Pays réputé pour sa complexité administrative, la France enregistre 850 000 dossiers de permis de construire et déclarations de travaux par an. "Pour les professionnels et les particuliers, cela se traduit en moyenne par quatre heures de temps passé et mille euros dépensés pour chaque dossier", commente Guilhem Tuffery, PDG d’Urbassist. Sur ce constat, la start-up nîmoise (8 salariés, CA prévisionnel 2023 : 682 000 €) a conçu le premier assistant en ligne permettant d’accélérer les autorisations d’urbanisme (certificat d’urbanisme, déclaration préalable, permis de construire). À la clef, un gain non négligeable, aussi bien en temps (moins de 20 minutes) qu’en argent (79 euros pour la déclaration préalable).
Quand l’administratif est automatisable
Fondée en 2018, Urbassist a lancé son développement commercial en novembre dernier, et affiche à ce jour 12 000 dossiers d’urbanisme finalisés et transmis à plus de 500 communes. Aux travaux techniques déjà couverts, la start-up nîmoise va rajouter, cet automne, l’installation de panneaux photovoltaïques, eux aussi soumis à autorisation. Une nouvelle brique technologique permettra de faire la demande de raccordement au réseau électrique géré par Enedis, tandis qu’en 2024, de nouvelles fonctionnalités seront proposées aux installateurs de panneaux pour les devis de vente et la gestion clients. "Nous enregistrons une forte traction commerciale sur le photovoltaïque, avec près de 800 dossiers déjà réalisés. Nous voulons nous diffuser sur le plan national auprès du plus grand nombre possible de professionnels, tout en tenant compte de leurs demandes, qui portent sur un outil global incluant la gestion clients. Tout ce qui est administratif sur ce créneau est automatisable", résume Guilhem Tuffery.
Une plateforme facilement extensible
En effet, Urbassist exploite un savoir-faire technologique acquis après deux ans de R & D menée avec divers laboratoires, dont l’Inria (institut national de recherche en informatique et en automatique) de Montpellier : sa plateforme exploite les données disponibles en open data pour localiser la parcelle n’importe où en France, pour modéliser en 3D la maison ou le site des travaux concernés, et pour générer le document demandé, le tout de façon automatisée. Cette souplesse permet aujourd’hui à Urbassist de faire évoluer son offre vers une gestion globale des démarches administratives en matière d’urbanisme, en agrégeant les services autour des documents produits. Ainsi, en 2024, la start-up prévoit aussi de traiter les dossiers pour la rénovation énergétique et l’extension des bâtiments.
La clientèle d’Urbassist se compose de TPE-PME, principalement dans l’installation de panneaux photovoltaïques et de piscines, mais aussi de grands comptes (des industriels évoluant dans ces deux branches). "Nous avons signé six grands comptes et prévoyons d’en convaincre six à sept de plus dans les prochains mois. L’évolution de notre plateforme nous permet d’attaquer ce profil de clients, qui gèrent des projets de grande volumétrie, avec des coûts à maîtriser en fonction de nombre de chantiers", précise Guilhem Tuffery. Pour nourrir cette stratégie, Urbassist table sur une levée de fonds d’1,4 million d’euros d’ici la fin 2023, qui lui permettra de porter ses effectifs de 8 à près de 25 salariés, basés au BIC Innov’Up de Nîmes et au Village by CA Montpellier. Elle veut lancer sa croissance à l’export, d’abord au Benelux et en Italie, puis dans toute l’Europe en 2026. L’entreprise prévoit de doubler de taille en un an, avec un objectif de chiffre d’affaires de 1,4 million d’euros en 2024, et d’atteindre le cap des 12 millions en 2027.
