Pour continuer à accélérer, SFE Process va changer de modèle
# Industrie # Levée de fonds

Pour continuer à accélérer, SFE Process va changer de modèle

S'abonner

Le fabricant d’équipements d’extraction et de purification de molécules au CO2 vient de boucler une levée de fonds de 6 millions d’euros. Pour continuer à doubler le chiffre d’affaires tous les ans, la PME va créer un modèle industriel et diversifier sa gamme.

Jérémy Lagrue et Brice Sarrail ont choisi de réserver une petite partie du capital de SFE Process à leurs salariés — Photo : Jean-François Michel

Installé dans un bâtiment de 2 000 m2 à Tomblaine (Meurthe-et-Moselle) avec leurs 44 salariés, le duo de dirigeants de SFE Process, Jérémy Lagrue et Brice Sarrail, pense déjà à trouver des mètres carrés supplémentaires. "Une entreprise coincée dans ses locaux, c’est comme un papillon qui ne peut pas sortir de sa chrysalide", illustre Jérémy Lagrue. D’ici à 3 voire 4 ans, le fabricant d’équipements dédiés à l’extraction et à la purification de molécules au CO2, qui va réaliser 10 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023, aura fait construire un nouveau bâtiment, sur la zone d’activité de Frocourt à Fléville-devant-Nancy, d’une surface de près de 4 000 m2, pour répondre à la croissance de l’activité. "L’enjeu, c’est de pouvoir continuer à doubler le chiffre d’affaires chaque année", résume Brice Sarrail. À cette date, SFE Process devrait compter une centaine de salariés et peser 100 millions d’euros de chiffre d’affaires. "Nous voulons devenir le référent européen de l’extraction au CO2", rappelle Jérémy Lagrue.

Abaisser les délais de livraisons à "quelques semaines"

Le 21 juin dernier, les deux dirigeants de SFE Process ont bouclé une levée de fonds en série A pour un montant de 6 millions d’euros : le Crédit Mutuel Equity conduit ce tour de table, suivi de Bpifrance, du Groupe ILP et d’un investisseur privé, Gilles Caumont, fondateur d’Adista, du réseau de business angels Yeast et actuel président du Medef de Meurthe-et-Moselle. "C’est un investisseur bienveillant, qui a une place particulière dans la gouvernance de l’entreprise. C’est notre mentor", dévoilent Jérémy Lagrue et Brice Sarrail, qui restent majoritaires au capital.

Pour continuer leur trajectoire de croissance, les deux dirigeants de SFE Process vont enclencher un levier majeur : quitter le monde de l’artisanat pour passer dans celui de l’industrie. "Jusqu’à présent, une commande déclenchait les achats des pièces nécessaires. Grâce à la levée de fonds, nous allons pouvoir les fabriquer en amont de phase", explique Brice Sarrail. Sur fonds propres, la PME avait déjà commencé à financer des préséries, mais sans pouvoir couvrir toute la gamme, allant de la machine de laboratoire à l’échelle industrielle. SFE Process veut ainsi répondre toujours plus vite à ses clients, et abaisser les délais de livraison à "quelques semaines", quelle que soit la taille de la machine, au lieu de quelques mois actuellement. "Ce passage à l’industrialisation va nous obliger à revoir toute notre politique d’achat et à sélectionner des sous-traitants qui pourront suivre", prévient Jérémy Lagrue.

Des groupes qui cherchent à atteindre la neutralité carbone

Réalisant entre 60 et 80 % de son chiffre d’affaires à l’export, suivant les commandes enregistrées dans l’année, SFE Process veut désormais structurer ses efforts en Amérique du Nord. "C’est un marché majeur et il nous échappe", regrette Brice Sarrail. Pour s’imposer, la PME lorraine veut créer une filiale aux États-Unis, d’ici 2 à 3 ans, embaucher des agents commerciaux pour jouer à plein la carte du service client, atout majeur qui fait la différence face à la concurrence.

Enfin, dernier levier de croissance, la diversification. SFE Process a déjà vendu trois machines de chromatographie au CO2, un procédé permettant d’obtenir les molécules extrêmement pures réclamées notamment par l’industrie pharmaceutique. "Et sans solvant pétrolier", insiste Jérémy Lagrue. Les groupes pharmaceutiques continuent en effet à utiliser des dérivés du pétrole pour purifier les molécules destinées à fabriquer des médicaments : "Les politiques RSE des grands groupes vont rapidement les contraindre à chercher de nouvelles solutions pour atteindre la neutralité carbone", résume Jérémy Lagrue, qui ambitionne, avec sa nouvelle gamme de machines de chromatographie, de réduire l’utilisation des solvants pétroliers dans l’industrie pharmaceutique, mais aussi adresser les marchés de la parfumerie ou de la cosmétique. "SFE Process a démontré son savoir-faire, maintenant, nous allons aussi montrer que nous sommes un partenaire fiable", souligne Brice Sarrail, qui estime que cette activité dédiée à la chromatographie va devenir la "start-up dans la PME".

Nancy Meurthe-et-Moselle # Industrie # Banque # Levée de fonds # Investissement