La société Terradona, basée à Rousset, est née en 2013 de la rencontre entre Jean-Marc Toubiana et Mathieu Oliveri. Le premier intervenait comme spécialiste des déchets, avec un profil marketing, et le second a un profil d’ingénieur. Tous deux font le constat que le traitement des déchets reste problématique pour les collectivités. D’une part, du fait de la contrainte réglementaire qui les pousse à accroître le tri des déchets et, d’autre part, à cause du coût de traitement des déchets qui ne cesse d’augmenter d’année en année. « Jean-Marc s’est souvenu que, dans sa jeunesse, existait le principe de la consigne, raconte Mathieu Oliveri. Il a alors conçu un programme de récompense qui s’adapte aux conteneurs de tri. Nous avons travaillé avec le laboratoire d’électronique et de technologie de l’information du CEA Grenoble et nous avons mis au point le système de Terradona ».
Terradona a donc conçu un boîtier, capable de caractériser le déchet jeté dans un conteneur de tri sélectif, de supporter les manipulations auxquelles sont soumis ces conteneurs et capable de fonctionner sans alimentation électrique. « Nous avons déposé trois brevets et fin 2014 nous avions des démonstrateurs au sein de Marseille Provence Métropole et de la Communauté du Pays d’Aix. L’idée est de motiver les citoyens à trier en les récompensant grâce à des remises offertes par les commerçants locaux. Une poubelle non triée coûte environ 210 euros la tonne traitée. Une tonne de verre coûte 60 euros. Il est donc essentiel d’éliminer au maximum le verre des poubelles classiques. Avec notre système, la collectivité y gagne en budget, elle incite au tri, et elle permet de dynamiser le commerce de proximité. Quand le citoyen jette son objet, il doit simplement se connecter à notre application afin de s’identifier et de se voir attribuer les points correspondants », explique le dirigeant.
Premier client : la Principauté de Monaco
En 2015, avec quatre communes, Terradona a poursuivi son travail de démonstration. « Nous avons fait augmenter de 20 % le tri sélectif et nous avons validé notre apport en données. Avec notre système, la collectivité dispose de statistiques, taux de remplissage, taux d’utilisation de chacun de ses conteneurs de tri sélectif ».
Le premier client de Terradona a été la Principauté de Monaco, en 2017. Depuis, le système est installé dans de nombreuses agglomérations : le Pays de Grasse, la métropole de Grenoble, la communauté d’agglomération Lens-Liévin, la communauté de Cabourg… Au total, 1 000 boxes sont ainsi déployées sur une dizaine de collectivités. « À Lens-Liévin, par exemple, le tri a augmenté de 30 % et nous avons permis de redistribuer 20 000 euros de pouvoir d’achat à la population. Chaque objet trié donne droit à un point. Au total, 17 millions d’objets ont été déposés dont la moitié a donné lieu à des points ».
En 2016, la Caisse des Dépôts (CDC) est entrée au capital de l’entreprise qui ambitionne maintenant d’élargir son activité du verre aux canettes métal. « Nous sommes maintenant une vingtaine de salariés et nous avons vraiment créé notre produit dans un esprit RSE (responsabilité sociétale des entreprises). Nous avons d’ailleurs obtenu le prix RSE Paca en 2015. Nous voulons inciter la population à avoir une démarche similaire ».
Terradona a enregistré 1 million d’euros de chiffre d’affaires en 2019. Après un premier semestre 2020 en sommeil pour cause d’élection, l’entreprise entend reprendre son déploiement d’ici à la fin de l’année et envisage de pouvoir prochainement traiter les déchets plastiques.
