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Sans sa clientèle internationale, le Negresco contraint de revoir son offre
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Sans sa clientèle internationale, le Negresco contraint de revoir son offre

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Prestigieux cinq-étoiles de la Promenade des Anglais, l'hôtel Negresco est une PME de 180 salariés qui doit se réinventer pour passer la crise. Alors que sur la Croisette cannoise voisine, certains palaces ont fermé leurs portes pour plusieurs mois, le grand hôtel niçois veut tenir bon face à un hiver qui s’annonce très difficile.

Lionel Servant, directeur de l'hôtel Negresco, dans le salon Royal. Le cinq-étoiles niçois héberge 6 000 oeuvres d'art — Photo : Olivia Oreggia / Le JDE

Quelque 180 salariés permanents et un chiffre d’affaires de 22 millions d'euros en 2019. Derrière le dôme rouge et la façade blanche emblématiques, l'hôtel cinq-étoiles Le Negresco est une PME indépendante. « Nous avons la chance d’avoir réalisé trois exercices financièrement positifs, nous avions une belle trésorerie en début d’année. Nous nous sommes endettés avec le prêt garanti par l'État, par sécurité en prévision de l’hiver. Aujourd'hui, nous naviguons à vue », confie Lionel Servant, directeur de l’hôtel inauguré en 1913 sur la Promenade des Anglais. « Nous devrions enregistrer une baisse de chiffre d’affaires de 60 % cette année. Septembre a été délicat. Le classement en zone rouge et les décisions de certains pays vis-à-vis de notre destination ont eu un impact négatif, avec beaucoup d’annulations. »

Développer de nouvelles offres

Lionel Servant a pris la direction du Negresco il y a un an. Un rêve de gosse. Dans ses bagages figuraient nombre d’idées pour développer l’attractivité du lieu. Le Covid a évidemment rebattu les cartes. Contrairement à ses pairs cannois, l’hôtel niçois ne vit pas du tourisme d’affaires. Que peut offrir cette "vieille dame" pour être plus séduisante auprès des clients, principalement des Français aujourd’hui (quand sa clientèle habituelle est à 80 % internationale) ? Si la question se posait déjà, le contexte sanitaire a précipité la réponse. « Nous travaillons pour trouver des offres supplémentaires à mettre en place cet hiver. Nous avons plein d’idées : un spa éphémère, la mise en avant de l’art avec nos quelque 6 000 œuvres (Renoir, Niki de Saint Phalle, Vasarely…, NDLR), de l’événementiel avec une école de cuisine… », détaille le directeur.

Une stratégie désormais à court terme

« Dans notre stratégie à moyen terme, nous avions différents projets, davantage liés à du positionnement par de l’investissement. Était prévue entre autres la rénovation du dernier étage de l'hôtel (les appartements de l'ancienne propriétaire de l'hôtel, décédée en janvier 2019, NDLR). Ces projets sont toujours là sur le coin de mon bureau. Je pense qu’il y aura deux ans de décalage. » L’hiver 2019-2020, une douzaine de chambres sur les 128 que compte l’hôtel avaient été rénovées, pour un investissement d’un million d’euros. Cette année, la priorité est de sauvegarder la trésorerie pour limiter les heurts.

De grands hôtels indépendants, tels le Métropole à Bruxelles ou le Richemond à Genève, ont définitivement fermé leurs portes, victimes de la crise. « Je travaille désormais sur une stratégie à court terme, à un an. J’essaie ensuite de tracer une route sur les trois années suivantes, pour continuer de positionner notre belle maison dans l’excellence. Il nous faut aussi répondre davantage aux attentes des familles qui ont été nombreuses cet été, avec l’ouverture d’un club enfants, le rapprochement avec une plage, la création d’ateliers… »

En attendant, Lionel Servant a demandé le prolongement du chômage partiel jusqu’au 31 décembre et espère que le dispositif pourra être activé « jusqu’à fin mars, dans les conditions actuelles ». Mais parce qu’il y aura aussi un lendemain, l’hôtel continue de communiquer auprès de sa clientèle asiatique. Il lui faut savoir que, dès qu’elle pourra revenir, le Negresco sera prêt et heureux de la recevoir.

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