C’est une très vieille dame qui vit une nouvelle jeunesse. Fondée en 1812, la distillerie Vrignaud a connu des années fastes au point de devenir une institution en Vendée. En 1889, elle obtenait même une médaille d’or lors de l’Exposition Universelle de Paris, le lieu et l’année où la Tour Eiffel se révélait au monde. Mais au fil du temps, elle s’était endormie.
Jérémie Mourat a souhaité réveiller ce monument. Voici trois ans, il reprend la distillerie à un ami qui voulait s’en séparer. Lui est avant tout vigneron, fils du créateur du domaine viticole portant leur nom à Mareuil-sur-Lay, à une dizaine de kilomètres de la distillerie. Aujourd’hui, le vignoble Mourat est le plus gros domaine viticole de Vendée avec 163 hectares de vigne en culture biologique, 11 millions d’euros de chiffre d’affaires et 41 collaborateurs. Son beau-frère, Michaël Roulleau (qui a notamment été directeur administratif et financier et RH dans différentes entités), l’a depuis rejoint au capital de Vrignaud. Tous deux associés, ils redonnent un nouveau souffle à la distillerie à laquelle ils confèrent désormais un caractère familial.
Un whisky made in Vendée
Pour "redonner une certaine noblesse à la distillerie" disent-ils, ils ont retiré quelques recettes, en ont repensé d’autres, et en ont même créé, telle celle du Spritz. Le produit le plus réputé est le Kamok, "sûrement une des meilleures liqueurs de café au monde", estiment-ils. Pastis de Vendée, Vermouth, Troussepinette : Vrignaud fait dans le haut de gamme, produisant chaque année entre 350 000 et 400 000 bouteilles. Les alcools sont distribués dans la région via un réseau de cavistes, de grossistes et la grande distribution. Une prochaine nouveauté marquée du sceau de l’ambition est de produire un whisky vendéen. La distillerie a réalisé en 2020 un chiffre d’affaires de 2 millions d’euros "et nous devrions faire davantage cette année".
Présent essentiellement sur la région, Vrignaud ambitionne d’être une marque rayonnant sur toute la France et à l’international. "Chez Mourat, l’export représente environ 25 % de l’activité, avec notre propre réseau de distribution. Pour Vrignaud, tout est à faire. Nous allons donc adosser la clientèle de la distillerie à celle du domaine", précise Jérémie Mourat. Une démarche qui passe notamment par le développement de l’œnotourisme. Les visiteurs du site viticole de Mareuil-sur-Lay pourraient être invités à découvrir dans une même boucle la distillerie. D’autant que cette dernière va se rapprocher géographiquement.
La distillerie va déménager
De Saint-Gemme-la-Plaine, elle déménagera, à l’été 2022, à Corpe. C’est dans ce village, sur le site du Logis de Frosse, que le futur site de Vrignaud verra le jour. "Nous allons construire une nouvelle distillerie, l’actuelle étant désuète, précise Michaël Roulleau. Nous allons également y aménager quatre ou cinq gîtes". Coût estimé du projet pour lequel la distillerie a été retenue comme lauréate du plan de relance : 1,4 millions d’euros. Sur ce site de cinq hectares, seront aussi plantés des arbres fruitiers, imitant une production ancestrale sur ce territoire qui était dans les limbes. Et les fruits qu’ils donneront seront distillés sur place.
