Créé en 2007 et inauguré en 2012, le centre européen des textiles innovants (CETI) est en difficulté. Basé à Tourcoing (Nord) et porté par l’association du même nom, ce centre (qui comptait 26 salariés en 2022) peine à trouver un modèle économique viable depuis son démarrage. Un récent rapport d’observation de la chambre régionale des comptes des Hauts-de-France dresse un état des lieux inquiétant pour l’avenir de cet outil. Le CETI était pourtant attendu et plébiscité, dotant le territoire d’un centre de recherche et d’innovation pour assurer, en lien avec les acteurs économiques concernés, le renouveau d’une filière textile régionale, marquée par la désindustrialisation et les délocalisations.
De nombreux financements publics en soutien
Fruit d’un investissement initial de plus de 40 millions d’euros, le CETI a reçu le soutien massif des pouvoirs publics locaux (notamment la Région Hauts-de-France et la Métropole Européenne de Lille), nationaux et européens. Mais il n’a pas réussi à trouver sa place dans une filière complexe et concurrentielle. Proche de la cessation de paiements au cours des exercices 2017 et 2018, le CETI a été sauvé, en grande partie, grâce au soutien de ses financeurs publics. Ce qui n’a, encore une fois, pas suffit. "Malgré une orientation de ses activités vers de la production préindustrielle (et même, de plus en plus industrielle), et le choix d’une méthode comptable d’amortissement favorable, mais contestable, des subventions d’investissements reçues, les finances du CETI restent déficitaires. Seul son endettement important lui permet de disposer de la trésorerie nécessaire à son fonctionnement, nécessitant un budget annuel moyen de 5 millions d’euros", décrypte la chambre des comptes.
Un avenir compromis sous la forme actuelle
Les magistrats pointent par ailleurs du doigt le fait que "le CETI s’expose à de nombreux risques juridiques, notamment en matière de droit du travail, d’aides d’État et de fiscalité (en particulier s’agissant du crédit d’impôt recherche)". L’avenir de cet outil régional est donc préoccupant, et à moins de changer son fusil d’épaule, ce centre d’innovation textile pourrait venir à disparaître, ainsi que le souligne la chambre régionale des comptes : "L’avenir de l’association semble menacé, à brève échéance, si elle ne parvient pas à trouver un modèle économique viable et moins dépendant de financements publics, quitte à faire évoluer son objet, ses activités et sa forme juridique".