Monaco Marine investit toujours plus dans son ancrage régional
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Monaco Marine investit toujours plus dans son ancrage régional

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Avec ses huit chantiers navals entre Beaulieu-sur-Mer et Marseille, et sa marina en Principauté, Monaco Marine est l’un des leaders en Méditerranée dans la rénovation, la maintenance et la réparation de yachts de grande plaisance. Malgré la crise qui ne l’a pas épargné, le marché reste porteur et l’entreprise se prépare à investir 15 millions d’euros, en attendant de pouvoir avancer sur son projet XXL à Marseille qui pourrait atteindre les 100 millions d'euros.

En attendant que le projet de Marseille sort de terre, le chantier naval de La Ciotat est le plus important de Monaco Marine. Il s'étend sur 45 000 m2 et peut accueillir des megayachts de plus de 160 mètres de long — Photo : Guillaume Plisson

À Antibes, le port Vauban abritera bientôt la plus importante aire de carénage des Alpes-Maritimes. Monaco Marine gérera les lieux à partir du 1er janvier 2022 et ce, jusqu’en 2042. "Notre stratégie est simple", explique Tanguy Ducros, directeur commercial de l’entreprise, "elle est basée avant tout sur le choix de la localisation. Antibes est une destination très prisée dans le monde du yachting. C’est le plus grand port de plaisance de Méditerranée. Généralement, les bateaux vont au chantier de qualité le plus proche, nous sommes donc dans un berceau de bateaux intéressant pour nous."

Monaco Marine se prépare à investir 6,5 millions d’euros à Antibes, dont 700 000 euros apportés par le dispositif France Relance. L’entreprise prévoit de doubler la superficie de la zone à 16 000 mètres carrés, de moderniser les infrastructures, de remettre aux normes les réseaux d’eau et d’électricité, de refaire la dalle et les réseaux de récupération des eaux de carénage et de construire des bâtiments logistiques et administratifs. Les futurs travel-lifts (élévateurs) géreront des bateaux non plus de 200 tonnes mais jusqu’à 350 tonnes. De quoi recevoir les clients et leurs superyachts dans des conditions idéales. Déjà présent par ailleurs à Vauban depuis 2012, Monaco Marine créera avec ce projet douze emplois permanents supplémentaires et l’équivalent de 35 en sous-traitance.

Antibes et Vauban mais aussi un peu plus loin, Juan-les-Pins au port Gallice, Saint-Laurent-du-Var, Cogolin, La Seyne, La Ciotat… : répartis entre Beaulieu-sur-Mer et Marseille, des Alpes-Maritimes aux Bouches-du-Rhône, Monaco Marine compte, en plus d’une marina à Monaco, un réseau de huit chantiers navals sur près de 150 000 mètres carrés. Le soin du bateau, de dix mètres jusqu’à plus de 80 mètres de long, sa rénovation, sa maintenance et sa réparation, sont le cœur de métier de la société créée en 1995.

L’histoire raconte que celle-ci est née d’une insatisfaction de Michel Ducros alors de passage en Principauté qui ne trouvait pas d’offre de service de qualité suffisante pour s’occuper de son bateau. Si l’homme est peu connu du grand public, son nom l’est de tous les Français. Il est en effet le fils de Gilbert Ducros, créateur des herbes et épices du même nom qu’il s’est "décarcassé" en mettre en flacons. Michel Ducros a été le président du groupe de 1986 à sa cession à Eridania-Béghin-Say en 1992. Il avait aussi lancé la marque de produits d’aides à la pâtisserie Vahiné au début des années soixante-dix puis de la Tisanière et de ses infusions, la décennie suivante. Depuis 2004, Michel Ducros, âgé aujourd’hui de 72 ans, est à la tête de la maison Fauchon et donc depuis 1995, de Monaco Marine qu’il a fait naître.

L’humain d’abord

Son fils Tanguy, 32 ans, est directeur commercial de l’entreprise, appelé à en prendre un jour la suite. Deux personnalités, deux parcours mais un même amour pour la mer. "J’ai toujours voulu travailler à Monaco Marine. J’ai commencé en stage chaque été dès mes quatorze ans, je lavais les bateaux", raconte le jeune dirigeant.
Une entreprise familiale, un actionnaire unique et l’humain pour vertu cardinale, au-delà de l’expertise c’est ainsi que Monaco Marine définit son succès et qu’elle se démarque dans un univers ultra-concurrentiel. "Je ne vais pas dire que nous sommes humanistes mais presque. Je connais le prénom de chacun de nos 220 salariés. Nous avons vingt-cinq ans d’existence et l’ancienneté moyenne est de dix-sept ans. Tous les trois ans en moyenne on acquiert une nouvelle base, c’est important pour les employés de savoir qu’ils auront de nouvelles opportunités s’ils le souhaitent, de s’inscrire dans la durée. Nous les formons, les valorisons, les équipons, leur permettons de travailler dans un bon environnement, sécurisé. On essaye de bien traiter les gens qui traitent nos clients."

Des clients forcément exigeants et avec lesquels se noue une relation particulière sur la durée. Un chantier de refit s’étale en effet sur plusieurs mois, voire une année entière. "C’est un peu comme si quelqu’un arrivait avec son matelas dans votre salon et s’installait pour six mois en attendant que les travaux de son appartement soient terminés. Nous sommes leur hôte, nous devons faire en sorte qu’ils se sentent à l’aise, écoutés par du personnel attitré, en sécurité. C’est un métier sur-mesure. Si on a des opportunités de carrière ou d’évolution, c’est grâce aux clients, pas grâce à Ducros. Nous avons une croissance organique depuis vingt ans. Mon père n’a pas acheté les chantiers, c’est l’entreprise qui les a financés." Tout est donc fait pour que les équipages des yachts puissent savourer au mieux ces périodes de chantier. L’entreprise a aménagé des zones dédiées à leur séjour avec par exemple salle de fitness vue mer, lounge, salles de jeux, terrasses et barbecues sur les sites de la Ciotat, la Seyne et Marseille.

Un scénario "idyllique" de 100 M€ à Marseille

Monaco Marine n’a évidemment pas échappé à la crise, enregistrant en 2020 une baisse de 15 % de son chiffre d’affaires (environ 70 M€). La clientèle, pour moitié américaine, n’a pas pu venir en Méditerranée, restant naviguer dans les eaux de Floride ou des Caraïbes. "C’est frustrant car c’est une année pour rien mais nous n’avons pas perdu d’argent. Notre rentabilité est importante pour continuer à investir."

Et Monaco Marine n’a pas remis en question ses investissements, "avec quinze millions d’euros dans les tuyaux". Après des travaux de 4,5 millions d’euros l’an dernier sur son site de Cogolin, dans le golfe de Saint-Tropez, incluant de nouvelles machines de levage et la réfection des sols pour une étanchéité optimale - "c’est un de nos principes écologiques : rien ne va à la mer, nous sommes les seuls à le faire "-, l’entreprise est prête à investir "massivement" à Beaulieu-sur-Mer où elle s’est portée candidate au renouvellement de la concession. "Plusieurs millions d’euros d’investissement sont prévus, incluant la construction d’un récif à poissons."

Quant au projet marseillais, il se poursuit même si le calendrier des travaux a été quelque peu perturbé par des mouvements sociaux au sein du Port puis le Covid sont venus perturber le calendrier des travaux. Il s'agit d'un projet XXL et unique en son genre, signé en 2018 avec le Grand Port Maritime de Marseille pour une concession de 55 000 mètres carrés, sur une durée de cinquante ans. "Nous sommes installés dans le Port de Marseille depuis 2018, sur 8 000 mètres carrés, avec 320 mètres de quai linéaire. Nous travaillons sur un scénario idyllique de développement d'un total de 100 millions d’euros. Cela comprend pour moitié l'installation d'un ascenseur à bateaux de 6 000 tonnes. Il faut aussi refaire une partie des sols et nous voulions construire des bâtiments de cinquante mètres de haut. Mais nous allons étudier la meilleure formule à proposer à nos clients dans le cadre de cette concession." Car si Monaco Marine souhaite toujours investir, la donne a changé, rendant les projections imprécises. "Nous avons pris un PGE. Nous ne l’avons pas encore touché mais c’est clairement une dette."

Quelles sont alors, dans ces nouvelles conditions, les perspectives pour l’entreprise ? "La réponse est chaque jour différente dans ce climat d’incertitude qui durera encore deux ou trois ans. Mais nous restons en veille constante pour identifier d’éventuelles opportunités, y compris à l’étranger, en Méditerranée. Nous restons optimistes. La bonne nouvelle est que la flotte mondiale augmente de 10 % par an." Autant de futurs yachts qui tôt ou tard sont susceptibles de faire escale dans les chantiers de Monaco Marine.

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