Pôle emploi, en partenariat avec la métropole Nice Côte d’Azur, organisait ce jeudi matin, une opération inédite : le ramassage de déchets sur la plage entre demandeurs d’emploi et entreprises. Un "geste écocitoyen" certes très utile pour l’environnement - en seulement une heure, 6 000 mégots et 50 kg de déchets ont été récupérés – mais qui permettait aussi des échanges spontanés entre les participants qui ignoraient tout des fonctions de chacun pour commencer.
Spontanéité et motivation
"L’échange est différent car le public est plus à l’aise dans ce cadre-là, moins stressé alors que le stress peut parfois empêcher les candidats de trouver les mots lors d’un entretien, confirme Nadia Mountahi responsable de recrutement et d’accompagnement au sein de l’agence de travail temporaire T’Plus (groupe Agyca). Par ailleurs, le simple fait d’être venu est déjà un gage de motivation et de volonté." D’autant plus en cette journée de grève, où les transports en commun niçois étaient à l’arrêt.
"Le savoir-faire, on peut toujours l’apprendre, mais là, je suis venue voir le savoir-être. Je crois au contact, à travers lequel on peut capter des choses", analyse Giovanna Cesari, directrice adjointe de Casa Barbera, une résidence pour "senior autonomes et actifs" qui ouvrira fin mai à Nice. Lancé par Serge et Jérémie Trigano, créateurs du Club Med et des hôtels Mama Shelter, Korian et le chef étoilé Pierre Gagnaire, ce concept de logements englobe restaurant, bar ou centre bien être et requiert donc de recruter. "J’ai eu de bons contacts humains ce matin. Sur 18 personnes intéressées, je vais en revoir un tiers."
Même constat positif pour Isabelle Raes, responsable administratif et financier de France Voguette (7 collaborateurs). La TPE qui gère les petits trains touristiques à Nice recherche un agent d’accueil billettiste et un conducteur titulaire du permis D. "Nous sommes dans le tourisme, avec des postes en tension. Le critère numéro un est la motivation. Les gens qui sont venus ce matin sont des gens que n’attendent pas que tout leur tombe tout cuit, c’est un premier bon signe. Et puis, nous sommes une entreprise avec une forte démarche RSE. Nos trains sont 100 % électriques. C’est un événement qui nous correspond donc tout à fait."
7 000 offres d’emploi
Les galets et le soleil niçois n’ont alors rien d’anecdotique, qui permettent finalement de gagner du temps dans le processus d’embauche. Faciliter la communication et casser les fameux codes du recrutement qui ont volé en éclat depuis le Covid, Pôle Emploi s’y efforce. En septembre 2022 déjà, il avait organisé des rencontres de badminton, dans un stade entre employeurs et demandeurs d’emploi, avant une session de job dating. Le tout menant, in fine, à des embauches. "La folie est de faire toujours la même chose en espérant un résultat différent, disait Einstein. Quand tout le monde cherche la même chose, quand les candidats cherchent tous les mêmes entreprises, on arrive à certaines limites dans les process de recrutement classiques, confie Fabien Paravisini, directeur de Pôle Emploi Nice Est.
Les entreprises sont plus ouvertes qu’avant en matière de recrutement, elles sont davantage prêtes à former par exemple, à valoriser leur propre métier. Les candidats, quant à eux, cherchent des postes avec une certaine valeur sociétale, offrant un certain équilibre de vie. Ces valeurs-là ont changé, c’est une bonne chose mais difficile. Ils ne sont pas toujours réalistes. Il faudrait intégrer le "recruter autrement", un peu plus au quotidien."
Le taux de chômage dans les Alpes-Maritimes est aujourd’hui de 7,2 %, identique à la moyenne nationale. Dans le département, Pôle Emploi compte actuellement 7 000 offres, avec une nette augmentation dans le secteur de l’hôtellerie et de la restauration.
