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Normandie Business Angels : "Il n'y a pas eu d'effondrement de notre activité avec la crise"
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Jean-François Thibout vice-président de Normandie Business Angels "Il n'y a pas eu d'effondrement de notre activité avec la crise"

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La crise sanitaire n’a pas entamé la volonté d’entreprendre des porteurs de projets et leur financement par des investisseurs privés, ou "business angels". Jean-François Thibout, président des Business angels du territoire Seine Eure et vice-président Normandie Business Angels, souhaite encore renforcer les capacités d’action de son réseau d’investisseurs.

"Nos montants d'investissements varient entre 50 000 et 400 000 euros", explique Jean-François Thibout, vice-président de Normandie Business Angels — Photo : DR

Quel a été l’impact de la crise sanitaire sur l'activité du réseau Normandie Business Angels (70 membres) ?

Notre activité a été touchée mais elle s’est poursuivie. Elle a légèrement diminué en 2020 et 2021, mais il n’y a pas eu d’effondrement, et les investissements réalisés ont été plus importants sur chaque dossier. Ainsi en 2020, nous avons réalisé six levées de fonds pour un montant de 1,6 million d’euros, avec 65 investisseurs, pour un total levé de 4,1 millions d’euros. Et sur l’année 2021, nous avons participé à quatre levées de fonds pour un montant de près de 800 000 euros, avec 47 investisseurs, pour un total levé de 7,7 millions d’euros.

Comment choisissez-vous vos investissements ?

Nous investissons dans les start-up mais aussi en amorçage, en consolidation et en reprise, dans tout type de secteur d’activité. Ce que nous faisons, c’est intervenir en capital assez tôt, avec pour vocation de rester 5 à 6 ans en apportant des fonds propres. Nous prenons donc les risques avec le chef d’entreprise. Et nous avons constaté que lorsque nous apportons des fonds aux côtés d’organismes comme Normandie Participations (fonds de co-investissement avec des acteurs privés de la Région Normandie, NDLR), cela provoque un effet levier qui rassure le banquier. Ainsi, en moyenne, lorsque nous apportons 100, le chef d’entreprise se retrouve avec 600. Notre implication permet ainsi de déclencher des projets qui, sinon, ne verraient pas le jour. Nous recevons environ 50 dossiers par an et en éliminons les ¾ dès la première lecture, notamment ceux qui ne sont pas à notre taille. En effet, nos montants d’investissements varient entre 50 000 et 400 000 euros, ce qui nous permet de cibler les dossiers qui correspondent à notre surface d’investissement. Évidemment, le critère éliminatoire c’est que l’entreprise soit dans notre région. Chaque investisseur est libre, en fonction de son ressenti et de sa capacité contributive. Et notre ambition est de trouver de nouveaux membres pour renforcer nos capacités d'investissement.

Quels types d’entreprises avez-vous soutenus ?

C’est très varié car nous sommes multisectoriels. Ainsi en 2020, nous avons soutenu Francofil (en Seine-Maritime, NDLR), un expert en fabrication de filaments 3D pour l’industrie 4.0, la robotique et l’électronique. Nous avons également participé à la reprise du groupe ATI à Verson (Calvados), spécialiste de machines sur-mesure pour l’agroalimentaire, et à un troisième tour de table pour la biotech Oncodiag (Eure), spécialisée dans le diagnostic in vitro dans le domaine du cancer. Oncodiag est une entreprise en plein développement, que nous suivons depuis 2017, et pour laquelle en 2021 nous avons également participé à son quatrième tour de table pour un montant de 340 000 euros sur un total de 1,5 million d’euros. 2021 est une année ou nous avons investi dans la technologie avec Babbar (Seine-Maritime), un outil de référencement sur Internet par intelligence artificielle ; Ecorp (Caen) une société qui conçoit des solutions informatiques centrées sur la confidentialité, et Aurora Cold Plasma Sterilisation, une entreprise spécialiste de la stérilisation à froid par plasma. Au total, nous avons 29 entreprises en portefeuille, dans lesquelles nous avons investi et que nous continuons d’accompagner.

Comment voyez-vous l’année 2022 avec la suite de la crise sanitaire et le déclenchement de la guerre en Ukraine ?

La crise du Covid n’a pas éteint la soif d’entreprendre. Certains y ont même vu des opportunités, en regardant au-delà de l’obstacle. Cependant, le Covid a déréglé le fonctionnement de l’économie. Tout ce qui concerne les composants électroniques a été fortement soumis à ces aléas. Mais on a su s’adapter et poursuivre nos activités. Avec l’Ukraine, c’est plus compliqué car les sanctions ont des répercussions économiques, notamment dans les matières premières. C’est un vrai choc qui va redistribuer les cartes, et cela implique de prendre en compte des paramètres supplémentaires en matière de prise de risques. D’où l’importance de la personnalité du chef d’entreprise dans des moments de tension comme ceux-là. Il faut des hommes capables d’adaptabilité et de réactivité, sachant prendre du recul et regarder plus loin.

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