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Petit BamBou : "Notre entreprise ne réalise pas de business plan"
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Vincent Bouton directeur général de Petit BamBou "Notre entreprise ne réalise pas de business plan"

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Dix ans après sa création, l’application de méditation Petit BamBou compte 11 millions d’utilisateurs et se revendique comme leader dans le monde francophone. Elle est portée par une PME nordiste, qui compte renforcer ses positions en France comme à l’international, via le lancement de nouvelles applications. Vincent Bouton, le directeur général, revient sur ce succès et sur ses ambitions.

Vincent Bouton (à gauche), directeur général de Petit BamBou, aux côtés de Ludovic Dujardin, président et cofondateur — Photo : Petit BamBou

Quel bilan pour l’application de méditation Petit BamBou, dix ans après le lancement ?

L’entreprise est née il y a dix ans et l’application Petit BamBou est arrivée un an après. Elle compte aujourd’hui 11 millions d’utilisateurs, ce qui est phénoménal pour une entreprise de 25 salariés. La croissance des utilisateurs s’est faite de manière régulière. Il y a eu une phase d’accélération pendant la crise sanitaire, mais notre activité n’a pas non plus triplé à ce moment-là. Le développement a été progressif, pour conduire Petit BamBou à devenir la première application de méditation dans le monde francophone. L’application est présente dans 191 pays et disponible dans 6 langues : anglais, allemand, espagnol, français, italien et néerlandais.

Comment expliquez-vous ce succès ?

D’abord, par la qualité des contenus, que nous privilégions à la quantité. Nous prenons le temps de créer ces contenus avec des instructeurs notoires, comme le réalisateur et poète Cyril Dion, la philosophe Marie Robert, le psychiatre Christophe André… Ensuite, je pense que c’est lié à l’expérience que nous offrons : une partie des contenus est accessible gratuitement et nous ne poussons pas les utilisateurs à consommer. Enfin, nous accordons beaucoup d’énergie à la relation client. Nous répondons systématiquement à toutes les sollicitations, avec trois collaborateurs dédiés. Les rangs de nos utilisateurs continuent de grossir, portés par le bouche-à-oreille et la publicité que nous faisons. Ce qui est porteur, aussi, c’est la libération de la parole autour de la santé mentale, particulièrement à l’œuvre depuis le confinement. Le grand public a par ailleurs une image très positive de Petit BamBou, de manière spontanée. Il n’a en revanche pas forcément l’image d’une entreprise d’une vingtaine de salariés, installée à Tourcoing.

Quelles sont les perspectives de croissance de l’entreprise ?

Une des particularités de Petit BamBou est de ne pas avoir de business plan. Nous sommes une entreprise à taille humaine et à croissance raisonnée, sans objectif de doubler le chiffre d’affaires à tel horizon. Le capital est détenu par Ludovic Dujardin, cofondateur et président, ainsi que par un investisseur privé, Matthieu Leclercq (fils du fondateur du groupe Decathlon, NDLR), qui n’est pas dans l’opérationnel et qui a racheté en 2021 les parts de l’autre cofondateur, Benjamin Blasco, après son départ de l’aventure. Notre actionnariat accepte cette notion de croissance raisonnée. Petit BamBou a un dirigeant qui vient travailler à vélo et ne rêve pas de posséder une maison à l’île Maurice ou une Porsche Cayenne… L’entreprise est rentable depuis sa création et affiche zéro endettement. Nous ne communiquons pas le chiffre d’affaires, même si ce point est en réflexion… Techniquement, Petit BamBou est une PME mais nous maintenons un état d’esprit et un fonctionnement de start-up. Notre santé financière saine nous permet d’être attentifs aux opportunités de croissance externe. Nous sommes régulièrement sollicités et nous regardons les dossiers avec attention, sachant qu’un point de vigilance, dans le cadre d’une acquisition, sera notre capacité à réussir l’intégration d’une équipe extérieure.

Fin 2023, Petit BamBou a structuré une offre pour les entreprises, en quoi était-ce nécessaire ?

L’objectif n’est pas d’avoir un produit différent pour les entreprises, mais de structurer notre offre, afin de leur permettre de souscrire elles-mêmes un abonnement à l’application Petit BamBou pour leurs salariés, directement en ligne, alors qu’auparavant cela nécessitait l’intervention de nos collaborateurs. Nous leur proposons un abonnement qui démarre à 50 euros par an et par collaborateur, avec un tarif dégressif en fonction du nombre de salariés. Cela nous permet de concentrer les efforts humains sur une autre offre, elle aussi dédiée aux entreprises : l’accompagnement sur-mesure, avec un contenu créé spécifiquement autour d’une problématique particulière. Ce sont plutôt les grands groupes qui y souscrivent. Fin 2023, nous comptions 200 entreprises clientes, dans des secteurs variés, comme le groupe de BTP Colas, le cabinet de conseil PWC ou encore des hôpitaux, qui déploient l’application auprès de leurs internes. Cette clientèle professionnelle est située à 90 % en France et composée à 50 % de PME et 50 % de grands groupes.

Quels sont les projets de l’entreprise ?

Si nous n’avons pas de business plan, nous avons en revanche travaillé l’année dernière à fixer nos ambitions. Il en faut ! Il s’agira de renforcer la présence de l’entreprise en France et à l’international, ce qui passera par la diversification de l’offre. Une deuxième application sera lancée courant février, afin d’étendre la présence de l’entreprise à l’étranger, puisque Petit BamBou se concentre sur le monde francophone. Cette nouvelle application proposera une méditation par jour, pour conquérir de nouveaux territoires, avec des attentes différentes. Une troisième application, explorant le domaine du corporel, est également à l’étude. Nous réfléchissons encore à son contenu, elle pourra par exemple traiter de thématiques comme le réveil, les problèmes de dos…

Ces projets sont-ils synonymes de recrutements ?

Nous avons déjà pas mal recruté en 2023, avec 7 personnes entrées dans l’entreprise, en CDI. L’objectif était d’internaliser au maximum nos activités, telles que l’achat média, le webdesign, la gestion financière et juridique, mais aussi de renforcer les équipes techniques en charge du développement. Nous nous sommes aussi dotés d’un country management (management de pays) pour l’Allemagne. Ces recrutements nous ont permis de nous organiser en vue du lancement de ces nouvelles applications : nous pouvons mener ces projets à bien sans délaisser autre chose. Cette année, nous devrions plutôt être sur un rythme de deux ou trois recrutements.

Quelles sont vos pratiques RH ?

L’entreprise n’a pas de hiérarchie, nous comptons plutôt des personnes référentes, pour centraliser et dispatcher les tâches, ainsi que pour gérer les problématiques. Avoir peu de management génère de meilleures relations, de l’entraide. Tout le monde chez Petit BamBou est dans l’opérationnel : Ludovic envoie par exemple la newsletter, je réponds à des demandes clients, etc. Personne n’est dans une tour d’ivoire. Nous offrons aussi beaucoup de flexibilité aux collaborateurs dans le choix de leur temps de travail : certains sont à 100 %, d’autres à 80 %, voire à 65 ou 95 % Mais ce qui motive le plus les équipes, finalement, ce sont les messages positifs de nos clients, que nous recevons par dizaines chaque matin.

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