démarrage, ces moteurs sont réalisés avec des pièces provenant à 100 % du Japon, afin de sécuriser l’approvisionnement. L’idée étant par la suite de les sourcer en partie en Europe.

Vers une ligne d’assemblage de vélos électriques ?

Cette ligne de moteurs électriques, qui a bénéficié d’une subvention de 534 000 euros de la part de la Région Hauts-de-France, est installée dans un local jusque-là utilisé pour de la logistique. Si la montée en puissance est conforme aux ambitions affichées, l’usine régionale pourrait mettre à profit les mètres carrés encore disponibles pour accueillir par la suite une ligne d’assemblage de vélos électriques. "Rien n’est encore décidé mais ce n’est pas exclu. Ce serait une suite logique", commente Patrice Maciejewski, président de Yamaha Motor Manufacturing Europe. D’autant que l’usine comporte déjà une activité de mise à la route de vélos Yamaha. "Nous les réceptionnons depuis l’Asie et les préparons à la vente, c’est une activité similaire à celle d’un concessionnaire automobile", précise-t-il. En 2023, 15 000 vélos Yamaha ont ainsi été traités par l’usine régionale.

Un nouveau départ pour l’usine de Rouvroy

L’arrivée de cette ligne de moteurs est loin d’être anodine pour l’usine de Rouvroy, qui réalisait en 2023 un chiffre d’affaires de 418 millions d’euros. Ce projet marque un nouveau départ pour le site, racheté à 100 % par Yamaha en 1986, tout en contribuant à le pérenniser. L’usine de Rouvroy était jusqu’alors spécialisée dans l’assemblage de motos et de scooters, avec un total de 82 000 produits réalisés en 2023. "Notre objectif est de maintenir la charge de travail et donc les emplois, dans le cadre du déclin programmé des moteurs à combustion", souligne Patrice Maciejewski.

Pour symboliser ce changement, l’usine connue sous le nom de MBK Industrie vient d’être rebaptisée Yamaha Motor Manufacturing Europe. "C’est le début d’une nouvelle ère basée sur la diversification des produits", commente le président. L’usine affichait déjà quelques activités complémentaires, comme la modification de petits véhicules ATV/SSV, autrement dit des quads et petits utilitaires tout terrain, en vue de leur homologation pour le marché européen, avec 5 200 véhicules traités en 2023.

Produire sur le sol européen

Outre la volonté d’assurer l’avenir de cette usine, la fabrication de moteurs sur le sol français répond à la volonté de Yamaha de conforter ses positions sur le marché européen. Pour progresser, une présence physique était devenue incontournable dans la mesure où "8 vélos sur 10 vendus en Europe sont assemblés en Europe", assure Patrice Maciejewski. Avec près de 20 millions de vélos vendus par an, le marché européen du vélo est stable, mais le vélo électrique y occupe une place de plus en plus importante. "Il pèsera 50 % du marché européen du vélo dès 2030", indique le dirigeant, avant de préciser que l’Allemagne et les Pays Bas mènent la danse, juste devant la France.

Ce marché européen du vélo est par ailleurs le plus important sur l’échiquier mondial. "Il remporte les trois quarts de la demande mondiale actuelle", affirme le dirigeant. Yamaha a donc choisi de produire ses moteurs là où se trouve la demande, d’autant que les consommateurs sont sensibles au lieu de fabrication. La volonté affichée est de gagner des parts de marché (PDM) sachant qu’en Europe, Bosch caracole en tête avec ses moteurs qui occupent 41 % des PDM, suivis par Shimano (13 %), puis par Yamaha (12 %).

Une crise transitoire pour le marché du cycle

Si cet investissement intervient dans une période de turbulences pour l’industrie du cycle, Yamaha reste convaincu par une tendance de fond et la pertinence de ce mode de déplacement. "C’est une crise transitoire liée au fait que les industriels ont stocké beaucoup de composants après le Covid, dans le cadre des difficultés d’approvisionnement. Ils ont aujourd’hui des stocks importants dans un contexte d’inflation, leur priorité est donc de les résorber. La fluctuation du marché du cycle est par ailleurs plus floue que pour le marché de l’automobile, car il n’y a pas d’indicateurs fiables comme les immatriculations", analyse Patrice Maciejewski.

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