"Nantes ne possède pas une big pharma sur laquelle s’appuyer, comme Lyon avec Biomérieux, ou encore Toulouse avec Pierre Fabre. Il faut donc bâtir un écosystème attractif pour les chercheurs et étudiants, qui doivent pouvoir s’appuyer sur un territoire dynamique afin de transformer les concepts innovants en produits disponibles pour les patients". Maryvonne Hiance, vice-présidente d’Atlanpole Biothérapies et vice-présidente d’Ose Immunotherapeutics, salue les nouvelles annonces de Nantes Métropole en faveur de l’innovation en santé. Tout d’abord la création d’un campus d’innovation, baptisé Station S, en référence au célèbre campus de start-up parisien, Station F. Ce campus représentera le volet économique du "quartier de la santé", voulu par Nantes Métropole autour du futur CHU. Deux bâtiments sont déjà engagés. Le premier de 4 500 m² sera livré en 2025. Le second de 10 000 m² sera livré en 2029. À terme, le projet devrait atteindre 30 000 m², et héberger environ 1 000 personnes (chercheurs, entrepreneurs, professionnels du soin etc.). Pour les projets de plus grandes ampleurs, et qui sont déjà structurés, la ville proposera aux industriels plus matures des capacités foncières pour construire leurs usines. Sur le site de Laennec, à Saint-Herblain, un bioparc de 100 000 m² sera dédié à ces entreprises, afin de répondre à leurs besoins de production. "Le problème numéro un de ces industries en devenir repose sur le foncier. Ce lieu visera à décrisper cette situation. Nous souhaitons ainsi contribuer à l’ambition nationale de souveraineté sanitaire et de réindustrialisation du pays", déclare Johanna Rolland, maire de Nantes et présidente de la Métropole. "Sur ce site, le schéma d’aménagement est encore en cours d’études", précise Franckie Trichet, délégué à l’innovation et au numérique à Nantes métropole.
Un projet de 1,5 milliard d’euros
L’ambition du quartier de la santé, situé sur l’Île de Nantes, avec au cœur du projet le futur CHU, sera de rassembler les différentes parties prenantes liées à la santé : praticiens, enseignants, chercheurs et acteurs économiques. Au-delà de Station S, le lieu accueillera également la nouvelle faculté en santé, avec 7 000 étudiants attendus, et les forces académiques de Nantes Université. Au total, le projet se chiffre à 1,5 milliard d’euros. "L’Inserm sera également un des membres fondateurs de cette nouvelle faculté. C’est avec ce rassemblement d’autant d’acteurs que les grands pôles internationaux se configurent aujourd’hui", souligne Frédéric Jacquemin, vice-président innovation de l’Université de Nantes. Ce futur quartier sera d’ailleurs dédié à la santé au sens le plus large possible, dans une ville qui compte actuellement 35 000 emplois directs liés au secteur, ainsi que 200 entreprises. "Cela serait une erreur de miser sur telle ou telle thématique. Il faut provoquer des échanges entre acteurs de différents horizons, afin de voir poindre les innovations. Ainsi, nous pourrons développer un territoire pluriel", analyse Yann Trichard, président de la CCI Nantes Saint-Nazaire. "La ville de Boston (US) est aujourd’hui considérée comme une référence de l’innovation en biotechnologie au niveau mondial. Elle repose sur un foisonnement où tous les acteurs se croisent et se rencontrent ce qui en fait un écosystème très riche", analyse de son côté Maryvonne Hiance. De là à faire de Nantes la future Boston européenne ? Seul le nombre de futures innovations qui verront le jour pourra le dire.
