La start-up sophipolitaine Xpert est en levée de fonds, visant entre 5 et 10 millions d’euros. Cependant, "l’objectif n’est pas capitalistique mais expérimental, précise Julien Holtzer, son président. Nous cherchons des industriels pour monter des projets d’expérimentation sur site, de longue durée, dans des eaux profondes, à grande distance."
200 000 euros une sortie en mer
Le terrain de jeu d’Xpert se situe en effet 20 000 lieues sous les mers ou presque. La jeune pousse formée d’une équipe d’une dizaine de personnes, moitié chercheurs, moitié ingénieurs, développe des technologies de communication pour les milieux difficiles d’accès à l’homme, dont les fonds marins. "Toutes les technologies comme la 5G n’existent pas dans la mer. L’eau salée est le blocage majeur. Nous avons déjà de bons résultats dans les communications sous-marines sans fil, longue distance, à haut débit." Xpert a achevé sa première phase de R & D et en démarre une nouvelle. D’où l’importance de trouver les bons partenaires industriels, comme il en existe au cœur de l’écosystème maralpin et plus largement en région Sud, pour pouvoir effectuer des tests réguliers, à des distances et des profondeurs différentes. "Une sortie en mer pour expérimenter nos technologies telle que nous l’imaginons, coûte dans les 200 000 euros en comptant les plongeurs, le matériel, le temps passé… Aujourd’hui, nous gonflons un bateau et nageons jusqu’au cap d’Antibes, la Ville d’Antibes nous soutient. Nous arrivons donc à nous débrouiller à 150 mètres mais notre objectif est d’avoir une technologie à 2 kilomètres et 100 mètres de fond. L’apport que nous recevrons n’est donc pas forcément en euros, mais en moyens. "
Un futur "Elon Musk de la mer" ?
Les enjeux sont immenses, en matière de protection, de surveillance ou d’exploration des fonds marins. Le marché des communications sous-marines pèserait actuellement 5 milliards d’euros et "30 milliards d’euros d’ici 2050", sachant, selon Julien Holtzer, que 80 % des cas d’usage sont encore inconnus. Mais une chose est sûre, les océans attireront de plus en plus de protagonistes espérant trouver dans ce territoire quasi vierge de nouvelles sources d’énergie, d’alimentation ou de composants pharmaceutiques. "Il est vrai que l’on connaît beaucoup mieux l’origine de l’univers que le fond des mers. La fosse des Mariannes dans l’océan Pacifique (l’endroit le plus profond du monde, estimé à 11 000 mètres de profondeur, NDLR) a par exemple été moins explorée et cartographiée que la Lune. Il y a un côté un peu Far West, on l’a vu dans le spatial avec l’arrivée d’acteurs privés pour construire des fusées. On peut imaginer un "Elon Musk de la mer" qui ait la capacité d’aller y trouver un eldorado, d’y mettre ses bateaux et ses filets pour tout récupérer. On voit ce que l’homme a fait et détruit sur terre, puis dans l’espace où les déchets sont nombreux dans les couches hautes. Pour la mer, faisons l’inverse et voyons comment nous pouvons préserver les choses et avoir une approche raisonnée avant d’y aller."
Labellisée deeptech, soutenue par des prêts et des subventions de Bpifrance, de la French Tech (via la bourse "Émergence") ou encore Région Sud Investissement, Xpert bénéficie de l’investissement et de l’accompagnement de son actionnaire, Sébastien Fraisse, fondateur et dirigeant du groupe Datacorp. Pour nourrir son développement, la start-up prévoit le recrutement de 10 à 20 personnes supplémentaires au sein de son équipe dans les deux ans à venir.
