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Voyages Eurafrique : "Nous ne retrouverons pas notre chiffre d'affaires de fin 2019 avant 2023"
Interview Aix-en-Provence # Tourisme # International

Philippe Korcia dirigeant de l’entreprise Voyages Eurafrique "Nous ne retrouverons pas notre chiffre d'affaires de fin 2019 avant 2023"

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Philippe Korcia, dirigeant de l’agence de voyages, Voyages Eurafrique, créée en 1963 à Aix-en-Provence, revient sur les difficultés du marché liées à la pandémie du coronavirus et les solutions mises en place par son entreprise.

Philippe Korcia — Photo : ORIANNE O

À la fin 2019, Voyages Eurafrique, basée à Aix-en-Provence, enregistrait 70 millions d’euros de chiffre d’affaires. Quel a été l’impact de la crise sanitaire sur votre agence de voyages ?

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En 2019, nous faisions 70 millions d’euros de chiffre d’affaires. En 2020, nous n’avons enregistré que 17 millions d’euros. Notre secteur d’activité, le tourisme, a été le plus impacté par la pandémie. Personne n’imaginait qu’un tel blocage à l’échelle mondiale pouvait arriver. Sans les aides de l’Etat, il n’aurait pas été possible de pérenniser les emplois et d’attendre la reprise. Le PGE (prêt garanti par l’État), bien sûr, mais également le chômage partiel. Pour notre part, nous avons regroupé nos activités sans licenciement. Nous avons réduit le nombre de nos agences, de huit en 2019 à cinq en 2020, et nous avons travaillé sur l’optimisation des coûts. Nous n’avons pas perdu de clients. Notre force, sans doute, est d’être une entreprise 100 % familiale, solide, sans dette. Nous avons un socle et des fonds propres. Nous avons ainsi déjà remboursé une partie du PGE et étalé la suite sur quatre ans. Nous sommes capables de prendre des décisions rapidement et nous avons eu le soutien de nos 64 collaborateurs. La reprise n’a commencé qu’au début de l’année 2021.

Vous parlez de reprise depuis le début de 2021. Comment cela se passe-t-il concrètement ?

Pour notre clientèle principale, les entreprises, le redémarrage de l’activité a commencé par des déplacements en France, puis en Europe. Depuis septembre, les autres destinations se remettent en place dès que les pays rouvrent leurs frontières, comme c’est le cas avec les États-uniens. En une seule journée, nous avons ainsi vendu 200 billets d’avion pour les États-unis, dans le cadre du CES de Las Vegas. Reste l’Asie qui est encore fermée. Or, la Chine est un gros marché sur le secteur entreprises.

Notre filiale, IKS Events, dédiée à l’organisation de voyages de groupe et de motivation des cadres d’entreprise recommence à être sollicitée depuis septembre également. La vraie question aujourd’hui est : cela va-t-il vraiment durer ? Une cinquième vague est une perspective angoissante.
Nous restons concentrés sur notre cœur de métier, l’entreprise. Ainsi, en septembre dernier, nous avons mis en place une application développée en partenariat avec Amadeus. Baptisée Cytrik, elle s’adresse particulièrement aux TPE et aux petites entreprises. Elle permet de réserver l’ensemble d’un voyage (transport, hôtel, voiture…) depuis son smartphone en quelques minutes et d’obtenir une seule facture tout en bénéficiant des meilleurs tarifs.

Toutefois, nous ne retrouverons pas notre chiffre d’affaires de fin 2019 avant 2023. Les entreprises ont changé de comportements. Tout le monde réduit ses coûts et notamment ses déplacements. Je pense que les 15 % de voyages d’affaires, qui étaient liés à des réunions internes aux entreprises, ne va pas reprendre. Pour nous, c’est un chiffre d’affaires définitivement perdu.

Malgré la situation, vous avez organisé le 21 octobre dernier la cinquième édition du Salon du voyage d’affaires à Aix-en-Provence…

Nous avons lancé ce salon voici maintenant sept ans. Il a bien sûr été interrompu pendant la crise sanitaire et nous avons voulu le relancer. Tous nos partenaires nous ont suivis et nous avons réuni près de 200 participants. Le salon est avant tout l’occasion d’échanger sur les enjeux de la gestion des déplacements professionnels et de présenter des solutions technologiques qui pourraient aider à l’optimisation de leurs dépenses liées aux voyages d’affaires de leurs collaborateurs. Nous avons cette année fait notamment intervenir Christophe Caille fondateur de l’association Entrepreneurs pour la Planète, qui propose aux chefs d’entreprise d’investir dans des projets environnementaux via une plateforme digitale, afin de nous parler des enjeux environnementaux du transport. Le tourisme est un métier avec une forte empreinte carbone et nous devons travailler à apporter des solutions à cette problématique.

Comment se répartit votre activité entre clientèle de particuliers et de professionnels ?

Nous travaillons désormais à 80 % pour une clientèle d’entreprise. Il y a cinq ans, les proportions étaient plutôt de 60/40 pour une clientèle de particuliers. Mais aujourd’hui, le marché du grand public a évolué. Les gens se débrouillent souvent tout seuls, grâce à internet. C’est un secteur très difficile, sur lequel nous réalisons toutefois encore près de 15 millions d’euros de chiffre d’affaires au travers de nos agences d’Aix-en-Provence, de Marseille et de Cannes. Notre avantage sur ce marché, c’est que nous sommes un acteur reconnu sur le territoire et que l’on peut nous joindre à tout moment, nous ne sommes pas un site basé au Luxembourg. De même, pour notre clientèle Entreprise, nous avons mis en place un service après-vente 24h/24 en interne, avec nos propres collaborateurs. Il est impératif de pouvoir répondre à toute heure de la journée en fonction des décalages horaires. Nous sommes les seuls en région à proposer ce service.

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