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Ronalpia : « Prouver la pérennité des modèles des entreprises sociales »
Interview Lyon # Capital

Enora Guérinel directrice des opérations chez Ronalpia Ronalpia : « Prouver la pérennité des modèles des entreprises sociales »

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Enora Guérinel, cofondatrice et directrice des opérations de l’incubateur social lyonnais Ronalpia, revient sur les grands enjeux des acteurs de l’innovation sociale. Fin mars, Ronalpia organisait Démo Day, un moment d’échange entre entrepreneurs sociaux et investisseurs, lors duquel la question de la pérennité des modèles économiques revenait avec insistance.

L'incubateur social lyonnais Ronalpia, notamment dirigé par Enora Guérinel, a initié début janvier le programme Size Up pour élaborer une démarche d’évaluation de l’impact des entrepreneurs sociaux — Photo : Pierre Lelièvre

Le Journal des Entreprises : Ronalpia a récemment organisé "DémoDay", une rencontre entre entrepreneurs sociaux et financeurs. Quel est l’objectif de ce type de journée ?

Enora Guérinel : Démo Day est une initiative visant à faciliter la rencontre entre une dizaine de financeurs (fondations ou investisseurs) et des entreprises sociales du territoire accompagnées par Ronalpia, de leur lancement jusqu'à leur premier clients. Les financeurs ont accès à des projets qualifiés, leur permettant de gagner du temps et d'anticiper leur investissement à six mois ou un an, en fonction de l’avancée et du potentiel de développement de chaque projet. Pour les entrepreneurs sociaux, cette journée est une façon d'approcher des interlocuteurs sensibilisés et ouverts à l’entrepreneuriat social.

« De plus en plus de financeurs souhaitent donner du sens à leurs investissements. »

Nous avons reçu des investisseurs spécialisés, comme France Activ', Triodos Bank ou le Lita, dont c’est le métier. Et nous essayons aussi d’impliquer des acteurs moins spécialisés, mais qui ont tout intérêt à accorder une partie de leurs investissements à ce type d’entreprises. C’est le cas d’Incit’Financement, une plateforme de business angels régionaux, qui n’a pas pour vocation première de financer des projets d’innovation sociale. À nous de faire ce travail d’acculturation et de prouver l’efficacité et la pérennité des modèles des entreprises sociales.

Vous soulignez l’impératif, pour les entreprises sociales, de démontrer la pérennité de leur modèle. Comment les aider à y parvenir ?

E.G. : Pour démontrer cette pérennité, il y a d’abord besoin d’être patient. Les entreprises sociales sont construites sur des modèles qui ont besoin de plus de temps pour prouver leur efficacité et leur rentabilité. Le taux de rentabilité interne (T.R.I.), tant recherché, est également moins important. De plus en plus de financeurs souhaitent donner du sens à leurs investissements, allant de pair avec de plus en plus de financements dédiés à l’innovation sociale. C’est une bonne chose.

L’enjeu pour les entrepreneurs sociaux est de faire monter dans la barque les premiers investisseurs, dès qu’il y a une preuve de marché, même minime. L’autre défi est de faire en sorte que les entreprises sociales soient en capacité d’évaluer leur rentabilité économique et la qualité de leur impact social. C’est ce que nous cherchons à faire avec le programme Size Up.

La métropole de Lyon a été récemment labellisée territoire French Impact. Quel regard portez-vous sur la dynamique autour de l’innovation sociale ?

E.G. : Depuis notre implantation il y a six ans, la Métropole a toujours été un actif et précieux soutien à l’innovation sociale et à Ronalpia. Ils nous ont fait confiance sur le programme de création d’entreprises. Aujourd’hui, ils financent le programme d’accompagnement à l’implantation avec l’Aderly. Investir pour attirer des entreprises sociales qui ne sont pas sur son territoire est nouveau, mais illustre bien le cap qui est donné. La labellisation French Impact est une pierre de plus à la démarche que nous portons avec les autres acteurs impliqués.

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