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Ronalpia : « La mesure de l’impact social est un outil très puissant de pilotage stratégique »
Interview Lyon # Social

Constance Bonet coordinatrice du programme Size Up au sein de l'incubateur Ronalpia Ronalpia : « La mesure de l’impact social est un outil très puissant de pilotage stratégique »

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Début 2019, l'incubateur lyonnais d'entreprises à impact social Ronalpia initiait, avec Antropia ESSEC, le programme Size Up visant à accompagner les entrepreneurs sociaux dans la mesure de leur impact social. Huit projets ont été accompagnés par l'incubateur en un an, dont quatre à Lyon. Constance Bonet, coordinatrice du programme pour Ronalpia, dresse un premier bilan.

Ronalpia a accompagné quatre entreprises sociales lyonnaises dans leur mesure d'impact social à travers le programme Size Up, piloté par Constance Bonet (au centre), coordinatrice du programme — Photo : Ronalpia

Il y a un an, l'incubateur lyonnais Ronalpia, spécialisé dans l'économie sociale et solidaire, initiait avec Antropia ESSEC le programme Size Up afin d’accompagner les entreprises dans la mesure de leur impact social. Quel était l’objectif ?

Constance Bonet : Nous sommes partis du constat qu’une entreprise sociale devait à la fois maintenir son objectif économique, pour lequel elle possède des indicateurs de performances standards (chiffre d'affaires, marge brute, retour sur investissement…), et en même temps maximiser son impact social. Or, il peut être compliqué d’aboutir à la définition d’indicateurs, parce qu’ils se doivent d’être adaptés à la mission de chaque projet. Pour accompagner leur réflexion stratégique, nous avons accompagné quatre entreprises lyonnaises (Comptoir de Campagne, Les Clés de l’Atelier, CoopaWatt et La Cordée Éducative, NDLR) dans leur première mesure d’impact social. Ce travail peut avoir deux ambitions : valoriser son engagement et faire la preuve de son concept à l’externe, mais aussi et surtout alimenter les outils de pilotage internes, dans une logique d’amélioration continue.

« Cette réflexion interne et transversale aux métiers a permis de créer du lien et d’aboutir à un projet fédérateur. »

Quels retours avez-vous des quatre premières entreprises accompagnées ?

C. B. : En un an, toutes ont réussi à mener une première mesure d’impact social de bout en bout sur une des facettes de leur projet. C’est une belle avancée. Ils ont également intégré le réflexe de la mesure d’impact social dans leurs pratiques globales. Par exemple, tous ont décidé de pérenniser la mission soit en créant un poste référent, soit en l’attribuant à un membre de leur équipe. On a aussi eu le sentiment que cette réflexion interne et transversale aux métiers avait permis de créer du lien et d’aboutir à un projet fédérateur qui mobilise l’ensemble des fonctions autour de la mission de l’impact social.

La mesure de l’impact social est-il davantage un outil de pilotage interne qu’un outil pour lever des fonds par exemple ?

C. B. : C’est un outil de pilotage interne dans le sens où une entreprise a besoin d’indicateurs de suivi pour être performante. Mener ce travail de mesure d’impact social fait émerger ces indicateurs qui facilitent la performance sociale de l’entreprise. C’est un outil très puissant de pilotage stratégique, de gestion d’entreprise et de transformation, qui peut également devenir un outil de communication et de recherche de financements. Il me semble néanmoins que ce sont bien la réflexion, la démarche d’amélioration continue et la culture de la remise en question qui rendent l’entreprise crédible et qui permettent donc in fine de servir la communication ou la levée de fonds.

Constance Bonet, lors de la soirée "Parlons mesure d'impact social", le 23 janvier 2020 — Photo : Ronalpia

La grille de lecture des investisseurs qui font de la finance à impact est-elle compatible avec la mesure d’impact que vous construisez avec les entrepreneurs sociaux ?

C. B. : Que les financeurs s’intéressent à la mesure d’impact social est déjà satisfaisant puisque cela illustre leur recherche de performance et d’efficacité dans leurs financements, tant sur le volet économique que sur le volet social. Mais c’est effectivement compliqué pour un financeur, qui gère un portefeuille d’entreprises, d’avoir une grille d’analyse propre et individualisée à chaque projet. À l’inverse, les entreprises sociales ont parfois des difficultés à s’approprier les indicateurs choisis par les financeurs à impact, puisqu’ils ne correspondent pas forcément à 100 % à la mission qu’ils portent ou aux spécificités de leur projet. Cela implique donc toujours plus de dialogue entre financeurs et entreprises sociales !

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