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Les retards de paiement entre entreprises sont repartis à la hausse au premier semestre 2023
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Les retards de paiement entre entreprises sont repartis à la hausse au premier semestre 2023

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Drôle de paradoxe pour les délais de paiement. Les entreprises françaises n’ont jamais été aussi nombreuses à régler leurs fournisseurs dans les temps, selon le cabinet Altares. Et pourtant, la durée moyenne des retards est repartie à la hausse depuis fin 2022. Signe d’un regain de tensions sur les trésoreries, davantage concentré sur un plus petit nombre d’acteurs en plus grande difficulté.

Selon Altares, les TPE et les PME, d’ordinaire plus vertueuses, ont laissé dériver leurs délais de paiement au premier semestre 2023 — Photo : Memyjo

Chassez le naturel, il revient au galop. L’inflation forte, la demande faible et les taux d’intérêt élevés pourraient bien avoir raison des bonnes résolutions des entreprises en matière de délais de paiement, s’inquiète Altares. Comme redouté avant l’été, elles semblent en effet en train de relâcher leurs efforts, d’après le dernier panorama dressé par le cabinet sur le sujet.

Le retard moyen constaté en France est ainsi reparti à la hausse depuis six mois. À la fin du deuxième trimestre, il était revenu à 12 jours. Soit 0,4 de plus sur un an, et même +0,7 par rapport à début 2020, au début de la pandémie de Covid-19. "L’étau s’est resserré sur les trésoreries et a contrarié les bonnes intentions observées en 2022, déplore Thierry Millon, le directeur des études d’Altares. Les organisations retrouvent leurs anciennes habitudes et ne semblent pas pouvoir durablement s’écarter de ce référentiel des 12 jours."

Les retards de paiement dérapent dans les TPE-PME

Ce regain de tension n’épargne quasiment personne. Chaque catégorie d’entreprise semble ainsi buter sur son propre plancher de verre. Après avoir constamment amélioré leurs comportements en 2021-2022, les PME ont ainsi complètement décroché au premier semestre : les plus grandes (de 50 à 200 salariés) voient leurs retards déraper d’1,2 jour sur un an, les plus petites de 0,7. Déjà mauvais élèves, les ETI et grands groupes n’ont pas hésité à laisser filer un peu plus le temps (+1 jour).

Mais même pour les plus petites TPE, la discipline s’érode, à la surprise d’Altares. Les délais se sont détériorés d’une demi-journée en seulement trois mois dans les structures comptant moins de trois salariés. Résultat, elles "pourraient approcher 13 jours de retard sur le troisième trimestre, un niveau très inhabituel pour une population généralement contrainte à des règlements plus prompts", relève Thierry Millon.

L’administration ne montre pas l’exemple

Mais cette dégradation de la situation ne touche pas tous les secteurs de manière uniforme. Certains semblent clairement sous pression pour régler leurs fournisseurs. C’est le cas des débits de boissons (+5,1 jours), de la sécurité (+4,5), la culture (+5,1 dans l’édition) ou les agences immobilières (+3). Preuve de la crise du logement, la palme absolue du retard de paiement revient toutefois aux promoteurs, avec 26,3 jours de délai supplémentaire en moyenne (+2,4). Pour couronner le tout, en ces temps difficiles, l’administration publique ne montre pas non plus l’exemple, souligne Altares, avec un pic à 14,1 jours (+2,3). Autrement dit, même pendant la pandémie, elle réglait ses factures plus vite !

À l’inverse, l’agriculture, l’industrie, le BTP et le commerce parviennent, peu ou prou, à contenir, voire améliorer dans certains sous-secteurs, leurs retards habituels.

Les mauvais élèves annihilent les efforts des autres

Et pourtant, derrière cette avalanche de mauvaises nouvelles, Altares signale quand même une lueur d’espoir et un signe d’encouragement : les entreprises françaises n’ont jamais été aussi vertueuses ! L’étude compte 49,3 % de bons payeurs. Un chiffre dans la moyenne européenne (49,9 %) et en forte progression (+10,2 points sur un an). Avant la crise du coronavirus, cette proportion tournait plutôt autour des 40 %.

Problème : à l’autre bout du spectre, les mauvais élèves sont aussi devenus plus nombreux. Les retards de plus de 30 jours sont monnaie courante dans 7,6 % des sociétés (quasiment 2 points de plus qu’au printemps 2022). Un tel niveau n’avait plus été atteint depuis la funeste année 2020.

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