Porteuse d’un dispositif médical innovant à base d’ultrasons pour traiter les maladies du cerveau, la medtech lyonnaise Carthera (20 salariés ; CA non significatif) vient de lever 37,5 millions d’euros grâce notamment à l’arrivée de deux nouveaux investisseurs, le Fonds du Conseil Européen de l’Innovation et un "investisseur de premier plan" dont l’identité n’a pas été divulguée. Ils détiennent conjointement 25 % des actions de la société. Les investisseurs historiques, Panakès Partners, Relyens Innovation Santé et Supernova Invest via son fonds Supernova 2 ont également contribué au tour de table. Ils détiennent désormais 25 % du capital. Le reste des parts, soit 50 %, est réparti entre les fondateurs, le management, des family offices, etc.
Améliorer le traitement des maladies du cerveau
Grâce à ces capitaux, Carthera va pouvoir lancer un nouvel essai clinique pivot de phase III pour sa technologie SonoCloud, dispositif ultrasonore implantable qui permet d’augmenter temporairement la perméabilité des vaisseaux sanguins du cerveau afin d’améliorer la délivrance de molécules thérapeutiques.
Fondée en 2010 par le professeur Carpentier neurochirurgien à la Pitié Salpêtrière, Carthera est un spin-off de l’AP-HP et de Sorbonne Université qui a réalisé ses premiers développements avec LabTAU de l’Inserm à Lyon 8e. Dans la foulée, l’équipe grandit dans la capitale des Gaules et ouvre des bureaux à Paris et à Boston pour s’assurer de solides connexions dans le monde médical.
"Le constat qui a motivé nos recherches était que les traitements oncologiques pour le cerveau n’étaient pas très efficaces en raison de la présence de la barrière hématoencéphalique qui entrave la diffusion des médicaments", explique Frédéric Sottilini, directeur général de Carthera. D’où l’idée du professeur Carpentier de déposer dans la boîte crânienne un implant diffusant des ultrasons. Sonocloud était né.
"Avec 4 minutes, d’ultrasons, vous disposez de 4 heures pour injecter des molécules pour traiter le glioblastome, une tumeur cérébrale primitive très agressive ou pour soigner des maladies neuro génératives", poursuit-il.
Initiée en 2019, la phase II lui a permis de valider sur une trentaine de patients, cette année, l’efficacité de sa solution. La séquence optimale de traitement allongerait la durée de vie des patients de 50 %.
Un marché estimé à 1,5 milliard de dollars
L’essentiel de la levée de fonds (80 %) sera consacré au financement de la phase III sur 560 patients répartis sur une quarantaine de sites aux États-Unis et en Europe. L’étude randomisée permettra de comparer l’efficacité de l’implant de la medtech lyonnaise à celle des traitements conventionnels. "Nous visons une autorisation de mise sur le marché à partir de 2026, en s’appuyant sur le marquage CE en Europe et un premarket approval - PMA - de la FDA (food and drug administration) aux États-Unis", annonce Frédéric Sottilini. Une introduction en Bourse est programmée pour 2026-2027.
Le marché est prometteur. Son principal concurrent l’américain Novocure, porteur d’une innovation pour les mêmes indications, a été introduit en Bourse en 2015. Il est valorisé à quelque 10 milliards de dollars pour un chiffre d’affaires de 500 millions de dollars en 2022, soit environ 30 % d’un marché estimé à environ 1,5 milliard de dollars en Europe et aux États-Unis. De quoi mesurer le potentiel des recherches de Carthera…
