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Optis, la boîte qui valait 300 millions de dollars
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Optis, la boîte qui valait 300 millions de dollars

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La PME varoise Optis, spécialisée dans les logiciels de simulation de la lumière et de la vision humaine, entre dans le giron du leader mondial de la simulation numérique Ansys. Son fondateur Jacques Delacour espère profiter de la force commerciale d'Ansys pour toucher de nouveaux pays et de nouvelles industries.

C’est pour toucher de nouveaux marchés que Jacques Delacour a pris la décision de céder Optis — Photo : Geoffroy Mathieu

« Je ne suis parti de rien, j’ai même dû emprunter pour me lancer », se souvient Jacques Delacour. Le fondateur d’Optis, PME basée près de Toulon (Var), mesure le chemin parcouru alors que son entreprise vient d’être rachetée par Ansys, leader mondial des logiciels de simulation numérique, pour 300 millions de dollars (environ 255 M€). Pour le géant américain, il s’agit de mettre la main sur la technologie développée par Optis : des capteurs optiques virtuels capables de reproduire une situation réelle en prenant en compte des critères comme la météo ou la typologie d’une personne. Un élément essentiel pour les véhicules autonomes, en plein boom.

« Cette vente n’était pas un but en soi, c’est le résultat de notre travail depuis 30 ans », juge le dirigeant de 54 ans. Le pari était audacieux lorsqu’en 1989, à peine sorti de l’école supérieure d’optique d’Orsay, Jacques Delacour lance son entreprise. « A l’époque, j’avais observé qu’il y avait beaucoup à faire dans l’optique et qu’il y avait un viaduc entre ce qui était proposé et les besoins », raconte ce Grenoblois d’origine. Pour résoudre les problématiques liées à la lumière, il décide de miser sur les logiciels. Après des débuts à Paris, il s’installe dans le Var pour « travailler là où je partais en vacances, comme ils le font en Californie », sourit l’entrepreneur.

70 % des clients dans l’automobile

Pour Optis, le tournant vient en 2010 avec le rachat de Simply-Sim puis de Newscape Technology. Ces acquisitions marquent l’arrivée de la PME varoise dans la réalité virtuelle avec un logiciel de rendu en temps réel basé sur la physique. « Cela allait dans la continuité de l’évolution technologique, mais c’était un vrai choix de se diriger vers de nouveaux domaines, nous sommes les seuls à le faire », précise Jacques Delacour.

Ce savoir-faire intéresse particulièrement l’automobile qui représente 70 % des clients d’Optis. Les logiciels édités à La Farlède sont intégrés par toutes les plus grandes entreprises du secteur, de PSA à Toyota en passant par Ford ou BMW. L’activité se tourne à 85 % vers l’export, l’Asie étant le principal marché grâce au Japon.

Toucher de nouveaux marchés

C’est pour continuer de grandir que Jacques Delacour a regardé vers de nouveaux horizons. « Ansys est beaucoup plus déployée que nous à travers le monde, nous allons profiter de sa force commerciale pour toucher de nouveaux pays et de nouvelles industries », prévient celui qui a laissé sa casquette de PDG pour celle de directeur de l'activité Optique & Réalité virtuelle d’Ansys.

En ligne de mire notamment le Mexique et le Brésil alors que le dirigeant espère s’implanter un peu plus dans l’aéronautique. La priorité à court terme reste toutefois les véhicules autonomes sur lesquels travaille Ansys. La société américaine compte sur les logiciels d’Optis pour posséder « la capacité de simulation par capteur la plus complète et précise possible ».

Mais les projets sont aussi à moyen terme. « Nous discutons des projets qui peuvent émerger, la combinaison multi-physique par exemple », souffle Jacques Delacour. En attendant, les premiers effets se font sentir puisque Optis recrute 15 personnes. Les effectifs devraient atteindre les 200 en France - contre 150 aujourd’hui - et 300 à travers le monde.

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