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Patrick Valverde (TVT Innovation) : « Pour les start-up, l’impact de cette crise dépend de leur degré de maturité »
Interview Var # Réseaux d'accompagnement

Patrick Valverde directeur général de TVT Innovation Patrick Valverde (TVT Innovation) : « Pour les start-up, l’impact de cette crise dépend de leur degré de maturité »

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Patrick Valverde, directeur général de TVT Innovation, une structure dédiée au soutien des écosystèmes innovants du Var, fait le point sur les mesures mises en œuvre pour poursuivre l’accompagnement des start-up et sur les premières difficultés que les start-uppers pourraient rencontrer dans le contexte de crise actuel.

Patrick Valverde, directeur général de TVT Innovation. — Photo : TVT Innovation

Le Journal des entreprises : Quelle est la situation des start-up que TVT Innovation accompagne ou héberge au sein de sa pépinière ou de son espace de coworking ?

Patrick Valverde : Nous n’avons pas de vision statistique et nous nous attachons davantage à proposer un accompagnement individuel pour pouvoir remonter un maximum d’informations du terrain aux acteurs publics, notamment quand nous estimons qu’il y a quelque chose à faire. Cette remontée du terrain permet aussi de partager les bons tuyaux. Nos start-upper et indépendants rencontrent des problèmes qui leur sont propres.

Selon leur stade de développement, deux à trois mois de confinement, ce n’est pas rien et ça peut correspondre à une moitié de leur vie d’entrepreneur ou d’entrepreneuse. Celles qui ont entre 18 mois et trois ans sont entrées en phase de développement et vont devoir solliciter les banques, l’État, la Région pour obtenir des prêts et des aides et sauver ce qu’elles peuvent de leur trésorerie. Mais pour décrocher ces aides, se pose notamment la question de l’appréciation d’une baisse de chiffre d’affaires quand l’entreprise est encore jeune ou quand elle a adopté un modèle sur abonnement. Dans ce dernier cas, l’entreprise va continuer à engranger du chiffre d’affaires, mais elle ne gagnera pas de nouveaux clients pendant toute cette période de confinement. L’impact de cette crise pour les start-up sera fonction de leur degré de maturité et nous allons voir si nous pourrions imaginer et proposer des leviers d’aides plus spécifiques.

« Trouver des clients relève de l’impossible et les start-up vont toutes souffrir d’un manque de trésorerie. »

En termes d’organisation, elles ont basculé en télétravail sans trop de problèmes… Néanmoins, trouver des clients relève de l’impossible et les start-up vont toutes souffrir d’un manque de trésorerie.

Comment TVT Innovation et ses équipes poursuivent leurs missions d’accompagnement ?

P.V. : Pour les start-up hébergées, nous avons fermé la pépinière et résidence d’entreprises Cre@TVT, à Toulon, sans que cela ne pose de problèmes majeurs puisque la plupart des sociétés se sont organisées face au confinement. Nos équipes sont également toutes en télétravail et opérationnelles pour répondre aux sollicitations des dirigeants. Nous essayons de poursuivre nos actions de la manière la plus efficace possible sans perdre de vue les dégâts que pourront occasionner cette crise dans les entreprises et les problématiques individuelles de chacune.

Quant à nos événements, nous les remplaçons par des actions en ligne : tous les mardis matin, un « café zoom » réunit nos coworkers et entrepreneurs hébergés en pépinières ; nous avons aussi programmé une série de webinaires, imaginés comme des capsules de temps pour répondre aux différentes questions.

Nous alimentons également un article en temps réel sur les aides en cours tout en nous coordonnant avec les autres acteurs du territoire (UPV, CCI, associations de zones d’activités) pour éviter les redondances.

Et que faites-vous pour l’animation des filières ?

P.V. : Chez System factory, cluster régional dédié à l’ingénierie des systèmes complexes, les adhérents se réunissent en web conférence tous les matins à 8 h 30 autour de discussions libres. Les apéros mensuels du réseau 43.117 des entreprises du numérique sont maintenus sur l’outil Zoom.

Nous poursuivons aussi nos actions de structuration : les start-up de la e-santé se sont réunies le 1er avril pour travailler sur des objectifs à moyen et long termes. Les acteurs de la cybersécurité se réuniront aussi prochainement dans la même optique.

La création d’entreprises s’est-elle arrêtée avec le confinement ?

P.V. : Non, nous continuons de recevoir des demandes en accompagnement individuel et je veux préciser ici que la situation actuelle peut être propice à la création d’une activité. Si le créateur en est au démarrage, c’est presque le bon moment puisqu’il va pouvoir tirer les leçons de cette crise, de nouveaux marchés vont s’ouvrir et le confinement est particulièrement propice à la réflexion et offre beaucoup de temps pour peaufiner son projet.

Quel regard portez-vous sur cette crise ?

P.V. : Globalement, je veux souligner ici qu’il y a une mobilisation impressionnante du secteur public au sens large. Ensuite, sur la mise en œuvre, c’est logique qu’il y ait aujourd’hui embouteillage.

« Il se dégage une belle attitude collective dans le monde des start-up »

Cette crise est aussi une démonstration grandeur nature qu’il existe d’autres façons, notamment virtuelles, de travailler et d’acquérir des compétences et donne raison à des entreprises qui militent depuis longtemps pour la formation à distance, comme l’entreprise toulonnaise Icadémie.

Après deux bonnes semaines, je dois dire que malgré la situation et sans vouloir choquer personne, il y a une dynamique assez motivante. Les coffeebreak en interne ou avec les entrepreneurs, les apéros ont trouvé leur place virtuelle et j’ai pu me rendre compte qu’il se dégage une belle attitude collective dans le monde des start-up. Une belle entraide se met en place, tous agissent en solidarité, à l’image du mouvement d’ampleur qui a vu le jour autour de la production de masques et visières de protection, qui font parler du Var jusqu’en Bretagne…

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