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L’expert de la géolocalisation indoor Wheere lève 11 millions d’euros
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L’expert de la géolocalisation indoor Wheere lève 11 millions d’euros

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La start-up montpelliéraine Wheere signe une levée de fonds pour déployer un système de géolocalisation par ondes radio. En discussion avec de nombreux clients, elle va se doter d’une usine en 2024 pour l’industrialiser à grande échelle.

Antoine Carrabin (directeur technique), Pierre Arnaud Coquelin (PDG) et Stéphane David Grignot (ingénieur) sont aux manettes de Wheere — Photo : Wheere

Après trois années de R & D et d’incubation discrètes au sein du CNES (Centre national d’études spatiales), la start-up montpelliéraine Wheere (3 collaborateurs) sort de l’ombre en annonçant une première levée de fonds de 11 millions d’euros, réussie auprès de Blast. Club, Sofilaro, Bpifrance et divers business angels tels qu’Adrian Monfort (cofondateur de Sorare) et l’animateur télé Arthur. L’entreprise développe une technologie innovante de géolocalisation en intérieur et en extérieur, plus puissante que les solutions de type GPS ou internet des objets. "Les offres existantes en géolocalisation indoor ont une contrainte : elles fonctionnent avec des balises, ce qui impose d’en installer tous les 50 mètres car leur signal est bloqué au moindre obstacle. De plus, ces systèmes utilisent de grandes largeurs de bande, allant parfois jusqu’à plusieurs centaines de mégahertz, pour envoyer le maximum de données. Pour notre part, nous avons pu identifier dans le spectre VHF (la bande des très hautes fréquences, NDLR) des interstices de quelques kilohertz seulement, qui nous suffisent pour émettre des signaux radios ultra-fins", explique Antoine Carrabin, directeur scientifique et cofondateur de Wheere aux côtés de Pierre-Arnaud Coquelin.

Une technologie de rupture

Le système conçu par Wheere se compose à ce jour de récepteurs de 5 cm de côté, intégrables à des trackers positionnés sur les biens à géolocaliser, ainsi que d’antennes à déployer sur un site industriel ou dans une ville pour créer l’infrastructure d’émission. La start-up promet un gain de performance spectaculaire : une vingtaine d’antennes suffisent pour couvrir une ville comme Paris, tout en assurant une précision métrique dans le repérage des objets grâce à l’algorithme développé par Wheere. "Le gain économique est sans commune mesure avec les systèmes existants, qui imposent d’installer un grand nombre de balises pour équiper une usine ou un hôpital – jusqu’à 3 à 4 balises par chambre ! –, sans compter le temps et les budgets nécessaires pour calibrer le système et en assurer la maintenance", insiste Antoine Carrabin.

Ce dernier indique que les antennes seront déployées en totalité sur Montpellier et Paris d’ici la fin janvier 2024. La couverture sera étendue à une vingtaine de grandes métropoles en deux ans : Wheere s’appuiera ici sur le réseau de TDF, à qui la start-up loue des sites d’émission, ou bien en s’associant à des collectivités ou des acteurs publics qui mettront le toit de leurs bâtiments à sa disposition.

Un projet industrialisable à grande échelle

Au terme de sa phase de R & D, Wheere a finalisé un démonstrateur qui est en fonction à Montpellier depuis plusieurs semaines. Quelques démonstrations sont réalisées pour des acteurs comme la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris, ou bien évoluant dans le secteur de la défense et de la sécurité : "Notre système intéresse les forces de sécurité, qui veulent pouvoir faire de la géolocalisation fiable en intérieur, mais aussi utiliser une solution indépendante du GPS, car il peut être facilement brouillé comme l’a démontré la guerre en Ukraine", note Antoine Carrabin. Les fonds levés par Wheere vont lui permettre de passer à 15 collaborateurs d’ici janvier, puis le double en 2024, en créant des équipes de R & D et commerciales. La pépite prévoit de réaliser un chiffre d’affaires de 900 000 euros cette année, et vise les 2 millions en 2024, puis de 5 à 7 millions en 2025.

Si les trackers déployés par Wheere sont fournis par des sous-traitants, l’entreprise fabrique déjà à Montpellier les modules qui les équipent. Elle est en train d’aménager une unité de production de 500 m² afin de passer la production de "quelques centaines à plusieurs milliers de récepteurs" en vitesse de croisière, au cours du premier semestre 2024. Mieux, ces modules vont être miniaturisés sous forme de puces ASIC, des circuits intégrés destinés à être intégrés à des smartphones en plus des trackers, à compter de 2024. Mais l’entreprise voit encore plus loin encore : dans un troisième stade de croissance, elle projette, avec le soutien du CNES, de déployer sa technologie à travers une flotte de satellites positionnés "dans l’ionosphère, la couche de l’atmosphère la plus impactante pour les ondes radio", selon Antoine Carrabin. Ce développement majeur n’est pas attendu avant 2030 ou 2032.

Montpellier # Télécoms # Levée de fonds # Start-up # Investissement industriel # Innovation
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