Donner une seconde vie aux machines dans le BTP. C’est l’ambition de MS (100 salariés, 30 M€ de CA), entreprise familiale installée à Veyre-Monton dans le Puy-de-Dôme. Face à l’intérêt croissant des acteurs du bâtiment, ce fabricant d’équipements (destinés aux traitements de boues, dépollutions des sols, valorisations des déblais…) vient d’investir trois millions d’euros pour agrandir son atelier de "remanufacturing". Comprenez l’atelier de recyclage dans lequel elle démonte, nettoie, répare, remet aux normes les équipements utilisés sur les chantiers de construction. Cela permet à ce fabricant de faire de l’économie circulaire pour des installations exploitées sur des temps courts, notamment sur les chantiers de creusement de tunnels…
De la seconde main de qualité
"Nous vendons par exemple des usines de traitement de déblais et de matériaux pour la construction de tunnels. À la fin du chantier, après 2 ou 3 ans d’exploitation, nous les rachetons pour entrer dans une logique de réparabilité. L’idée, c’est aussi de les mettre aux normes des pays dans lesquelles elles vont ensuite être déployées. Nous travaillons avec l’Angleterre, les USA, Hong Kong… les normes mécaniques et électriques peuvent être différentes ", détaille Alexandre Guillaume, président de MS, qui compte une centaine de salariés.
Ces "usines" sont, en quelque sorte, des "legos géants" avec des milliers de pièces (vannes, petites pompes, composants électroniques…). Certaines sont usées, défectueuses, il faut donc les remplacer. D’autres doivent être changées pour s’adapter aux nouvelles technologies.
2 000 m² supplémentaires
MS entend faire de la seconde main mais avec un standard de qualité identique au neuf. L’investissement de trois millions d’euros devrait permettre à son atelier de "remanufacturing" de bénéficier d’une extension de 2 000 m² avec 1,6 hectare de stockage supplémentaire. Ce nouveau centre, au savoir-faire de pointe, va permettre d’aller plus loin dans la décarbonation du secteur.
"Quand on est un constructeur de machines, l’effet levier le plus fort, le plus rapide pour décarboner son activité, c’est de faire de la circularité. Car ces machines servent 2 à 3 ans sur un chantier mais elles ont une durée de vie de 20 ans. Elles peuvent avoir plusieurs vies. En les remanufacturant, on les repropose sur le marché. En 2021, cette économie circulaire nous a permis de réduire notre empreinte carbone de 2 000 tonnes, l’an dernier de 3 000 tonnes", s’enthousiasme Alexandre Guillaume, dont le groupe réalise une trentaine de millions d’euros de chiffre d’affaires par an (dont 70 % à l’international).
Des équipements remanufacturés 20 à 40 % moins chers
Et pour les entreprises clientes de MS, au-delà de l’intérêt écologique, il y a un avantage financier. "Ces équipements remanufacturés sont aussi performants que les neufs, mais surtout ils sont entre 20 et 40 % moins chers. Cela les intéresse forcément", souligne le dirigeant qui souhaite, en tant qu’industriel, impulser un mouvement face à cet enjeu du recyclage.
