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Marie-Dominique Meloyian (Pâtes Lanza) : "Une entreprise peut aider un migrant qui a tout quitté pour ne pas mourir"
Témoignage Var # Agroalimentaire # Social

Marie-Dominique Meloyian (Pâtes Lanza) : "Une entreprise peut aider un migrant qui a tout quitté pour ne pas mourir"

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Les gérants de la société agroalimentaire Pâtes Lanza, Marie-Dominique et Olivier Meloyian, ont recruté un migrant afghan en 2019 pour aider l’intégration d’un réfugié, qui a tout quitté pour reconstruire sa vie en France. Soutenus dans leurs démarches par l’association Face Var, ils espèrent convaincre d’autres chefs d’entreprises de faire de même.

Dominique Goffinet, dirigeante des Pâtes Lanza, son salarié Noori Ahmadi, Laure Huge, conseillère en insertion professionnelle chez Face Var et Evence Richard, Préfet du Var, venu rappeler que l’emploi est l’une des clés de l’intégration réussie des primo-arrivants — Photo : Hélène Lascols

C’est après avoir vu des migrants se noyer en Méditerranée que Marie-Dominique et Olivier Meloyian, dirigeants de la société agroalimentaire Pâtes Lanza décident que le prochain emploi qu’ils auront à pourvoir sera destiné à l’un de ces migrants, convaincus "qu’une entreprise peut aider ces personnes qui ont tout quitté pour ne pas mourir." Le 9 décembre 2019, l’entreprise implantée à Solliès-Pont, embauche donc Noori Ahmadi, un réfugié afghan, en CDD de trois mois, renouvelable une fois. Depuis le 9 juillet 2020, Noori Ahmadi est salarié en CDI de cette entreprise de six salariés, spécialisée dans la production de pâtes fraîches pour la grande distribution et la restauration collective.

"De ma prise de conscience, qui remonte à 2017, à la concrétisation de mon engagement, deux années de recherches vaines sur Internet se sont écoulées. Puis, en deux jours, la situation s’est débloquée, grâce à l’intervention de Face Var", raconte Marie-Dominique Meloyian. Cette association locale, agréée par la Fondation Agir Contre l’Exclusion, a notamment la charge de déployer le programme Bienvenu-es, qui propose un accompagnement social et/ou professionnel aux Bénéficiaires de la Protection Internationale (BPI), comme Noori Ahmadi.

Un salarié comme un autre

La première rencontre sera la bonne. "Ce sont les meilleurs recruteurs que j’ai trouvés. La conseillère en insertion professionnelle de Face Var a parfaitement compris nos attentes et nous a présenté Noori. Deux jours plus tard, il travaillait chez nous", se souvient Marie-Dominique Meloyian, qui se dit aujourd’hui "fière d’avoir pu aider un être humain à se reconstruire dans des conditions officielles et protégées."

La dirigeante retient aussi de cette expérience qui se poursuit, qu’elle a simplement embauché un nouveau salarié dans son entreprise. "Un salarié auquel il a fallu apprendre le métier, de la mise en sachet au conditionnement en passant par le nettoyage de l’atelier. Affamé de travail, il a une grande conscience professionnelle, qui rejaillit sur tous mes salariés", ajoute l’entrepreneuse, prête à renouveler l’expérience lorsqu’un nouveau poste sera ouvert dans son entreprise.

L’emploi, sésame vers l’intégration

Si cette insertion est une réussite, c’est aussi grâce à Face Var, qui assure un accompagnement social et professionnel d’environ 150 BPI chaque année. "Ce n’est pas forcément connu, mais ces BPI sont autorisés à travailler dès la remise du récépissé reconnaissant leur protection internationale. Sachant que leur intégration passe en priorité par l’accès à l’emploi, les employeurs ont un rôle majeur à jouer en intégrant des réfugiés au sein de leur entreprise", explique Floriane Tirel, responsable des projets Intégration chez Face Var. Si le frein principal à l’embauche de ces réfugiés reste la maîtrise de la langue française, Floriane Tirel considère que la connaissance du français ne doit pas être un préalable.

"Ce sont des personnes dont la motivation à travailler est immense. Certains d’entre eux exercent des savoir-faire (en mosaïque, en couture), aujourd’hui disparus en France, d’autres maîtrisent l’anglais et des langues rares ou ont des compétences transposables sur le territoire", ajoute Floriane Tirel. De nombreux bénéficiaires de la protection internationale trouvent un travail dans l’hôtellerie, la restauration, le BTP ou l’agriculture. Ils sont aussi de plus en plus nombreux à suivre une formation en alternance. Entre juillet 2020 et juin 2021, 59 % des personnes accompagnées par Face Var dans le cadre du programme Bienvenu-es ont retrouvé le chemin de l’emploi avec une première expérience professionnelle.

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