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Xavier Gandiol : "Sur les 28 000 fournisseurs du ministère des Armées, 20 000 sont des TPE-PME"
Interview Var # Défense

Xavier Gandiol adjoint au chef de la mission des achats de défense "Sur les 28 000 fournisseurs du ministère des Armées, 20 000 sont des TPE-PME"

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Premier acheteur public, le ministère des Armées consacre chaque année 14 % de son budget à des achats directs auprès de PME et est venu le rappeler à une centaine de dirigeants d’entreprise réunis à Toulon lors d’une convention dédiée aux marchés de la Défense.

En s’associant au ministère des Armées, la CCI du Var facilite l’accès des PME aux marchés publics de la Défense — Photo : DR

Quels volumes de marché sont accessibles aux PME et TPE ?

Aujourd’hui, sur les 28 000 fournisseurs du ministère des Armées, 20 000 sont des PME, dont 10 000 sont des TPE. Quelle que soit leur taille, toutes les entreprises peuvent travailler avec nous. L’armée française réalise pour 5 milliards d’euros d’achats par an, hors armement. S’il est difficile de donner un chiffre précis du poids économique que cela représente en Région Paca, nous pouvons néanmoins évaluer le poids de l’armée à Toulon aux alentours d’un milliard d’euros, la capitale varoise comptant parmi les zones de défense les plus importantes avec Brest et Bordeaux.

La région Provence-Alpes-Côte d’Azur est au deuxième rang des régions françaises pour la Défense, avec un effectif de près de 46 000 personnels civils et militaires, soit 16 % des effectifs nationaux. Toulon est la principale base navale française et la base de défense la plus importante avec plus de 17 000 personnels civils et militaires.

Selon la CCI du Var, les paiements directs du ministère aux PME régionales s’élèvent à plus de 158 millions d’euros, ce qui place la région au troisième rang national : 1 812 entreprises sont bénéficiaires et 954 emplois sont directement liés à ces achats.

Quels types d’achats sont réalisés par l’Armée ?

Tout ce qui relève de la vie quotidienne : bâtiment, travaux publics et infrastructures, équipements industriels, fournitures, entretien d’espaces verts, prestations de nettoyage, informatique, formation, outillage aéronautique ou encore ingénierie. Nos besoins sont vastes et identiques à ceux d’une collectivité. Nous touchons donc toutes les catégories d’entreprises, dans tous les secteurs d’activité.

D’ailleurs, nombre des contrats passés par l’Armée n’excède pas les 40 000 euros.

Comment une entreprise peut-elle décrocher un contrat avec l’Armée ?

Le message que nous relayons à chacune des conventions d’affaires auxquelles nous participons, comme celle organisée par la CCI du Var, à Toulon, est le suivant : l’Armée est accessible à tous. J’invite toutes les entreprises à nous contacter, à se faire connaître de nos services. Nos acheteurs les prendront ensuite par la main pour les guider et leur offrir l’opportunité de remporter des affaires. Il faut savoir que l’Armée achète bien souvent par le biais de demandes de devis et lorsqu’il s’agit de marchés supérieurs à 40 000 euros, les entreprises peuvent s’inscrire sur un portail, qui leur permettra de recevoir toutes les annonces susceptibles de les intéresser. Autre point important : nos services acheteurs sont au plus proches des territoires, mais aussi des "forces soutenues", ils ont délégation de signature et ont la possibilité de signer des contrats localement.

"Nos services acheteurs ont l’autonomie de décision"

L’un des objectifs poursuivis par cette politique est de compter un maximum d’entreprises candidates, favorisant ainsi la mise en concurrence.

Chaque entreprise a aussi la possibilité de se regrouper avec d’autres pour décrocher de plus gros contrats (notamment via l’UGAP, Union des groupements d’achats publics), à l’image de ce qu’avait réussi Jacques Rouard, le dirigeant de l’entreprise toulonnaise Charlemagne, spécialiste de la fourniture de bureau. En se regroupant avec d’autres, il l’avait emporté face à des géants.

L’Armée est-elle une bonne cliente pour les entreprises ?

Le ministère des Armées est engagé dans une démarche visant à établir des relations de confiance équilibrées et durables avec les PME et est le premier ministère labellisé "acheteur responsable" par le Gouvernement. Concrètement, cela signifie d’abord que nous payons vite : la moyenne est de 15 jours, mais en général le règlement intervient en quatre à cinq jours, notamment grâce à la carte "achat" qui peut être assimilable à une carte de paiement. Nous aidons les entreprises à avoir une santé financière stable. D’ailleurs, lorsqu’est survenue la crise sanitaire du Covid-19, nous avons soutenu les entreprises en passant des commandes, alors que nous n’en avions pas forcément besoin.

"Le ministère des Armées est le premier ministère labellisé "acheteur responsable" par le gouvernement"

Enfin, nos achats sont socialement responsables et nous signons avec certains de nos fournisseurs une clause de solidarité pour les militaires blessés. Cette clause prévoit que nos entreprises partenaires prennent des militaires blessés en stage, sans engagement de recrutement. Ainsi, nous avons signé à Toulon une première convention liant la Plateforme Sud du service du Commissariat des armées (PFC Sud) et le Groupement momentané d’entreprises solidaires "Défense Bureau", fondé en 2020, à l’initiative de Jacques Rouard, qui propose une vingtaine de postes de stagiaires.

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