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Pia Imbs : "Nous devons imaginer avec les entreprises des dispositifs adaptés à leur transition écologique"
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Pia Imbs présidente de l’Eurométropole de Strasbourg "Nous devons imaginer avec les entreprises des dispositifs adaptés à leur transition écologique"

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La présidente écologiste de l'Eurométropole de Strasbourg Pia Imbs, en fonction depuis juillet 2020, revient sur les mesures prises par la collectivité pour les entreprises et les investissements tournés vers l’économie du territoire.

Pia Imbs est présidente de l’Eurométropole de Strasbourg depuis juillet 2020 — Photo : Pascal Bastien/Divergence

Le début d’année 2022 a été marqué par la mise en place de la zone à faibles émissions (ZFE), qui va progressivement interdire les véhicules les plus polluants dans l’ensemble des 33 communes de l’Eurométropole de Strasbourg (EMS). Quels premiers constats pouvez-vous en tirer ?

La collectivité a la volonté de faciliter l’acceptation de cette ZFE et travaille en dialogue avec les entreprises. Un comité de suivi de la ZFE, constitué de représentants du monde économique et des collectivités, vient d’être mis en place et se réunira pour la première fois en mai. Un Observatoire de la zone à faibles émissions est également lancé et est confié à l’Agence de développement et d’urbanisme de l’agglomération strasbourgeoise (Adeus). Nous voulons notamment suivre la qualité de l’air, l’évolution du parc de véhicules, le changement ou non des comportements ou encore l’efficacité des aides dédiées à l’amortissement des véhicules.

Comment la collectivité peut-elle contribuer à stimuler l’activité des entreprises ?

L’investissement public n’a jamais été aussi important que dans ce mandat (2020-2026, NDLR). L’Eurométropole de Strasbourg prévoit d’investir 1,5 milliard d’euros, soit 200 millions d’euros de plus que sur le mandat précédent. Ce montant atteint même 3,5 milliards d’euros en incluant l’investissement des sociétés d’économie mixte et des sociétés publiques locales, sans compter sur un effet levier conséquent, en particulier dans les domaines du BTP et du logement.

Vous placez votre mandat sous le signe de la transition écologique. De quelle manière comptez-vous travailler avec les entreprises à ce sujet ?

Pour accompagner la transition écologique du territoire, qui comprend les problématiques liées à la mobilité, à la consommation d’énergie, aux ressources en eau ou encore aux déchets, nous souhaitons faire réfléchir les entreprises à propos de leur empreinte environnementale. Nous sommes à l’écoute du monde économique et de la transition qu’il doit opérer. Nous allons multiplier les visites d’entreprises. Le tissu économique est fait notamment de petites structures et nous devons imaginer ensemble des dispositifs adéquats, comme notre soutien à la Chambre d’agriculture pour la transformation de l’activité agricole de proximité ou encore le programme Start-RSE pour accompagner les TPE-PME dans leur démarche RSE.

En cette période de tension sur les matières premières, le coût de l’énergie flambe et impacte le processus productif des entreprises. Dans ce contexte, comment la collectivité peut-elle contribuer à gérer les ressources ?

Le contexte géopolitique actuel nous rappelle qu’il faut avoir une meilleure maîtrise de nos dépenses énergétiques et travailler à la réduction de la dépendance internationale. Nous allons vers une mutation du réseau gazier vers les énergies renouvelables avec des renouvellements de délégation de service public et une modernisation des réseaux. De plus, la collectivité a adopté en février 2022 un bouclier tarifaire local pour lisser le prix du gaz payé par les particuliers pendant la saison hivernale. La hausse sera ainsi limitée à 50 % en moyenne annuelle en 2022.

Nous sommes également fiers que le projet "Calorie-Kehl" ait abouti. Il sera géré par une société d’économie mixte transfrontalière. Ce projet novateur, avec l’appui de la Banque des territoires et de l’Ademe notamment, permet de réaliser des économies d’énergie en récupérant la chaleur fatale d’une aciérie située à Kehl, en Allemagne, pour le réinjecter dans un réseau de chaleur strasbourgeois. Par ailleurs, la géothermie inquiète beaucoup trop la population pour y aller à court terme, il faut donc se diriger vers d’autres énergies renouvelables.

L’EMS prévoit de consacrer 23 millions d’euros pour installer cinq à six nouvelles zones d’activité sur le territoire. Comment celles-ci se développent-elles ?

La zone portuaire de Strasbourg, la plus dense de toutes les zones d’activité de l’Eurométropole de Strasbourg, est un poumon économique en progression sur le thème de l’écologie industrielle, notamment à travers sa démarche d’économie circulaire, de valorisation des déchets etc. C’est un modèle qui pourrait être dupliqué dans d’autres zones d’activité, notamment dans celle de la Plaine des bouchers à la Meinau à Strasbourg, qui compte 500 entreprises et 8 000 emplois.

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