Transformer une voiture thermique en voiture électrique, c’est possible. Mais la loi française est formelle, il faut "neutraliser le réservoir à carburant". Un gros frein pour la start-up Vectura System, fondée en avril 2021 à Savenay (Loire-Atlantique), qui développe un kit composé d’une batterie, d’un moteur électrique et d’un calculateur, adaptable sur tous types de voitures afin de les rendre hybrides. "Nous ne pourrons pas homologuer nos kits à court terme en France car leur installation vient seulement en supplément du moteur existant", témoigne Sébastien Berthebaud, cofondateur, avec Sébastien Rouquet, de Vectura System (chiffre d'affaires non communiqué).
L’Allemagne ne possédant pas cette barrière réglementaire, la start-up vient d’ouvrir une division à Hambourg afin de gérer l’homologation, prévue courant 2023, puis la commercialisation de leur kit. "Le marché allemand est plus réceptif et en recherche de solution technologique", remarque le cofondateur. Les deux associés de la start-up cherchent en parallèle à lever deux millions d’euros, dont 700 000 euros provenant de fonds d’investissement privés complétés par l’apport de banques et de subventions. Ce financement servira notamment à employer leurs premiers commerciaux, et à déployer la chaîne logistique.
Cibler les concessionnaires
Vectura System a profité des derniers mois pour affiner son positionnement. "Au lieu des particuliers visés initialement, nous ciblerons les concessionnaires de flottes d’utilitaires. Ces véhicules sont souvent amenés à rouler à la fois sur de longues routes, mais aussi dans les centres-villes pour des livraisons, entraînant donc un plus fort besoin d’hybridation", soulève Sébastien Berthebaud. Cette décision a également été motivée par la croissance du leasing, soit la location de véhicules gérés par les concessionnaires, qui représente dorénavant 50 % du marché des immatriculations de voitures neuves, selon les chiffres du cabinet C-Ways.
Limiter les matières premières
Le moteur électrique actuel des kits de Vectura se recharge seulement au freinage. Ce dernier entre en action pour booster le véhicule lors de la phase d’accélération, où habituellement les moteurs thermiques surconsomment. Le kit permet ainsi une réduction de 15 % de la consommation à l’usage. Mais Vectura compte aller plus loin, en investissant une partie de la levée de fonds dans l’innovation, et plus précisément sur la mise au point d’un moteur rechargeable pour un mode 100 % électrique. "Toujours dans un objectif de frugalité, nous travaillons sur une batterie légère pour une autonomie de 20 à 30 km, afin de limiter la consommation de matières premières inutiles à la construction", commente Sébastien Berthebaud.
Malgré son départ outre-Rhin, la start-up conserve son ancrage nantais afin de développer un logiciel calculateur d’impact qui accompagnera la vente des kits. L’objectif est d’intégrer plusieurs paramètres (fabrication, usage, recyclage etc.) afin de définir la technologie la plus écoresponsable pour chaque transport. "L’électricité est considérée comme bas carbone en France grâce au parc nucléaire, mais c’est loin d’être aussi évident en Allemagne où celle-ci provient en partie du charbon, explique Sébastien Berthebaud. Notre bilan doit donc inclure autant les matières premières utilisées, que le bilan global énergétique."
