Tributaire des réglementations sur la méthanisation, Evalor vers une année 2024 en forte croissance
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Tributaire des réglementations sur la méthanisation, Evalor vers une année 2024 en forte croissance

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Evalor, qui vient de déménager à Plérin, voit son chiffre d’affaires fortement évoluer en fonction de l’évolution des réglementations qui favorisent ou contrarient son marché d’unités de méthanisation pour les exploitations agricoles. Après un creux cette année, de nouveaux débouchés promettent une année 2024 en forte croissance.

Isabelle Robin est la directrice générale d’Evalor après avoir été la première salariée de la PME née en 1997 — Photo : Matthieu Leman

Evalor (18 M€ de CA en 2022, 40 salariés) a intégré fin juin 2023 de nouveaux locaux à Plérin (Côtes-d’Armor). Désormais propriétaire, l’entreprise, qui conçoit et réalise la partie process de production du gaz des unités de méthanisation pour les exploitations agricoles, a investi 1,3 million d’euros dans un bâtiment existant de 600 m² d'atelier et autant de bureaux, après construction d’une extension de 300 m². "Nous étions locataires et à l’étroit", explique Isabelle Robin, DG d’Evalor. "Nous avons désormais un bâtiment technique digne de ce nom."

La PME intègre ses nouveaux locaux au moment où son activité, tributaire des réglementations, reprend fortement après un creux en 2023, qui devrait voir son chiffre d’affaires descendre à 12 millions d’euros. "En novembre 2021, le tarif réglementé du biogaz a baissé, ce qui a entraîné un fléchissement des ventes d’unités de méthanisation en 2022, encore accentué par l’augmentation du prix des matériaux et de l’énergie", remarque la dirigeante. "Ce changement de tarif avait également entraîné beaucoup d’anticipation, avec des réalisations multipliées par quatre en France avant novembre 2021."

Retournement de tendance

Mais d’autres réglementations ont retourné la tendance récemment. En juin 2023, une augmentation de près de 10 à 15 % du coût de rachat du biométhane, qui a ramené le tarif à un niveau équivalent à celui d’octobre 2021, a reboosté les projets. La possibilité désormais offerte d’annualiser la capacité de production a également sécurisé les business plans. Parallèlement, l’objectif de l’État d’atteindre 20 % de gaz vert dans les réseaux en 2030 est également porteur. "La dynamique repart très fort, 2024 sera forte", se réjouit Isabelle Robin, qui table sur un chiffre d’affaires entre 15 et 18 millions d’euros en 2024.

Evalor est ainsi porté par ce marché des unités de méthanisation, dont elle revendique la troisième place sur le marché français. Chaque équipement, qui coûte en moyenne entre 3 et 4 millions d’euros, rapporte un million d’euros en chiffre d’affaires à la PME. Il faut compter un an d’études puis de construction entre la signature et la mise en service de l’équipement.

Mais la PME spécialisée dans les unités valorisant les effluents d’élevage bénéficie également de l’obligation réglementaire de recycler, à partir de 2024, les bio-déchets, provenant par exemple des cantines ou des industries agroalimentaires. "Pour permettre aux installations existantes de fonctionner avec ces nouveaux bio-déchets, nous installons des modules d’hygiénisation et de déconditionnement sur les unités", reprend la directrice. Cette réglementation a également permis le développement d’installations communes. "Des regroupements entre agriculteurs ont eu lieu pour profiter de ce nouveau gisement, notamment près des usines d’agroalimentaire", observe Isabelle Robin.

Biométhane carburant

Ces installations et les nouveaux modules qui viennent adapter des unités existantes sont parfois destinés à la production de biométhane, carburant pour véhicule. "Ils peuvent être réalisés pour alimenter les véhicules et engins de l’exploitation mais des projets sont également développés en vue de faire rouler des bus scolaires ou des véhicules personnels." Enfin, le CO2 produit en même temps que le biogaz, peut être récupéré, liquéfié et valorisé auprès des serristes. "Il y a une forte évolution des unités existantes, en fonction des gisements externes proposés et des nouveaux débouchés ou valorisations", se satisfait Isabelle Robin.

Evalor profite également de l’essor de l’une des technologies de la méthanisation, celle de l’injection, qui consiste à produire du biogaz envoyé directement dans le réseau. L’autre techno est celle de la cogénération, qui produit de l’électricité et de la chaleur (pour le chauffage des bâtiments ou le séchage des matières). "L’injection est apparue en 2018, alors que notre première unité de co-génération a été mise en service en 2010", explique la dirigeante. "Cette technologie représente désormais la moitié des ventes d’unités neuves. Elle bénéficie de la prise en charge récente à hauteur de 60 % des coûts de raccordement au réseau."

Outre les installations neuves (115 vendues au total dont un tiers en Bretagne) et les modules d’adaptation, qui représentent 75 % du chiffre d’affaires d’Evalor, la PME, filiale de plusieurs coopératives agricoles au premier rang desquelles Evel’Up (Finistère), tire également des revenus des contrats de maintenance et d’assistance technique des équipements. Ils concernent les unités de méthanisation mais aussi les stations de traitement des effluents, son premier métier (elle n’en construit plus mais en suit toujours 150 et assure les éventuels redimensionnements).

Evalor conçoit les process de production du gaz des unités de méthanisation — Photo : DR

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