Le concepteur de mobilier urbain Sineu Graff (14 M€ de CA, 85 salariés), basé à Kogenheim (Bas-Rhin), vient de décrocher un important contrat dans le cadre des Jeux olympiques et paralympiques Paris 2024 : l’équipement de la totalité du Village des athlètes en assises, barrières et équipements de protection. Un marché exceptionnel de par son montant (2 millions d’euros, pour environ 1 500 objets) mais également de par son exigence, puisqu’il s’agit pour la PME de concevoir des équipements innovants et inclusifs, adaptés tant aux sportifs valides qu’aux athlètes des jeux paralympiques, sans oublier les futurs habitants de ce nouveau quartier francilien. Le résultat de 3 années de travail.
Un trio de choc pour concevoir une gamme sur-mesure
“Contrairement aux appels d’offres habituels, il s’agissait d’un concours ouvert, sans cadre prédéfini, ce qui laissait la place à tout un travail de conception. Il fallait pouvoir satisfaire différents types d’utilisateurs et de gestionnaires, en discutant notamment avec les collectivités pour savoir ce qu’elles souhaitaient conserver après les jeux”, indique Vincent Schaller, président de Sineu Graff. L’entreprise, qui dispose de son propre bureau d’études, s’est entourée d’une équipe d’experts dans leur domaine : un designer (Alexandre Moronnoz), un paysagiste concepteur (Clément Willemin, agence Wald) et des spécialistes de la mobilité des malvoyants (Philippe Moreau et Ricardo Leone, Tactile studio). Sineu Graff a ainsi investi 200 000 € en études et en prototypage, pour définir une gamme complète et totalement configurable de mobilier d’assise, d’équipements de protection (appuis pour vélos, barrières, etc.), de poubelles pour les déchets. Elle se prépare désormais à fabriquer cette dernière en fonction de la demande des aménageurs. “Nous ne fabriquons rien à l’avance ; bien souvent les détails ne nous parviennent qu’au dernier moment. Pour anticiper cette course contre la montre, nous avons déjà réalisé tous les approvisionnements nécessaires”, explique son dirigeant.
Sortir de sa zone de confort
Outre son intérêt en termes d’image, le contrat olympique a permis à Sinue Graff de progresser dans sa façon de travailler. “Ce type de contrat nous permet de revoir nos modes de pensée et de sortir de notre schéma traditionnel de développement. Cela fait du bien à tout le monde", indique Vincent Schaller. Comme pour d’autres projets “étendard” - un autre programme important est notamment en cours dans un pays du Golfe - le mobilier des Jeux Olympiques et Paralympiques n’aura pas forcément vocation à entrer dans le catalogue standard de l’entreprise. Il lui aura cependant permis de mieux y intégrer les enjeux d’inclusion, qui prennent aujourd’hui de plus en plus d’importance sur ce marché. “On ne voit plus les objets de la même manière qu’avant”, résume l’entrepreneur.