Pour baisser sa facture énergétique et ses coûts de production, le groupe français Terreal spécialisé dans les matériaux de construction en terre cuite investit pour réduire son empreinte carbone. Les premières de ses 16 usines en France à bénéficier de cette politique sont à Chasseneuil-sur-Bonnieure (Charente), Montpon-Ménestérol (Dordogne) et surtout à Roumazières (Charente), fleuron du groupe. Leur modernisation s’achève dans le cadre d’un projet au nom évocateur : Titan. Objectif : réduire la consommation énergétique et les émissions de CO2 des trois usines de 30 % d’ici 2030, pour atteindre une neutralité carbone en 2050.
La cuisson optimisée
Depuis 2018, le groupe y a déboursé 6,4 millions d’euros, avec l’aide de l’Ademe et de la Région. Et se félicite des premiers résultats : "Au global sur les trois sites, nous avons augmenté notre volume de production de tuiles de 11 % et baissé de 12 % notre consommation énergétique", note Olivier Butel, le directeur des opérations chez Terreal, en présentant l’achèvement des travaux à Roumazières. Locomotive du groupe, la plus grosse usine compte à elle seule 350 salariés et 227 000 tonnes de tuiles fabriquées chaque année, "de quoi couvrir 30 000 maisons dans la Nouvelle-Aquitaine, soit une maison sur deux, et faire travailler 5 000 entreprises sur la façade atlantique", précisent les services de la Région, présente à l'inauguration du projet fin avril.
À Roumazières, "qui faisait partie des 15 plus grands consommateurs d’énergie de Nouvelle-Aquitaine" souligne encore la Région, les aménagements ont débuté en 2020 et permis de diminuer la consommation énergétique de 6,5 % en deux ans. "Nous avons revu le procédé de cuisson de la gamme de tuiles la plus onéreuse, qui se cuisaient à plat. Nous optimisons désormais les fournées en les cuisant à la verticale", explique Bruno Hocde, le directeur du site Terreal de Roumazières, soucieux d’aligner les coûts de production quelle que soit la gamme.
L’un des deux fours les plus énergivores a également été changé. "Nous sommes passés d’une cuisson rapide consommant 2 200 kW/tonne à un four de 800 kW/tonne à cuisson lente." Sur la chaîne de production, 25 robots de précision ont remplacé les outils mécaniques des années 1980. Sans perte d’emploi, précise la direction. "Cela a permis une économie de 2 600 tonnes de C02 par an", se réjouit Olivier Butel, et l’équivalent de la consommation énergétique de 3 800 logements. La production de l’autre four, toujours gourmand, avait été transférée sur cette ligne lorsqu’il avait fallu le mettre à l’arrêt en octobre suite à l’explosion du prix du gaz.
En attendant le rachat par Wienerberger
Le groupe (884 M€ de CA en 2022, dont 440 M€ en France, et plus de 3 400 salariés dans le monde) ne compte pas s’arrêter là. Prochaine étape : récupérer les fumées et la chaleur générées par la production pour s’autoalimenter en énergie, et tendre vers l’autonomie, notamment grâce à la biomasse ou au solaire. Bruno Hocde compte sur la capacité d’investissement du groupe Wienerberger. L’entreprise autrichienne spécialisée dans la couverture et les panneaux solaires (216 sites de production dans 28 pays) avait annoncé le rachat de Terreal en fin d’année 2022. Le feu vert des autorités en charge de la concurrence est attendu dans les prochains mois.
D’ici là, Terreal s’attelle à réduire sa consommation énergétique désormais dans ses usines de l’Aude.
