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Vulkam lève 34 millions d’euros pour industrialiser sa production de métaux amorphes
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Vulkam lève 34 millions d’euros pour industrialiser sa production de métaux amorphes

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La deeptech grenobloise a bouclé un tour de table de 14 millions auprès d’investisseurs, complété par un pool bancaire de 20 millions accompagné par Bpifrance. Avec cette opération, la jeune pousse spécialisée dans la production de métaux amorphes à destination des marchés du luxe et du médical notamment, devrait financer la construction de sa première usine, opérationnelle en 2025.

Le normalien et chercheur en métallurgie Sébastien Gravier, a fondé Vulkam en 2017 pour développer et produire des métaux amorphes — Photo : Robin PIERRESTIGER EI - PIERRESTIGER Robin

Vulkam passe à l’échelle industrielle. La deeptech iséroise (30 salariés ; CA : NC), basée à Gières, au sud de Grenoble, a annoncé un tour de table de 34 millions d’euros pour financer la construction de sa première usine de production de métaux amorphes. Après une première levée de fonds de 4,5 millions d’euros il y a trois ans, la pépite a cette fois réuni 14 millions en Equity, auprès du fonds SPI 2, géré pour le compte de l’État par Bpifrance dans le cadre de France 2030, de ses investisseurs historiques (Supernova Invest, UI Investissement, BNP Paribas Développement et Crédit Agricole Sud Rhône Alpes Capital), auxquels sont venus s’ajouter le fonds à impact Inco Ventures et le groupe SEB (via son véhicule d’investissements SEB Alliance) ainsi qu’une financière privée, Vertech. Une opération complétée par un montant de 20 millions d’euros en dette. "La moitié des fonds récoltés sera dédiée au financement du nouveau site. Le reste sera équitablement réparti entre les investissements en R & D, la masse salariale et les frais généraux", explique ainsi Sébastien Gravier, président et fondateur de Vulkam.

La future unité de production de 3 000 m2, située au Versoud (Isère) devrait être opérationnelle courant 2025 et permettre à Vulkam de produire 2 millions de pièces dès la première année et 4 millions dès 2026, contre une capacité actuelle de 78 000 composants. Avec 20 embauches à la clé dans les 3 années à venir.

La prochaine révolution métallurgique

Fondée en 2017 et issue du CNRS, Vulkam a pour ambition de révolutionner la métallurgie traditionnelle, grâce à la production à grande échelle de métaux amorphes, c’est-à-dire dont la structure atomique est désorganisée. "Le marché de la métallurgie représente 700 millions d’euros de chiffre d’affaires en Europe. Nous avons l’ambition d’en prendre une part progressive en commercialisant nos métaux amorphes, les Vulkalloys®", poursuit le dirigeant. Les technologies brevetées par l’entreprise permettent ainsi de faire fondre dans une première machine des alliages très spécifiques de métaux qui, sous forme de lopins (cylindre de métal, NDLR), sont ensuite placés dans des machines de thermomoulage, pour obtenir un produit fini dont la structure est amorphe. Spécificité de l’entreprise qui lui permet de se distinguer de la concurrence américaine et asiatique : elle intègre la totalité de la chaîne de production, de la matière brute au produit fini. "Ainsi, nous maîtrisons toute la chaîne de matière et en connaissons la composition exacte", avance le fondateur. De plus, les procédés de production par thermomoulage de haute précision, permettent à Vulkam de réduire drastiquement les quantités de matières premières nécessaires (-50 %), et d’émission de CO2 (-30 %).

Un objectif de 25 millions d’euros de chiffre d'affaires

Enfin, l’organisation atomique modifiée de ces alliages de métaux possède des propriétés radicalement améliorées par rapport aux métaux traditionnels avec notamment une bien meilleure résistance et une plus grande flexibilité et légèreté. Les Vulkalloys® ont donc déjà séduit de nombreux industriels de l’horlogerie, du médical (Straumann, Moria) et de l’aérospatial (CNES et ESA), demandeurs de pièces métalliques en grands volumes et à très haute valeur ajoutée. "Nous visons une activité de 25 millions d’euros, correspondant à la production de 4,5 millions de pièces par an. Ce niveau ne pourra être atteint qu’une fois l’usine construite", termine le fondateur.

Isère # Métallurgie # Innovation # Levée de fonds # High-tech