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Présidentielle : les entreprises du médicament interpellent les candidats 
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Présidentielle : les entreprises du médicament interpellent les candidats 

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Le syndicat professionnel des entreprises du médicament (Leem) interpelle les candidats à l’élection présidentielle. Le Leem a formulé une trentaine de propositions. Actant les faiblesses mises au jour lors de la crise du Covid-19, le syndicat invite à faire de la France "le leader européen du médicament".

Frédéric Collet, président du Leem : "Tout un tissu industriel de PME (françaises) de la santé est aujourd'hui menacé de disparaître si nous n'y prenons garde" — Photo : Nicolas Gouhier

À l’approche de l’élection présidentielle, l’organisation des entreprises du médicament (Leem) a décidé d’interpeller les candidats à l’Elysée. Les quartiers généraux des politiques viennent de recevoir un catalogue d’environ 30 propositions de réforme. Une synthèse articulée autour de quatre objectifs…

La crise sanitaire a souligné "le recul de la France"

Améliorer l’accès des patients aux médicaments en fait partie. Tout comme l’ambition de faire de la "France le leader européen du médicament, en soutenant massivement la recherche et l’innovation". D’autant plus capital dans le contexte actuel.

"La crise sanitaire a mis en évidence le recul de la France dans ce domaine, note le président du Leem, Frédéric Collet. De nouveaux moyens ont été dégagés. Ces efforts publics doivent être renforcés pour recoller à nos voisins européens, Allemagne en tête." Pour positionner la France à la pointe de la recherche et de la fabrication des médicaments de demain, le gouvernement a récemment dévoilé une stratégie pour doper les biothérapies, qui s’appuie sur 800 millions d’euros d’aides publiques.

Par ailleurs, le Leem attend avec impatience la création de la future agence d’innovation en santé, qui verra le jour en 2022 "et qui devra avoir la capacité de fixer des priorités claires pour la recherche médicale", poursuit Frédéric Collet, par ailleurs président de Novartis France. Autre besoin : développer une stratégie offensive dans les biotechnologies en soutenant le financement des "healthtech" françaises.

Renforcer le crédit impôt recherche

Financement toujours : le Leem propose d’orienter plus fortement l’épargne vers "l’économie de l’intelligence". Et de "renforcer le caractère attractif du crédit impôt recherche, pierre de touche de l’attractivité de la France en matière de R & D". Un dispositif qui s’est "affaibli au fil du temps", estime le président du syndicat.

La priorité est de retrouver des marges de croissance. "Notre secteur représentait 15 % des dépenses de santé il y a moins de dix ans, contre 11 à 12 % aujourd’hui. On voit donc en quoi il est nécessaire de lui redonner une marge de croissance pour lui permettre de se développer", pointe Frédéric Collet.

Un secteur employant 100 000 salariés

Pour rappel, ce syndicat réunit 260 sociétés, réalisant près de "98 % du chiffre d’affaires total" du secteur du médicament dans l’Hexagone. Un pôle qui emploie près de 100 000 personnes (62 milliards d’euros de chiffre d'affaires dont 50 % à l’exportation).

Autre grand cheval de bataille : faire de l’industrie pharmaceutique "un fer de lance de la réindustrialisation". Dans cette optique, une attention particulière devra être portée aux TPE-PME, qui représentent plus du tiers des entreprises du secteur : des sous-traitants, façonniers, fabricants de produits matures… "Tout un tissu industriel de PME de la santé est aujourd’hui menacé de disparaître si nous n’y prenons garde", prévient Frédéric Collet.

Des mesures de simplification pour les PME

L’organisation demande notamment au futur gouvernement d’importantes simplifications administratives et fiscales. "Notamment un système de guichet unique, car c’est aujourd’hui compliqué de dialoguer avec plusieurs interlocuteurs, en particulier au niveau des autorités sanitaires", indique Philippe Lamoureux, directeur général du Leem.

Il s’agirait d’avoir "un interlocuteur dédié aux PME, chargé de les orienter vers les bons interlocuteurs de chaque autorité ou administration (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, Haute Autorité de Santé, Comité économique des produits de santé, ministère de l'Economie, etc.), tout au long des étapes de la vie du médicament", note la synthèse du Leem.

L’organisation patronale constate-t-elle un mouvement de relocalisation ou de rebond suite à la crise du Covid ? "Sur notre secteur, on observe une croissance des investissements en France de 17 % sur l’année écoulée, pour atteindre la somme de 9 milliards d’euros", calcule Frédéric Collet.

Sur ce sujet, le débat aura aussi lieu au niveau international. "Il est illusoire de penser qu’on arrivera à rapatrier toute la pharmacopée et chaque étape de fabrication…, observe de son côté Clarisse Lhoste, administratrice du Leem. Il faudra définir au niveau européen quels sont les médicaments stratégiques pour lesquels on souhaite être indépendant."

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