Marseille
"Notre système permet de proposer des biens à un coût inférieur de 30 % au prix du marché"
Interview Marseille # BTP # Investissement

Pierre Le Jeune directeur général de Procivis Provence "Notre système permet de proposer des biens à un coût inférieur de 30 % au prix du marché"

S'abonner

Procivis Provence, qui fait partie du réseau coopératif Procivis, fête cette année ses cent ans d’existence. L’occasion pour faire le point avec Pierre Le Jeune, directeur de la coopérative, sur ce promoteur pas comme les autres.

Pierre Le Jeune, directeur général de Procivis Provence — Photo : D.R.

Pour quelles raisons Procivis Provence a-t-il décidé de produire directement du logement, au rythme de près de 200 logements par an ?

Jusqu’à aujourd’hui, nous nous contentions de prendre des participations dans des opérations immobilières menées par d’autres entreprises. Nous avons voulu apporter en direct notre contribution à la production de logements. En 2022, nous avons ainsi choisi d’intervenir directement sur ce marché en créant une structure, un office foncier solidaire, pour créer des opérations sur un segment peu servi. Nous avons aujourd’hui 250 logements en cours qui devraient être livrés d’ici trois ans, à Saint-Cyr-sur-Mer, Ceyreste, Saint-Maximin et Marseille. Cette activité va rapidement devenir principale en termes de chiffre d’affaires. Nous envisageons ainsi de passer de 6,3 millions d’euros en 2023 à 9,1 millions d’euros en 2025.

Vous vous positionnez sur des logements à vocation sociale ?

Nous ne sommes pas bailleur social, mais nous abordons en effet la promotion immobilière avec notre optique sociale de coopérative. Avec le dispositif BRS (bail réel solidaire), un bail de longue durée, qui permet de distinguer le foncier du bâti, nous visons les acquéreurs qui n’arrivent plus, dans les conditions actuelles, à acheter. Nous cédons ainsi des droits réels sur le bâti à des familles modestes qui vont occuper le logement pour leur résidence principale. Ce système permet de proposer des logements près de 30 % en dessous du prix du marché.

Vous faites partie du réseau national Procivis, avec une forte vocation sociale ? En dehors de la promotion, qu’elles sont vos autres actions ?

Si la coopérative est centenaire, le réseau Procivis, dont nous faisons aujourd’hui partie, ne s’est constitué qu’il y a vingt ans, à la fermeture du Crédit Immobilier de France, lui-même issu des coopératives. En 2024, le réseau compte 46 coopératives, enregistre un chiffre d’affaires d’1,5 milliard d’euros et emploie 3 500 collaborateurs. Nous faisons partie de l’Économie sociale et solidaire. Au sein de Procivis Provence, nous proposons un ensemble de services immobiliers et nous gérons dans ce cadre-là près de 20 000 lots entre Marseille, Toulon et Nice. Nous intervenons ensuite également sur des prêts et du préfinancement et nous engageons ainsi près de 11 millions d’euros sur fonds propres afin de soutenir la restructuration de copropriétés dégradées sur le territoire de la métropole Aix-Marseille-Provence.

En tant qu’acteur de l’immobilier sur le territoire, comment voyez-vous l’évolution du secteur ?

L’immobilier se trouve actuellement dans une situation difficile, en France et en Provence. Les prix sont au plus haut et le pouvoir d’achat s’effrite. La situation n’est pas passagère et ces phénomènes ont de nombreuses conséquences : des enfants vivent toujours chez leurs parents, des personnes divorcées continuent d’habiter sous le même toit… Le nerf de la guerre demeure le foncier. C’est la matière première du promoteur. Le maîtriser est essentiel. Quand on regarde ce qu’a fait l’Établissement public Euroméditerranée à Marseille, on comprend parfaitement la logique de la maîtrise publique du foncier. La construction dépend vraiment de la volonté politique. Nous rencontrons ainsi trop souvent des maires qui bloquent les projets de construction à cause des élections de 2026.

Marseille # BTP # Investissement